BORDERLANDS (2024)

Dans un monde futuriste fantaisiste, une chasseuse de prime se met en quête d’une jeune fille kidnappée sur une planète lointaine…

BORDERLANDS

 

2024 – USA

 

Réalisé par Eli Roth

 

Avec Cate Blanchett, Kevin Hart, Edgar Ramirez, Jamie Lee Curtis, Ariana Greenblatt, Florian Munteanu, Janina Gavankar, Jack Black, Benjamin Byron Davis

 

THEMA EXTRA-TERRESTRES I SPACE OPERA I FUTUR

Situé dans une sorte de Far West rétro-futuriste et post-apocalyptique, le jeu vidéo « Borderland », sous haute influence de l’univers de Mad Max, est développé par Gearbox Software et lancé sur le marché en octobre 2009. D’autres opus suivront avant qu’Hollywood ne se penche sur la possibilité d’une adaptation sur grand écran. En 2015, le réalisateur Leigh Whannell (qui vient de faire ses débuts derrière la caméra avec Insidious 3) envisage d’en tirer un film qui serait produit par Avi et Ari Arad pour Lionsgate Films. Mais comme souvent à Hollywood, le projet traîne et ses instigateurs finissent par lâcher l’affaire. Les choses ne redémarrent qu’en 2020 avec une toute nouvelle équipe. Cette fois-ci, c’est Eli Roth (Hostel, The Green Inferno) qui tient la barre, sur un scénario qu’il co-écrit avec Joe Crombie. Armé d’un budget confortable de 120 millions de dollars, Roth part tourner à Budapest entre avril et juin 2021, alors que la pandémie du Covid-19 bat son plein. En découvrant le premier montage, le studio s’affole face à son extrême violence et aux multiples mutilations et autres explosions de têtes que Roth déploie généreusement à l’écran. Lionsgate envisageait d’exploiter Borderlands auprès d’un large public et ne sait plus trop quoi faire de ce défouloir gore très éloigné de ses attentes. Le film reste donc sur une étagère pendant deux ans, Eli Roth part diriger Thanksgiving et le réalisateur Tim Miller (Deadpool) est appelé à la rescousse pour tourner tout un tas de nouvelles séquences en 2023.

Borderlands est donc le fruit contre-nature de nombreux compromis s’efforçant de concilier des orientations artistiques contradictoires. D’où un scénario chaotique qui semble ne pas trop savoir sur quel pied danser. Cate Blanchett, qui retrouve Eli Roth après La Prophétie de l’horloge, y joue Lilith, une chasseuse de prime aigrie et dure à cuire. Contactée par Atlas (Edgar Ramirez), un magnat tout-puissant, elle accepte la mission d’aller récupérer sa fille Tina (Ariana Greenblatt) sur la planète Pandora, un désert/dépotoir hanté par des monstres bizarres, des mutants dégénérés et toutes sortes d’habitants interlopes. Sur place, Lilith est aidée par un robot facétieux, Claptrap, qui parle avec la voix de Joe Black (lui aussi transfuge de La Prophétie de l’horloge) et semble avoir été mystérieusement programmé pour l’assister. Bien sûr, la mission ne va pas du tout se passer comme prévu et va révéler son lot de surprises et de retournements de situation.

Un fourre-tout foutraque

Honnêtement, Borderlands n’est pas la catastrophe artistique ultime, comme on a pu le lire un peu partout. Le film est généreux, débridé, impétueux, et propose quelques designs originaux et une poignée d’idées visuelles intéressantes. Pour autant, on ne peut pas dire que cette intrigue fourre-tout soit follement passionnante. L’un des problèmes majeurs de ce space opera foutraque est le choix de ses personnages, tous plus irritants les uns que les autres. Comment s’intéresser au sort de cette gamine pénible, de ce robot énervant, de ce gros nounours psychopathe et de ce soldat insipide ? Cate Blanchett elle-même, protagoniste central auquel nous sommes censés nous identifier, joue les mercenaires patibulaires avec à peu près autant de crédibilité que Pamela Anderson dans Barb Wire. Elle excellait pourtant dans des rôles du même acabit pour Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal ou Thor Ragnarok. Mais ici, elle semble jouer en mode pilote automatique sans croire une seule seconde à ce qu’elle fait. Borderlands se cherche donc maladroitement, regroupant des anti-héros en quête manifeste de l’alchimie des Gardiens de la galaxie ou de The Suicide Squad, ne reculant devant aucun gag éculé (le casque à la Dark Vador qui empêche de respirer correctement comme dans La Folle histoire de l’espace) ou scatologique (les jets d’urine, le robot qui défèque du plomb) et ne convainc finalement personne. Son échec spectaculaire au box-office tend à prouver qu’il s’agissait de toute évidence d’une fausse bonne idée.

 

© Gilles Penso


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