THE RESONATOR – MISKATONIC U (2021)

Dans ce remake à petit budget de From Beyond, un étudiant invente une machine capable d’ouvrir la porte à des créatures venues d’autres dimensions…

THE RESONATOR – MISKATONIC U

 

2021 – USA

 

Réalisé par William Butler

 

Avec Dane Oliver, Alex Keener, Amanda Wyss, Michael Paré, Amanda Jones, Christina Hélène Braa, Austin Woods, Jeffrey Byron, Josh Cole

 

THEMA MONDES PARALLÈLES ET MONDES VIRTUELS I SAGA RE-ANIMATOR CHARLES BAND

Dans les années 2020, le marché des films de genre « direct-to-video » n’est plus ce qu’il était. Les plateformes de streaming et la VOD ont largement pris le dessus, et Charles Band doit s’adapter. Pionnier de la production en masse de séries B modestes pour le cinéma, puis la VHS, puis le DVD, le créateur des compagnies Empire et Full Moon mise beaucoup sur les franchises qu’il a lancées dans les années 80-90 en les adaptant aux nouveaux usages. D’où l’idée de capitaliser sur deux de ses plus gros succès en salles, Re-Animator et From Beyond, librement inspirés des écrits de Lovecraft. Le concept, développé par William Butler, consiste à produire des remakes modernisés des deux films de Stuart Gordon, le tout dans le format d’une web serie à tout petit budget diffusée sur le site de Full Moon. La mayonnaise prend plutôt bien auprès des fans qui réservent un accueil relativement chaleureux aux six épisodes. « C’était un travail de passionnés, parce qu’il nous fallait rester dans les limites de notre budget tout en retrouvant l’esprit et l’ambiance des films que nous avions créés avec Stuart Gordon il y a bien longtemps », raconte Charles Band (1). Pour offrir une seconde vie à cette mini-série et éviter que sa petite popularité soit trop éphémère, Band propose de remonter les six épisodes sous forme de trois longs-métrages. Le premier d’entre eux, The Resonator – Miskatonic U, prend donc les allures d’une version rajeunie de From Beyond.

« Pour Stuart Gordon. Artiste. Rêveur. Raconteur d’histoires. Les légendes ne meurent jamais. » C’est ce texte qui ouvre les hostilités. Décédé le 24 mars 2020, le cinéaste était un ami de longue date de la famille Band, et cette dédicace s’imposait. Nous sommes dans la prestigieuse université de Miskatonic, qui forme les futurs médecins du pays. L’un des étudiants les plus brillants du campus, Crawford Tillinghast (Dane Oliver), a décidé de reprendre les recherches de son père liées aux univers parallèles et aux dimensions alternatives. Pour y parvenir, il achève une machine révolutionnaire, le « resonator », en empruntant illégalement plusieurs matériaux à l’université. Mais d’étranges créatures commencent à apparaître, l’une d’entre elles décapitant un étudiant qui assistait Tillinghast. Le jeune savant n’entend pas abandonner pour autant ses expériences. Après avoir dissimulé le corps, il réactive le « resonator » en présence de sa petite amie Mara (Christina Hélène Braa) et de plusieurs de ses amis proches. Le déclenchement de l’engin provoque une vague de sensations inédites, partagées entre la peur et le plaisir intense. Mais les choses ne vont pas tarder à dégénérer…

Expériences interdites

Pour pleinement apprécier The Resonator, il est préférable d’éviter toute comparaison avec From Beyond, ne serait-ce parce que l’interprétation de Jeffrey Combs et Barbara Crampton, la mise en scène de Stuart Gordon et les effets spéciaux de John Buechler étaient un ravissement de tous les instants pour les amateurs d’horreur exubérante à l’ancienne. William Butler ne cherche pas à rivaliser avec son modèle, d’autant qu’il est lui-même familier avec les productions Empire et Full Moon depuis longtemps. À l’œuvre sur les effets spéciaux de From Beyond, Ghoulies IICreepozoids, Cellar Dweller, Transformations, puis réalisateur de quelques micro-productions comme Madhouse, La Prison hantée ou Dead Voices, il soigne du mieux qu’il peut son Resonator (notamment sa photographie joliment ciselée signée Justin Jones). Certes, les effets numériques sont souvent maladroits, mais le film se rattrape avec quelques bestioles caoutchouteuses et baveuses qui surgissent furtivement en fin de métrage pour égayer les spectateurs. La relative platitude des acteurs (y compris les vétérans Michael Paré et Amanda Wyss) et la linéarité de l’intrigue jouent bien sûr en défaveur du film, qui n’entrera pas dans les mémoires. Mais l’initiative reste intéressante et permet de redonner un petit coup de jeune au récit en évoquant même – toutes proportions gardées – L’Expérience interdite avec ses étudiants en médecine bravant les interdits dans l’espoir de révolutionner la science et de répondre à des questions métaphysiques.

 

(1) Extrait d’un entretien paru dans « Killer Horror Critic » en mars 2021

 

© Gilles Penso


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