Les héros de S.O.S. fantômes : l’héritage se joignent au casting du premier film de la franchise pour affronter une nouvelle entité démoniaque…
GHOSTBUSTERS : FROZEN EMPIRE
2024 – USA
Réalisé par Gil Kenan
Avec Paul Rudd, Carrie Coon, Finn Wolfhard, McKenna Grace, Kumail Nanjiani, Patton Oswalt, Celeste O’Connor, Dan Aykroyd, Bill Murray, Ernie Hudson
THEMA FANTÔMES I SAGA S.O.S. FANTÔMES
Après la tentative ratée de redémarrage de la franchise Ghostbusters en 2016, sous la direction de Paul Feig, les chasseurs de fantômes imaginés par Ivan Reitman et Dan Aykroyd eurent droit à une seconde chance couronnée de succès avec S.O.S. fantômes : l’héritage en 2021. Le studio Columbia n’allait évidemment pas en rester là. Un nouvel opus est donc annoncé dès l’année suivante sous le titre provisoire de Ghostbusters : Firehouse (en référence à la caserne de pompiers newyorkaise qui sert de Q.G. aux casseurs de fantômes). Le réalisateur envisagé est toujours Jason Reitman, qui cède finalement sa place à Gil Kenan (Monster House, le Poltergeist de 2015) tout en restant attaché au film en tant que scénariste et producteur. Rebaptisé officiellement Ghostbusters : the Frozen Empire, le cinquième long-métrage de la franchise marque plusieurs anniversaires : les 40 ans de la sortie du premier Ghostbusters, les dix ans de la disparition d’Harold Ramis et le siècle d’existence de Columbia Pictures. Sans compter le décès tout récent d’Ivan Reitman. Pour se montrer à la hauteur d’un tel patrimoine, le film de Kenan s’efforce de trouver le juste équilibre entre l’univers des deux premiers épisodes de la saga (le retour d’une grande partie du casting des années 80, la relocalisation de l’action à New York) et celui bâti dans S.O.S. fantômes : l’héritage.
C’était à craindre : à trop vouloir remplir son cahier des charges en cochant sagement toutes ses cases, ce Ghostbusters part dans tous les sens et joue la carte de l’accumulation, calculant savamment chacun de ses traits d’humour au lieu de se laisser aller à la moindre spontanéité, donnant finalement au spectateur exactement ce qu’il attend sans lui offrir la moindre surprise voire un quelconque grain de folie digne de ce nom. L’embarras nous saisit d’emblée, face à ce scénario flottant qui n’en finit plus de mettre en place les éléments de son intrigue : les dégâts causés par les Ghostbusters dans la ville de New York occasionnant de sévères remontrances de la municipalité, l’amitié naissante entre Phoebe (McKenna Grace) et une triste fantômette, la découverte d’un ancien orbe qui semble abriter une force redoutable, la création d’une unité de recherche parapsychologique équipée d’un matériel high-tech, la révélation des pouvoirs pyrokinétiques d’un simple commerçant de quartier… Toutes ces péripéties s’imbriquent laborieusement les unes aux autres, et si le film s’émaille de quelques séquences fantastiques amusantes (notamment les élucubrations d’une entité qui possède les objets et se réfugie dans la statue d’un lion), il faut attendre les vingt dernières minutes pour que les choses démarrent vraiment !
Pas assez givré, malgré son titre…
Entre son interminable entrée en matière et son climax bâclé, il ne se passe rien de bien palpitant dans ce S.O.S. fantômes à peu près aussi anecdotique qu’un épisode de la série animée The Real Ghostbusters qui aurait été rallongé artificiellement pour pouvoir durer 100 minutes. C’est d’autant plus dommage que certains passages (comme le surgissement du tsunami glacé sur la plage, élément clé de la bande annonce qui semble puiser son inspiration dans Les Dents de la mer et Abyss) ne mènent nulle part et sont expédiés à la va-vite. Indécis quant à la tonalité à adopter, empêtré dans des clins d’œil hors-sujet (« Retourne à Narnia ! », « Il nous faut un plus gros piège »), S.O.S. fantômes : la menace de glace ressemble finalement à son poster : surchargé, peu digeste et noyé dans la masse de ses propres contradictions. Rien ne le distingue finalement d’un film Marvel lambda qui aurait oublié toute ambition artistique au profit d’une avalanche de « fan service » destinée à procurer au public un plaisir immédiat et temporaire. Voilà en tout cas une belle occasion de revoir sensiblement à la hausse le S.O.S. fantômes 2 que Reitman réalisa en 1989 et qui, à l’époque, s’était révélé décevant.
© Gilles Penso
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