IMMACULÉE (2024)

Une jeune religieuse américaine s’installe dans un couvent italien pour y prononcer ses vœux, mais de terribles secrets hantent les lieux…

IMMACULATE

 

2024 – USA

 

Réalisé par Michael Mohan

 

Avec Sydney Sweeney, Álvaro Morte, Benedetta Porcaroli, Dora Romano, Giorgio Colangeli, Simona Tabasco

 

THEMA DIEU, LA BIBLE, LES ANGES

D’un bout à l’autre, Immaculée aura été porté à bout de bras par Sydney Sweeney. En 2014, alors qu’elle n’a que 17 ans, la jeune actrice auditionne pour ce film écrit par Andrew Lobel mais le projet ne parvient pas à se concrétiser, faute de financements et de l’engagement d’une compagnie de production. Près d’une décennie plus tard, Sweeney ne lâche pas l’affaire et décide de redonner une chance à ce scénario pour lequel elle a eu un véritable coup de cœur. Grâce à la notoriété que lui a apportée la série lycéenne Euphoria et à son nouveau statut de productrice, elle achète les droits du script, le fait réviser, trouve le budget nécessaire et cède l’exploitation du long-métrage à la société de distribution Neon. Pour la mise en scène, la comédienne sollicite Michael Mohan, qui l’avait déjà dirigée dans le film The Voyeurs et dans la série Everything Sucks. Le réalisateur est emballé par le projet, qui va lui permettre de régler ses propres comptes avec une éducation catholique rigide. « En grandissant dans un environnement catholique très fervent, j’ai pu constater que tous les catholiques éprouvent de la culpabilité et des traumatismes », déclare-t-il. « J’étais même le chef de notre groupe de jeunes. Ça va vous paraître fou, mais au cours d’un un week-end nous avons tous apporté des cassettes et des disques qui, selon nous, contenaient des messages sataniques, et nous les avons brûlés dans un grand bûcher ! » (1) À n’en pas douter, Michael Mohan est bien l’homme de la situation.

En découvrant Immaculée, il est difficile de ne pas immédiatement penser à La Malédiction : l’origine. Les deux films présentent en effet un incalculable nombre de points communs qui finissent par provoquer un certain trouble. Le point de départ est le même (une jeune novice américaine débarque dans un couvent italien austère, est accueillie avec une certaine froideur, y découvre une copine de chambrée aux mœurs un peu plus légères que la normale, se rend bientôt compte qu’un terrible secret hante les lieux), de nombreuses séquences sont similaires et le concept fou qui sous-tend les deux intrigues est rigoureusement identique. C’est bien simple : Immaculée et La Malédiction : l’origine ressemblent à deux facettes d’un même scénario, l’un explorant l’angle satanique et l’autre le point de vue divin. Le fait que les deux films soient sortis sur les écrans américains à quinze jours d’écart accroit évidemment la tentation de les comparer. Pourtant, il n’y a sans doute pas de plagiat, juste une de ces coïncidences qui, jadis, accouchèrent des diptyques Le Pic de Dante & Volcano ou Deep Impact & Armageddon.

Le fruit de vos entrailles

La pleine implication de Sydney Sweeney est l’un des atouts majeurs d’Immaculée, l’actrice laissant évoluer son personnage d’un extrême à l’autre : l’ingénue candide, chaste et pieuse se mue ainsi progressivement en survivante prête à tout pour sauver sa peau et à échapper à la monstruosité qui menace de s’emparer d’elle. Le carcan rigide de la religion, qu’elle était prête à épouser corps et âme malgré plusieurs alertes et mises en garde en début de métrage, prend en effet la forme la plus abominable – ce que nous laisse explicitement comprendre une séquence d’introduction sans concession. S’il cède volontiers à l’influence incontournable de Rosemary’s Baby, Michael Mohan tient aussi à rendre hommage à tout un pan du cinéma italien gothique dont il détourne l’imagerie (l’héroïne en chemise de nuit qui arpente les couloirs nocturnes du couvent, éclairée par un chandelier), mais aussi à plusieurs films anticléricaux des années 70 comme Les Diables de Ken Russell ou La Marque du diable de Michael Armstrong (dont il reprend une séquence à l’identique). Très efficace dans son établissement d’une atmosphère anxiogène, le film s’achève sur un climax éprouvant et résolument nihiliste.

 

(1) Extrait d’une interview parue dans « Indiewire » en mars 2024.

 

© Gilles Penso


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