GODZILLA X KONG: LE NOUVEL EMPIRE (2024)

Les deux monstres géants les plus célèbres de l’histoire du cinéma reviennent faire un tour dans un nanar de 150 millions de dollars…

GODZILLA X KONG: THE NEW EMPIRE

 

2024 – USA

 

Réalisé par Adam Wingard

 

Avec Rebecca Hall, Brian Tyree Henry, Dan Stevens, Kaylee Hottle, Alex Ferns, Fala Chen, Rachel House, Ron Smyck, Chantelle Jamieson, Greg Hatton

 

THEMA DINOSAURES I SINGES I SAGA KING KONG I GODZILLA I MONSTERVERSE

Jusqu’alors, il était coutume de dire que King Kong 2 de John Guillermin et le Godzilla de Roland Emmerich étaient les pires atteintes jamais portées au gorille géant de 1933 et au dinosaure radioactif de 1954. Il nous faudra désormais réviser notre jugement, car Godzilla x Kong : le nouvel empire repousse toutes les limites. Même l’éléphantesque Rampage de Brad Peyton, l’illisible Godzilla 2 : le roi des monstres de Michael Dougherty ou les productions crétines de la compagnie Asylum (Ape vs. Monster, Ape vs. Mecha Ape) auraient tendance à être réévaluées à la hausse face au spectacle aberrant que nous propose Adam Wingard. C’est à se demander si quelqu’un a lu le scénario du film avant de donner son feu vert et de laisser l’équipe dépenser joyeusement 150 millions de dollars. Voici en peu de mots de quoi parle Godzilla X Kong : le nouvel empire : King Kong est désormais un vieux gorille barbu qui se promène dans la terre creuse et se bat contre des loups/hyènes préhistoriques dont il fait son déjeuner. Pendant ce temps, Godzilla continue de protéger la Terre contre des bestioles géantes puis s’en va faire tranquillement dodo dans le Colisée de Rome. Mais voilà qu’une nouvelle menace surgit : une tribu de grands singes vraiment très méchants (et très vilains aussi) qui veulent attaquer l’humanité. Que faire ?

Comme si ce scénario puéril (mis au crédit de quatre auteurs, mais qu’on imagine plutôt rédigé pendant l’atelier créatif d’une école maternelle) ne suffisait pas à éliminer toute possibilité de faire de Godzilla x Kong un film ne serait-ce que regardable, le traitement visuel de la chose laisse rêveur. « Chaque fois que je parlais aux artistes visuels, je leur disais : “Je veux que la palette de couleurs de ce film ressemble à ce que l’on ressentait quand on se promenait dans un rayon de jouets dans les années 1980“ », raconte Adam Wingard pour expliquer ses partis pris esthétiques. « Je voulais retrouver cette espèce de sentiment orgasmique, plein de couleurs et de textures » (1). D’où une orgie d’images de synthèse multicolores qui confine rapidement à l’indigestion, et face à laquelle les acteurs essaient tant bien que mal de réagir, même si l’on sent bien qu’eux-mêmes se demandent ce qu’ils sont venus faire dans cette galère.

De plus en plus Kong

On ne peut certes pas reprocher à Godzilla X Kong de manquer de générosité. Les monstres s’y surexposent sous toutes leurs coutures, comblant les frustrations de ceux qui ne les trouvaient pas assez présents dans la série Monarch : Legacy of Monsters. Outre Kong et Godzilla, le monstrophile découvre donc une armée de primates agressifs et difformes, une araignée géante à la gueule hérissée de tentacules, des nuées de reptiles volants, des serpents marins gigantesques… et, clou du spectacle, un « bébé Kong » malicieux qui devient le faire-valoir gesticulant du gorille vedette. Si Wingard voulait nous donner le sentiment de nous promener dans les rayons d’un Toys R Us (et accessoirement inciter les jeunes spectateurs à acheter les produits dérivés du film), c’est réussi. Pour le reste, difficile de ne pas soupirer d’exaspération devant un spectacle son et lumière aussi vide de sens (que le compositeur Tom Holkenborg accompagne d’une partition incroyablement balourde). D’autant que Godzilla x Kong débarque juste après le prodigieux Godzilla Minus One et fait bien pâle figure face à son prédécesseur japonais (qui, au passage, n’avait coûté qu’une dizaine de millions de dollars). On aurait pu imaginer que le « Monsterverse » s’arrêterait là, gangréné par ses propres excès. Mais Godzilla x Kong a su remplir les salles de cinéma et les tiroirs caisse. De nouvelles suites sont donc à attendre… avec beaucoup de patience en ce qui nous concerne.

 

(1) Extrait d’une interview publiée dans « Total Film » en 2024.

 

© Gilles Penso


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