Barry Levinson met en scène les aventures d’un Sherlock Holmes adolescent plongé dans une enquête aux confins du surnaturel…
YOUNG SHERLOCK HOLMES AND THE PYRAMID OF FEAR
1985 – USA / GB
Réalisé par Barry Levinson
Avec Nicholas Rowe, Alan Cox, Sophie Ward, Anthony Higgins, Susan Fleetwood, Freddie Jones, Nigel Stock
THEMA SORCELLERIE ET MAGIE
Après leur heureuse collaboration sur Gremlins et Les Goonies, le producteur Steven Spielberg et le scénariste Chris Columbus décident d’unir leurs forces une troisième fois. Ainsi nait le projet du Secret de la pyramide, que Columbus conçoit comme un hommage sincère aux aventures de Sherlock Holmes, même s’il se doute que les puristes des écrits d’Arthur Conan Doyle risquent de crier au sacrilège. Le principe consiste en effet à raconter la jeunesse du célèbre détective sous un angle volontairement fantaisiste. Dame Jean Conan Doyle, fille de l’écrivain, donne tout de même son accord et s’en voit remerciée au générique. Prudent, le texte final du film tient tout de même à remettre les choses dans leur contexte : « Bien que Sir Arthur Conan Doyle n’ait pas écrit sur les années de jeunesse de Sherlock Holmes et que la première rencontre entre Holmes et le docteur Watson ait eu lieu à l’âge adulte, cette spéculation affectueuse sur ce qui aurait pu se passer a été faite avec une admiration respectueuse et en hommage à l’auteur et à ses œuvres durables. » Après Joe Dante pour Gremlins et Richard Donner pour Les Goonies, la mise en scène de cette production Amblin est cette fois-ci assurée par Barry Levinson, signataire jusqu’alors de Diner avec Mickey Rourke et du Meilleur avec Robert Redford.
Le film nous fait donc découvrir Sherlock Holmes et John Watson à l’âge de l’adolescence, alors qu’ils se rencontrent au collège. Le premier possède déjà les dons qui le rendront célèbre. Le second ne pense qu’à satisfaire sa gourmandise. Au cœur de l’hiver 1870, le tandem se trouve mêlé par hasard à une sombre histoire de meurtres. Holmes, assisté de Watson, fait sa première enquête et découvre, au cœur de Londres, une secte pratiquant de vieux cultes égyptiens et des sacrifices humains. Tel est le point de départ de cette aventure familiale teintée d’épouvante et de fantastique, sous l’influence directe d’Indiana Jones et le temple maudit. Titré originellement Young Sherlock Holmes, le film de Levinson sera d’ailleurs rebaptisé Young Sherlock Holmes and the Pyramid of Fear après sa première exploitation pour assumer ses liens avec les exploits encore récents du docteur Jones et attirer davantage le grand public.
Sherlock Holmes et le temple maudit
Le scénario implique quatre grandes séquences d’effets spéciaux, justifiées par une drogue hallucinogène que la secte du film emploie sur ses victimes : un poulet et un porte-manteau qui attaquent le client d’un restaurant, le vieux client d’une librairie agressé par deux presses livres en forme de gargouilles (hommage direct aux harpies de Jason et les Argonautes), des pâtisseries vivantes dans un frigo et l’incroyable séquence du vitrail qui s’anime pour affronter un prêtre. « C’était la première fois que l’image de synthèse était intégrée de manière crédible dans une prise de vue réelle », nous raconte John Lasseter, alors en charge de cette scène. « Personne n’osait trop espérer que ça allait marcher. Une figurine articulée avait même été fabriquée en cas d’échec, pour que le chevalier du vitrail puisse, le cas échéant, être animé en stop-motion de manière traditionnelle. Mais nous avons réussi à créer six plans crédibles avec de la 3D » (1). Si Le Secret de la pyramide est une réussite formelle indiscutable (les effets supervisés par Dennis Muren sont incroyablement inventifs, la photographie de Stephen Goldblatt est somptueuse, la musique de Bruce Broughton très belle), il lui manque ce petit quelque chose qui distingue les œuvrettes sympathiques des grands films. Sans doute l’influence du Temple maudit est-elle trop marquée, spécialement au cours de son dénouement. Tout semblait en place pour d’autres aventures, comme en atteste cette ouverture vers les futurs méfaits du professeur Moriarty, mais le film restera sans suite. Chris Columbus y puisera tout de même plusieurs idées lorsqu’il mettra en scène les premiers volets de la saga Harry Potter.
(1) Propos recueillis par votre serviteur en février 1999
© Gilles Penso
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