SECRET PULSION (1974)

Dans son rôle le plus improbable, William Shatner incarne un gigolo doublé d’un tueur psychopathe au comportement totalement délirant…

IMPULSE

 

1974 – USA

 

Réalisé par William Grefé

 

Avec William Shatner, Ruth Roman, Jennifer Bishop, Kim Nicholas, James Dobson, Harold Sakata, Marci Knight, Vivian Lester, William Kervin, Marcy Lafferty

 

THEMA TUEURS

Tourné en quinze jours par le futur réalisateur des Mâchoires infernales, Secret Pulsion est un nanar invraisemblable qui aurait sans doute sombré dans l’oubli si William Shatner n’en tenait pas la vedette. Le prologue en noir et blanc nous donne immédiatement le ton. Une femme fait l’amour avec un gros lourdaud couvert de tatouages qui possède un sabre (ne cherchez pas à savoir pourquoi), sans se douter que son fils Matt vient de se réveiller. En surprenant le couple qui fornique, le charmant bambin empoigne le sabre et les tue. Lorsque nous retrouvons Matt à l’âge adulte, il a les traits de William Shatner, habillé comme s’il faisait un show à Las Vegas. Notre homme se fait visiblement entretenir par des petites amies riches et n’hésite pas à collectionner les conquêtes, ce qui occasionne quelques disputes. Lorsque l’une de ses compagnes s’offusque, le flash-back du meurtre au sabre s’immisce dans son cerveau et il l’étrangle aussitôt. Après s’être tranquillement allumé un cigarillo, Matt réalise son geste, sort de sa voiture et pleure de manière caricaturale. Comme il a visiblement vu Psychose, il décide de se débarrasser du corps et de la voiture en les immergeant dans un lac. La vue du cadavre de la victime blonde sous l’eau semble directement inspirée de La Nuit du chasseur. Voilà pour l’entrée en matière de Secret Pulsion. Prometteur, n’est-ce pas ?

La prochaine victime de « Matt le gigolo » est Ann (Jennifer Bishop), une mère qui vient de perdre son époux et dont la fille Tina (Kim Nicholas) se recueille sur la tombe de son paternel au lieu d’aller à l’école. Ann travaille dans un magasin de vêtements, et lorsque Matt la croise il la séduit aussitôt. Comment résister au regard langoureux du capitaine Kirk et à son look disco ? Alors que Tina regarde cet homme avec beaucoup de suspicion, un ancien « collègue » de Matt, avec qui il faisait de arnaques et des mauvais coups, refait surface. Et c’est l’acteur/catcheur Harold Sakata (le fameux Oddjob de Goldfinger) qui l’incarne. Survient alors la scène la plus abracadabrante du film : Matt tente de pendre par surprise son associé, qui parvient à couper la corde avec un couteau, puis le poursuit avec sa voiture dans un lave-auto, le tout sur une musique funky façon blaxploitation, tandis que Tina assiste à tout assise sur la banquette arrière…

Fous rires (involontaires) garantis

Malgré quelques idées visuelles rarissimes (l’immersion de la voiture en caméra subjective), Grefé se contente d’une facture de téléfilm anonyme : une caméra figée, des champs et contrechamps répétitifs pendant les scènes de dialogues, quelques zooms avant, une photographie sans éclat… Ce qui impressionne le plus, dans Secret Pulsion, c’est à quel point chaque acteur surjoue, comme si le réalisateur les poussait à exagérer la moindre intonation et la moindre expression du visage. En ce domaine, William Shatner est celui qui va le plus loin. À trop vouloir casser l’image proprette à laquelle Star Trek l’a longtemps associé, il fait tout et n’importe quoi sans la moindre retenue. Les dialogues sont globalement catastrophiques (les voix intérieures avec écho valent leur pesant d’or, comme Ann qui se dit à elle-même « il faut que je refasse ma vie ») et pour ceux qui ont le courage de voir le film jusqu’au bout, la version française est une petite merveille. Fous rires garantis ! Les historiens de l’art pusieront quant à eux dans Secret Pulsion la collection des coupes de cheveux, des chemises et des papiers peints les plus hideux de tous les temps.

 

© Gilles Penso


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