ACOLYTE (THE) (2024)

Cent ans avant l’avènement de l’Empire, une série de meurtres ensanglante l’ordre Jedi. Un maître respecté est chargé de mener l’enquête…

STAR WARS : THE ACOLYTE

 

2024 – USA

 

Créée par Leslye Headland

 

Avec Amandla Stenberg, Lee Jung-jae, Charlie Barnett, Dafne Keen, Rebecca Henderson, Jodie Turner-Smith, Carrie-Anne Moss, Manny Jacinto

 

THEMA SPACE OPERA I SAGA STAR WARS

À force de trop tirer sur la corde, on risque toujours de la faire céder. Au cinéma, la sortie de chaque nouvel opus de la saga Star Wars était vécue par tout le monde comme un événement planétaire, jusqu’à ce que Disney décide de passer à la vitesse supérieure en saturant les écrans de films au risque d’émousser l’intérêt du spectateur. D’où l’échec de Solo, dont le défaut majeur fut de sortir en salles cinq mois à peine après Les Derniers Jedi. Pour alimenter la plateforme Disney +, la compagnie de Mickey pèche à nouveau par surcharge en déployant tous azimuts une quantité impressionnante de déclinaisons télévisées de l’univers créé par George Lucas, alternant les shows qualitatifs (The Mandalorian, Andor, Ahsoka) et ceux beaucoup plus anecdotiques (Le Livre de Boba Fett, Obi-Wan Kenobi). En l’espace de cinq ans, six séries « live » se seront ainsi succédées autour de la mythologie de Star Wars, avec comme risque évident une certaine lassitude du côté du public. C’est donc sans grand enthousiasme – pour ne pas dire avec une indifférence polie – que nous vîmes débarquer The Acolyte. Imaginée par Leslye Headland, créatrice notamment de la série Poupée Russe avec Natasha Lyonne, cette nouvelle itération se situe un siècle avant l’avènement de l’Empire, donc très en amont des événements narrés dans La Menace fantôme.

Poussant très loin le concept de la « prequel » popularisé par George Lucas, The Acolyte s’intéresse à Osha (Amandla Stenberg), ancienne Padawan de maître Sol (Lee Jung-jae) qui a quitté l’Ordre Jedi en raison d’un « trouble intérieur » concernant son lien avec la Force. Elle mène dès lors une vie simple loin des préoccupations des Jedi. Mais soudain, du jour au lendemain, elle est arrêtée et s’apprête à être traduite en justice. Une jeune femme qui correspond trait pour trait à son signalement vient en effet d’assassiner une chevalière Jedi pourtant très puissante devant plusieurs témoins. Or Osha nie en bloc. Ment-elle ? Est-elle frappée d’amnésie ? Quelqu’un la manipule-t-il ? L’explication est encore plus triviale. C’est généralement la solution de dernier recours des séries TV ou des bandes dessinées lorsqu’elles sont en panne d’inspiration : le jumeau maléfique ! Et oui, Osha a une sœur qu’elle croyait morte, Mae, et qui semble avoir vendu son âme au diable, ou plutôt au côté obscur de la Force. Les deux guerrières, yin et yang du monde des détenteurs de la Force, s’apprêtent donc à s’affronter tandis que dans l’ombre ricane un super-vilain à la voix métallique, sorte d’ancêtre casqué de Dark Vador…

Les acolytes anonymes

The Acolyte montre clairement les limites de la méthode Disney appliquée à l’univers Star Wars. La mise en scène anonyme, les épisodes qui tirent à ligne sans développer d’intrigue digne de ce nom et les personnages sans saveur auraient même tendance à nous faire revoir à la hausse les shows consacrés à Obi-Wan et Boba Fett, ce qui n’est pas peu dire. Même la direction artistique – qui est habituellement le point fort de la saga, quelles que soient ses déclinaisons – surprend ici par son manque d’audace et d’idées nouvelles. Pas de décor marquant, de vaisseau mémorable, de créature surprenante, bref c’est le minimum syndical. La série ose certes quelques écarts violents inattendus, n’hésitant pas à tuer plusieurs personnages clés dont on imaginait une longévité plus importante, sans pour autant renforcer les enjeux dramatiques ni l’implication des téléspectateurs, qui attendent désespérément que les choses décollent enfin. Or elles ne décolleront jamais. Les maigres cliffhangers en fin d’épisode cherchent maladroitement à attiser la curiosité du public qui, pour sa grande majorité, aura lâché l’affaire depuis bien longtemps. Bref, cette variante anecdotique sans charme ni personnalité s’oublie aussitôt après son visionnage et n’apporte rien de bien consistant à la galaxie Star Wars.

 

© Gilles Penso


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