Pour son dernier long-métrage, le binôme de Bud Abbott se la joue solo et transforme sa jolie fiancée en géante de dix mètres de haut…
THE 30-FOOT BRIDE OF CANDY ROCK
1959 – USA
Réalisé par Sidney Miller
Avec Lou Costello, Dorothy Provine, Gale Gordon, Jimmy Conlin, Charles Lane, Robert Burton, Will Wright, Lenny Kent, Ruth Perrott, Peter Leeds
THEMA NAINS ET GÉANTS
Techniquement, Lou Costello et la blonde n’est pas le seul long-métrage dans lequel l’acteur principal joue sans son comparse habituel Bud Abbott, puisque Costello fit ses débuts en tant que cascadeur et figurant à partir de la fin les années 20. Mais ce n’est qu’en formant son duo surnommé « Les deux nigauds » en France qu’il se transforma en star. Et depuis, les deux comparses ne se sont plus quittés. Lou Costello et la blonde fait donc office d’exception, puisque Costello se retrouve pour la première fois sans Abbott dans un film depuis son accès au vedettariat. Le titre franco-belge, un peu simpliste, cache The 30-Foot Bride of Candy Rock, autrement dit une sorte de remake loufoque du fameux Attack of the 50-Foot Woman réalisé l’année précédente par Nathan Juran. Costello y joue Artie Pinsetter, collectionneur de ferraille et inventeur amateur qui vit dans la ville de Candy Rock, au beau milieu du désert américain. Lorsque sa fiancée Emmy Lou Raven (la ravissante Dorothy Provine) est exposée à des radiations dans une grotte, elle se transforme aussitôt en une géante de dix mètres de haut. Soupçonnant son époux d’infidélité, la gigantesque fiancée pique une crise de jalousie et, en comprenant que son oncle magouille dans son dos, sème une petite panique en ville avant d’être prise en chasse par l’armée.
Auteurs de l’idée originale du film, Irving Block et Jack Rabin en signent aussi les effets visuels avec leur associé Louis DeWitt. Habitués tous les trois aux séries B de science-fiction à tout petit budget (Monster from Green Hell, Behemoth le monstre des mers, Viking Women and the Sea Serpent), ils donnent à Dorothy Provine la taille de King Kong par le biais d’une série de trucages sommaires qui n’entretiennent que très modérément l’illusion : retro-projections mal contrastées, incrustations affublées de liserés noirs, effets de cache qui tremblotent… Quelques belles visions surréalistes ponctuent tout de même le film, comme ce clair de lune où la belle vêtue d’un parachute repose lascive auprès de son minuscule mari, ou ce plan aérien censé être vu depuis un hélicoptère dans lequel son gigantisme nous saute aux yeux à travers un trou dans le toit d’une grange.
Chérie, je t’ai agrandie !
Force est de constater que les pitreries maladroites de Lou Costello, les caprices de son robot cul-de-jatte et la bonne bouille de son chien ne dérident que très occasionnellement le spectateur. Probablement atteints de folie en cours d’écriture, les scénaristes (cinq au total si l’on compte Rabin et Block) se laissent aller dans la dernière partie du film, au cours de laquelle nous assistons incrédules à un tir de missiles qui écrivent dans le ciel « I love you », à la transformation des protagonistes en soldats de la guerre de Sécession puis en hommes des cavernes, à l’envol de Costello dans le ciel aux côtés d’une nuée de canards, ou encore à la métamorphose de la belle en Lilliputienne avant qu’elle ne retrouve enfin sa taille réelle… sans qu’aucune raison logique ne vienne expliquer ces délires en cascades. Même si elles semblent bien innocentes aujourd’hui, les discrètes allusions sexuelles dont se pare le film furent jugées osées à l’époque, dans la mesure où les « Deux nigauds » avaient habitués le public à un humour familial et bon enfant. Lou Costello et la blonde sera le chant du cygne de son acteur principal, puisque Costello sera terrassé par une crise cardiaque cinq mois à peine avant la sortie du film en août 1959.
© Gilles Penso
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