SANS UN BRUIT 2 (2020)

Après avoir longtemps hésité, John Krasinski donne une suite à son film post-apocalyptique peuplé de monstres voraces et quasi-indestructibles…

A QUIET PLACE PART II

 

2020 – USA

 

Réalisé par John Krasinski

 

Avec Emily Blunt, Cillian Murphy, Millicent Simmonds, Noah Jupe, Djimon Hounsou, John Krasinski, Scoot McNairy, Alice Sophie Malyukova, Dean Woodward

 

THEMA EXTRA-TERRESTRES I SAGA SANS UN BRUIT

Dès sa sortie sur les écrans américains en avril 2018, Sans un bruit s’annonce comme le gros succès surprise du printemps. Il n’en faut pas plus pour que la Paramount réfléchisse aussitôt à un second épisode. Les scénaristes du premier film, Scott Beck et Bryan Woods, préfèrent passer leur tour pour pouvoir se consacrer à d’autres projets. John Krasinski lui-même conseille au studio de se mettre en quête d’un autre réalisateur pour cette suite. « Le film vient à peine de sortir et j’entends déjà des gens dire qu’ils voudraient se replonger dans cet univers », affirme-t-il à l’époque. « Je suis surpris qu’ils ne disent pas plutôt : “c’est bon, nous avons vu ce film, laissons-le tel quel“. Pour être tout à fait honnête, je n’ai jamais pensé qu’on pourrait en tirer d’autres films pendant le tournage. Je l’ai toujours vu comme un œuvre unique » (1). Après avoir rejeté plusieurs scénarios proposés par divers auteurs axant Sans un bruit 2 dans l’optique d’une grande franchise (façon « Cinematic Universe »), Paramount propose tout de même à Krasinski de réfléchir à une histoire possible pour cet hypothétique deuxième opus. L’homme se prête au jeu en imaginant un récit qui rendrait hommage à ses propres enfants. En lisant le premier jet (rédigé en trois semaines et demie), son épouse Emily Blunt accepte aussitôt de reprendre son rôle. Le studio donne aussi son feu vert. Sans un bruit 2 est lancé.

Le prologue du film prend la forme d’une prequel qui raconte en dix minutes le début de l’invasion des monstres tel qu’il fut vécu par la famille Abbott. Virtuose, la mise en scène nous plonge d’emblée au cœur du chaos en suscitant un sentiment d’immersion, d’urgence et de panique. Après une telle entrée en matière, il semble difficile de conserver la même intensité. Effectivement, le soufflé nous donne ensuite le sentiment de retomber. 474 jours plus tard, le récit se raccorde sur la fin des événements décrits dans le premier film. Les créatures ayant détruit une grande partie de la population, Evelyn Abbott, ses deux enfants Regan et Marcus et son bébé errent dans un paysage dévasté, armés d’un fusil et d’une radio dont les fréquences, couplées avec l’appareil auditif de Regan, permettent d’éloigner momentanément les prédateurs. La mine défaite, au bout du rouleau, nus pieds au milieu des ruines du monde, nos rescapés trouvent refuge dans une fonderie d’acier abandonnée. Mais ils n’y sont pas seuls…

Silence radio

Après l’entame, le scénario s’installe dans une certaine routine qui ne parvient pas à réitérer le miracle du premier film. Certains moments de tension restent certes très efficaces, prouvant une fois de plus la versatilité du talent de Krasinski, autant à l’aise avec la comédie qu’avec l’horreur, le suspense et l’action, mais l’effet de surprise s’est fatalement émoussé. Les situations nous sont désormais familières, même si l’intrigue est relancée par le nouveau personnage qu’incarne Cillian Murphy. Un excellent triple montage parallèle à mi-parcours du métrage redynamise les choses, jouant très efficacement sur les nerfs des spectateurs avant de les transporter vers un troisième acte un peu moins convenu. S’il a coûté trois plus cher que son prédécesseur, Sans un bruit 2 nous donne malgré tout l’étrange sentiment d’être plus anecdotique – plus étriqué – que le premier film. Sans doute aurait-il été intéressant d’élargir le scope pour mieux explorer les conséquences de cette situation désormais post-apocalyptique sur les derniers survivants (ce que laissait par ailleurs espérer le prélude). Cette séquelle reste de très haute tenue, mais les réserves initiales du metteur en scène étaient sans doute justifiées : tout semblait déjà avoir été dit en un seul long-métrage. Le troisième opus de la saga, Sans un bruit : jour 1, se fera d’ailleurs sans lui, Michael Sarnoski héritant du scénario et de la mise en scène.

 

(1) Extrait d’une interview parue dans « Deadline » en mai 2018.

 

© Gilles Penso


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