Depuis qu’elle a tiré sur le redoutable Caïd, Maya Lopez alias « Echo » est la cible de tueurs qui suivent sa trace jusque dans sa bourgade natale…
ECHO
2024 – USA
Créée par Marion Dayre et Amy Rardin
Avec Alaqua Cox, Chaske Spencer, Tantoo Cardinal, Charlie Cox, Devery Jacobs, Zahn McClarnon, Cody Lightning, Graham Greene, Vincent D’Onofrio
THEMA SUPER-HÉROS I SAGA MARVEL CINEMATIC UNIVERSE
Echo n’est pas une mini-série comme les autres. Marvel entend bien le faire savoir en multipliant les « premières ». C’est effet la première fois que le studio donne la vedette à une protagoniste qui soit à la fois représentante d’une minorité amérindienne, malentendante et amputée d’une jambe. Pour couronner le tout, l’actrice choisie pour l’interpréter, Alaqua Cox, est elle-même originaire de la réserve indienne du comté de Menominee à Keshena, sourde de naissance et équipée d’une prothèse de jambe. Il ne fut sans doute pas simple de trouver la perle rare, aussi proche dans la réalité du personnage qu’elle incarne. Le public avait déjà pu découvrir Cox dans la série Hawkeye, dont Echo est une suite directe. Autre élément novateur dans le Marvel Cinematic Universe télévisé : un texte d’introduction nous annonce que le programme sera violent et réservé à un public averti. Secret Invasion n’y allait déjà pas avec le dos de la cuiller de ce côté-là, mais visiblement la productrice et réalisatrice Sydney Friedland, qui chapeaute le show, souhaite pousser le bouchon un peu plus loin. « Nous voulions absolument montrer que notre série met en scène des gens réels qui peuvent saigner et mourir, et dont la perte entraîne de vraies conséquences » affirme-t-elle en guise de cahier des charges (1). La brutalité qu’elle compte porter à l’écran s’inspire entre autres des séries Netflix consacrées à Daredevil et au Punisher. Il y a pires références.
Le premier épisode d’Echo nous résume les origines du personnage principal : son enfance bouleversée par la mort accidentelle de sa mère, son adolescence auprès d’un parrain mafieux qui n’est autre que Wilson Fisk, ses premiers combats, avec en prime une apparition en guest-star de Daredevil. L’action se raccorde ensuite directement quelques mois après les événements racontés dans Hawkeye. Depuis qu’elle a abattu le Caïd en découvrant qu’il était à l’origine de la mort de son père, Maya est devenue une fugitive dont la tête est mise à prix et qui ne doit sa survie qu’à ses capacités de combattante hors-pair. Cernée de toutes parts, elle décide de quitter momentanément New York pour s’installer à Tahama, sa ville natale d’Oklahoma. Là, il va lui falloir renouer avec sa famille, ses amis, sa communauté et ses racines. Mais les tueurs de Fisk sont toujours sur ses traces et ne tarderont pas à la retrouver…
Les vies antérieures
Soyons honnêtes, il est très difficile d’éprouver de la sympathie pour un personnage dont la seule expression se limite à une moue renfrognée. Le regard noir, les sourcils froncés, le visage crispé, Maya finit par nous laisser parfaitement indifférents, tout comme ses motivations floues (se ranger ? se venger ? remplacer le Caïd ?). Ce n’est pas le moindre handicap de cette série qui multiplie certes les morceaux de bravoure mais se prive de l’essentiel : le phénomène d’identification. C’est dommage, parce que la mise en scène s’efforce souvent d’offrir aux téléspectateurs la possibilité d’avoir un aperçu des sensations de son héroïne, via un jeu sur la bande son qui évoque la surdité de manière très immersive. L’autre élément intéressant – et inattendu – de la série est l’insertion dans son intrigue somme toute très terre-à-terre d’éléments ouvertement surnaturels liés aux pouvoirs de guérisseuse de la mère de Maya, aux perceptions extra-sensorielles dont celle-ci est parfois dotée, et aux origines de cette tribu indienne qui, huit siècles plus tôt, jetait les bases d’un monde mystique. Le titre de la série finit par prendre une dimension nouvelle lorsque nous découvrons que chaque membre de cette communauté cohabite avec ses ancêtres, créant des échos répétés qui nous renvoient au principe de la réincarnation et des vies antérieures. Toutes ces belles idées – et la présence de Vincent D’Onofrio qui reste l’interprète idéal du Caïd – ne suffisent pas à pleinement maintenir notre intérêt, à cause de scénarios extrêmement basiques qui s’étirent en longueur malgré la très courte durée – cinq épisodes à peine – de la série.
(1) Extrait d’une interview publiée dans « Variety » en novembre 2023
© Gilles Penso
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