Cette troisième aventure consacrée au célèbre super-vilain et à son gesticulant adversaire incarné par Louis de Funès s’installe en Ecosse…
FANTOMAS CONTRE SCOTLAND YARD
1967 – FRANCE / ITALIE
Réalisé par André Hunebelle
Avec Louis de Funès, Jean Marais, Mylène Demongeot, Jacques Dynam, Robert Dalban, François Christophe, Jean-Roger Caussimon, André Dumas
THEMA SUPER-VILAINS I SAGA FANTOMAS
Pour leur troisième aventure orchestrée par André Hunebelle, Fantomas, le super-vilain au masque bleu, et l’inspecteur Juve, son intraitable adversaire, s’éloignent de l’influence des James Bond pour une sorte de retour à l’esprit des romans originaux. Du moins pour ce qui est du cadre géographique, autrement dit un huis-clos dans une ambiance gothique. Pour le reste, la farce burlesque et les péripéties abracadabrantes sont toujours au menu, loin donc du ton des récits de Feuillade. Si Fantomas contre Scotland Yard se déroule en Ecosse, seules les images du générique sont tournées au Royaume-Uni. Car la grande majorité des prises de vues sont réalisées en France, autrement dit dans le château girondin de Roquetaillade pour certains intérieurs, la forêt de Fontainebleau pour les extérieurs champêtres et les plateaux des studios de Boulogne pour le reste. Cet ultime épisode souffre de la dégradation des relations entre Louis de Funès et Jean Marais. Le magnifique héros de La Belle et la Bête a bien compris qu’il était tombé de son piédestal depuis longtemps, passant du statut de superstar à celui de faire-valoir du clown vedette. Son âge ne l’autorisant plus à effectuer certaines cascades, une rancœur croissante s’installe et se ressent fatalement pendant le tournage.
Cette fois-ci, Fantomas décide de taxer les propriétaires de grandes fortunes d’un impôt sur le droit de vivre. Il prend l’identité du richissime Walter Brown, qu’il assassine, et annonce cette nouvelle taxe à Lord McRashley (Jean-Roger Caussimon), l’une des plus grosses fortunes d’Ecosse. Fandor (Marais), accompagné de sa fiancée Hélène (Mylène Demongeot), et Juve (De Funès), flanqué de son adjoint (Jacques Dynam), se rendent donc sur place, l’un pour un reportage, l’autre pour assurer la sécurité des lieux. Or Rashley décide de se servir d’eux comme appât pour piéger Fantomas et les invite dans son château, en compagnie de plusieurs millionnaires taxés eux aussi par le super-vilain. Nous voilà plongés dans une Ecosse bizarre où tout le monde parle français et où les mystères de Paris des épisodes précédents cèdent le pas à l’atmosphère des « ghost stories » à l’anglaise. La mécanique du vaudeville peut donc s’y installer tranquillement. Le gag récurrent de Juve qui voit des cadavres dans sa chambre mais qui, lorsqu’il alerte tout le monde, constate que les corps ont disparu, est répété jusqu’à épuisement. Tout comme celui des fantômes drapés qui apparaissent et disparaissent dans les couloirs.
« Tout fantôme aperçu dans le château sera arrêté sur le champ ! »
Bien sûr, De Funès reste désopilant, que ce soit à travers ses répliques absurdes (« Désormais, tout fantôme aperçu dans le château sera arrêté sur le champ ! ») ou dans son exercice favori des mimiques éberluées (lorsqu’il croit que son cheval parle notamment), mais cet épisode est clairement inférieur aux deux autres. Le remplacement du cadre urbain par la campagne écossaise y est pour beaucoup. Le manque de rebondissements du scénario aussi. Quelques moments non comiques fonctionnent pourtant bien, comme la révélation du visage de Fantomas face à l’amant de la femme de McRashley, en pleine chasse à courre, ou cette spectaculaire poursuite à cheval qui s’achève par l’accrochage de Jean Marais aux roues d’un avion en train de décoller. Le final voit le super-vilain prendre la fuite grâce à une fusée dissimulée dans l’une des tours du château, à grand renfort de stock-shots de l’armée pour décrire l’attaque de l’engin par une escouade d’avions militaires. Le film rapporte 3,5 millions d’entrées en France, soit un million de moins que le premier opus. Malgré sa fin ouverte, la saga en reste là et le quatrième volet envisagé, Fantomas à Moscou, reste dans les tiroirs. Les relations conflictuelles entre De Funès et Jean Marais auraient du reste joué aussi en défaveur de ce projet abandonné.
© Gilles Penso
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