PIRANHA WOMEN (2022)

Un médecin injecte de l’ADN de piranhas à des jeunes femmes et les transforme en redoutables prédatrices…

PIRANHA WOMEN

 

2022 – USA

 

Réalisé par Fred Olen Ray

 

Avec Jon Briddell, Houston Rhines, Carrie Overgaard, Shary Nassimi, Bobby Rice, Sof Puchley, Richard Gabai, Michael Gaglio, Jonathan Nation, Keep Chambers

 

THEMA MÉDECINE EN FOLIE I MONSTRES MARINS I SAGA CHARLES BAND

Vieux routier de la série B depuis le milieu des années 70, Fred Olen Ray a touché à tous les genres, avec une nette préférence pour l’horreur, l’érotisme et la science-fiction (et si possible les trois en même temps). À partir des années 2010, notre homme est obligé de se diversifier pour continuer à faire bouillir la mammite, quitte à signer plusieurs téléfilms de Noël très éloignés de son univers de prédilection. « Si je me suis démené pour faire ce que j’aimais au début de ma carrière, je me sens aujourd’hui un peu vieux pour continuer à me battre vainement contre un système qui ne veut de toute façon plus de nous », avoue-t-il. « Comme je l’ai toujours dit, si j’ai une préférence pour les films d’horreur, j’aime le cinéma en général. Mais vous devriez encore entendre parler de moi, et pas seulement pour des téléfilms formatés. Pour preuve, je viens même de réaliser Piranha Women pour Charles Band, un projet qu’il m’a proposé clé en main » (1). Ce retour aux sources a forcément quelque chose de très rafraîchissant, même si le film ne lui était pas initialement destiné. En 2021, Full Moon commence en effet à faire la promotion de Piranha Women avec un poster délirant (trois bimbos en bikini qui font du ski nautique sont tirées par des piranhas géants !) en confiant le scénario et la mise en scène du film à Lindsey Schmitz (Femalien : Cosmic Crush). Les ambitions du projet sont finalement revues à la baisse et c’est là qu’entre en scène ce bon vieux Fred Olen Ray.

Du concept initial, il ne reste qu’un générique de début excessif dans lequel une surfeuse est accompagnée par des piranhas géants qui surgissent de l’eau à ses côtés (en images de synthèse très approximatives) au rythme d’un morceau de « surf music » enjoué. Cette imagerie fun et exubérante est très éloignée du reste du film, et ce n’est pas plus mal. Tourné d’abord en deux parties de 30 minutes chacune avant d’être rassemblé sous forme d’un long-métrage d’à peine plus d’une heure, Piranha Women s’intéresse à Richard (Bobby Rice), très préoccupé par l’état de santé de sa petite-amie Lexi (Sof Puchley) qui décline de jour en jour. En désespoir de cause, celle-ci consulte le docteur Sinclair (Shary Nassimi) qui prétend avoir mis au point un traitement miraculeux à base d’ADN de piranha. Dès la première injection, la jeune femme se sent beaucoup mieux, puis décide de quitter Richard sans raison apparente. Ce dernier mène l’enquête et découvre l’impensable : toutes les patientes de Sinclair se sont transformées en monstres assoiffés de sexe et de chair humaine…

Fish and Tits

Digne de la plus déjantée des séries Z, le scénario de Piranha Women laisse imaginer une approche potache et graveleuse tutoyant l’humour en dessous de la ceinture des joyeux drilles de Troma. Pourtant, bizarrement, le film s’appréhende la plupart du temps au premier degré. Les acteurs s’efforcent de rester convaincants, la mise en scène est carrée, la photographie est soignée, bref Olen Ray emballe la chose avec professionnalisme. On serait presque tenté d’espérer un peu plus de fantaisie. Fort heureusement, lorsque les femmes piranhas se déchaînent, le réalisateur retrouve le grain de folie que nous lui connaissons. Les prédatrices se mettent alors à nu, se lovent langoureusement contre leurs victimes masculines, ouvrent soudain une bouche pleine de crocs acérés mais arborent aussi – cerise sur le gâteau – des dents pointues voraces au bout de leurs seins ! Les parties de jambes en l’air se muent alors en massacres excessifs laissant la police et notre pauvre Richard parfaitement démunis. On peut regretter que les situations finissent par être répétitives et que la courte durée du film ne permette pas le développement d’une intrigue un peu plus palpitante. Mais le contrat est allègrement rempli. La promesse d’un spectacle absurde et décomplexé annoncée par l’équation Fred Olen Ray + Charles Band + des femmes piranhas est allègrement tenue ! Que demander de plus ?

 

(1) Propos extraits du livre « Fred Olen Ray : il était une fois à Hollywood » de Damien Granger (2023).

 

 

© Gilles Penso


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