STING (2024)

Non, rien à voir avec le chanteur de Police… Ce « sting » là est le dard d’une araignée géante d’origine extra-terrestre !

STING

 

2024 – USA

 

Réalisé par Kiah Roache-Turner

 

Avec Jermaine Fowler, Ryan Corr, Alyla Browne, Noni Hazlehurst, Robyn Nevin, Penelope Mitchell, Danny Kim, Silvia Colloca, Tony J Black, Rowland Holmes

 

THEMA ARAIGNÉES

Il est intéressant de constater à quel point Vermines et Sting, qui partent pourtant du même postulat – un jeune protagoniste recueille en secret une araignée qui échappe à tout contrôle et sème la mort à tous les étages dans son immeuble -, puissent être aussi dissemblables. Sortis sur les écrans à quelques mois d’écart, les films de Sébastien Vaniček et Kiah Roache-Turner sont en effet aux antipodes malgré leur point de départ quasiment identique. Signant là son premier film américain, l’Australien Roache-Turner assume totalement ses influences. « Parmi mes sources d’inspiration, il y a “Le Hobbit“ qui était mon livre préféré quand j’étais enfant, avec toute cette séquence dans laquelle ils combattent les araignées », raconte-t-il. « Bilbo a une petite épée qui s’appelle Sting et avec laquelle il les tue. C’est de là que vient le nom du film. J’ai aussi été très influencé par “Ça“ de Stephen King, qui est mon auteur favori. Attention spoiler : à la fin ce n’est pas un clown tueur mais une araignée géante venue de l’espace ! » (1). Voilà qui permet de mieux comprendre la nature du monstre de son long-métrage. Écrit pendant la pandémie du Covid, le scénario de Sting porte aussi les stigmates de cette période inédite, confinant ses personnages dans un lieu clos, obligeant les familles et les voisins à cohabiter 24 heures sur 24, pour le meilleur et parfois pour le pire.

Les deux personnages centraux de Sting sont une fille de 12 ans prénommée Charlotte (sans doute en hommage au roman pour enfants « La Toile de Charlotte » qui met en scène une araignée amicale) et son beau-père Ethan. Le film ne cesse d’alterner leurs points de vue, offrant ainsi aux spectateurs deux pôles d’identification complémentaires – et parfois opposés selon les péripéties. L’intégralité du récit se déroule dans un petit immeuble décrépit de New York. Les différents étages abritent une grand-mère sénile, une grand-tante acariâtre, une mère obnubilée par son travail, une voisine dépressive, un biologiste réservé et un bébé objet de toutes les attentions. Au sein de ce microcosme, Ethan rêve de devenir un dessinateur de bandes-dessinées à succès mais doit jouer les hommes à tout faire dans l’immeuble pour gagner sa vie, tandis que Charlotte se faufile dans les conduits du bâtiment pour tromper son ennui. C’est au fil d’une de ses escapades qu’elle trouve une petite araignée qu’elle surnomme « sting » et qu’elle cache dans un bocal. Ce qu’elle ne sait pas – contrairement aux spectateurs qui ont une longueur d’avance sur elle -, c’est que cette petite bête vient d’arriver de l’espace à bord d’une sorte d’astéroïde lumineux. L’arachnide se met bientôt à grossir à la vitesse grand V et à révéler un appétit insatiable…

« Il ne faut pas se lier d’amitié avec un truc qui a plus de quatre pattes ! »

Cultivant un humour qui semble hérité des films d’horreur des années 80 destinés au public adolescent, Sting offre au personnage de Frank, un exterminateur de nuisibles sous influence manifeste d’Arachnophobie, les répliques les plus absurdes, notamment : « Il ne faut pas se lier d’amitié avec un truc qui a plus de quatre pattes. » Au-delà de ses traits d’humour, le film joue efficacement sur la peur viscérale des araignées, troquant à mi-parcours l’image de synthèse (employée pour montrer la vilaine bête lorsque sa taille est encore raisonnable) contre des marionnettes animatroniques redoutablement efficaces conçues par les petits génies de Weta Workshop, sous la supervision du vétéran Richard Taylor (Le Seigneur des anneaux et Le Hobbit, justement). Pour faire bonne mesure, les effets gore et les excès sanglants sont aussi de la partie. Si l’intrigue elle-même reste très basique, Kiah Roache-Turner s’efforce de creuser certains de ses personnages en décrivant notamment les relations complexes qui peuvent se nouer entre une petite fille rebelle en mal d’affection et un beau-père frustré qui cherche à bien faire malgré ses maladresses. Très soigné dans sa mise en forme, Sting bénéficie aussi d’une jolie photographie signée Brad Shield (directeur photo de seconde équipe sur Avengers, Spider-Man Homecoming, Godzilla vs. Kong et un paquet d’autres blockbusters). Sting n’a rien de bien transcendant, certes, mais s’offre au public comme une série B très honorable et pétrie de bonnes intentions.

 

(1) Extrait d’une interview publiée dans « Film Festival Today » en avril 2024

 

© Gilles Penso


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