IMAGINARY (2024)

Depuis qu’elle a emménagé avec sa famille dans une nouvelle maison, Alice a un ami imaginaire : un ours en peluche pas aussi mignon qu’il en a l’air…

IMAGINARY

 

2024 – USA

 

Réalisé par Jeff Wadlow

 

Avec DeWanda Wise, Taegen Burns, Pyper Braun, Betty Buckley, Tom Payne, Veronica Falcon, Samuel Salary, Matthew Soto, Alix Angelis, Wanetah Walmsley

 

THEMA JOUETS

Réalisateur du slasher Cry Wolf et de Kick-Ass 2, Jeff Wadlow est un habitué des productions Blumhouse pour lesquelles il a déjà mis en scène Action ou vérité et Nightmare Island. Il rempile cette fois-ci à l’occasion d’un projet au concept alléchant : Imaginary, qui détourne le principe des amis imaginaires pour les muer en entités démoniaques se nourrissant de l’imagination et de la créativité des enfants dans le but d’alimenter leur propre monstruosité. Wadlow écrit lui-même le scénario avec Greg Erb et Jason Oremland (La Princesse et la grenouille). Sur le papier, Imaginary est très prometteur. A l’écran, hélas, le château de cartes s’effondre lamentablement. C’est d’autant plus dommage que les prémices laissaient entrevoir le joli potentiel d’un tel film. Après une séquence de cauchemar introductive qui doit beaucoup à la saga Freddy Krueger, l’intrigue nous familiarise avec Jessica (DeWanda Wise, que nous avions vue faire face aux dinosaures de Jurassic World : le monde d’après). Auteur de livres pour enfant dont le héros est une araignée nommée Simon, elle a vécu un trauma d’enfance qui explique ses fêlures et son apparente fragilité. Sa mère étant décédée et son père ayant sombré dans la démence, elle a trouvé un certain équilibre en épousant Max (Tom Payne, le « Jesus » de The Walking Dead) qui lui-même traîne un certain passif. Sa première épouse est en effet internée dans un institut psychiatrique, ce qui a laissé un vide dans la vie de ses deux filles Alice et Taylor.

Le tableau étant dressé, l’histoire peut commencer. La famille recomposée emménage ainsi dans la maison d’enfance de Jessica. En fouillant dans la cave, Alice découvre un petit ours en peluche qu’elle baptise Chauncey et qui devient son ami imaginaire. Elle le trimballe partout avec elle, lui parle, l’écoute, le fait participer à ses dinettes et se lance dans une chasse au trésor dont il serait – selon elle – l’initiateur. Il s’agit de collecter toutes sortes d’objets, du plus innocent au plus effrayant. Le comportement de la petite fille se révélant de plus en plus étrange, voire dangereux, on décide de solliciter une psychologue qui s’efforce de comprendre le lien étrange en train de se nouer entre Alice et Chauncey. Or l’ourson en peluche n’est pas si innocent qu’il n’y paraît et cache bien son jeu derrière sa frimousse. Bientôt, la petite vie tranquille de tout ce beau monde va basculer dans le cauchemar…

Demonic Toy

Si nous sommes encore indulgents en début de métrage, tous disposés à jouer le jeu d’un scénario qu’on sent un peu mécanique mais plein d’intéressantes intentions, les choses vont bientôt de mal en pis. L’un des problèmes majeurs d’Imaginarium tient au traitement de ses personnages, tellement archétypaux et caricaturaux qu’ils semblent presque échappés d’une parodie. Il y a la petite fille qui s’appelle Alice (au cas où le public n’aurait pas compris l’allusion à la traversée du miroir) et qui nous joue rapidement un remake de Poltergeist, l’adolescente rebelle qui n’aime pas sa belle-mère et entend bien le lui faire savoir, le père qui disparaît purement et simplement du film à mi-parcours parce que les scénaristes n’ont plus besoin de lui et – cerise sur le gâteau – la vieille voisine qui sait tout et nous donne soudain d’interminables explications sur les esprits qui se cachent derrière les amis imaginaires (livre illustré à l’appui !). Le film ne cherche même plus à cacher ses ficelles au cours de sa seconde moitié, débitant les informations dans le but de donner aux protagonistes un mode d’emploi précis pour combattre le mal et muant tous les protagonistes en marionnettes au comportement invraisemblable. Le climax lui-même, censé nous offrir une vision de ce qu’est l’esprit d’un enfant imaginatif, est d’une désespérante platitude, exempt de la moindre idée visuelle novatrice. Dommage, il y avait tant à faire avec un tel sujet…

 

© Gilles Penso


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