Le célèbre trio de comiques américains voyage dans le temps par mégarde et se retrouve plongé au milieu d’une guerre entre Hercule et Ulysse…
THE THREE STOOGES MEET HERCULES
1962 – USA
Réalisé par Edward Bernds
Avec Moe Howard, Larry Fine, Joe de Rita, Vicki Trickett, Quinn K. Redeker, George N. Neise, Samson Burke, Marlin McKeever
THEMA MYTHOLOGIE I VOYAGES DANS LE TEMPS
Si la France est complètement passée à côté des Trois Stooges, ce trio comique est une institution pour le public américain depuis sa création en 1922. Le casting a évolué au fil des temps mais l’impact de ces humoristes adeptes du slapstick, de la farce visuelle et du gag absurde sur la culture populaire U.S. est considérable. Après des centaines de courts-métrages humoristiques puis un petit passage à vide, les Stooges reviennent sur le devant de la scène sous les traits de Joe de Rita, Larry Fine et Moe Howard. À la fin des années 50, ils décident de passer l’étape du grand écran, d’abord avec Have Rocket – Will Travel (1959) puis avec Snow White and the Three Stooges (1961). Pour leur troisième aventure au cinéma, Les Trois Stooges contre Hercule, ils sollicitent le réalisateur Edward Bernds, habitué du genre fantastique (Un Monde sans fin, Queen From Outer Space, Le Retour de la mouche) et metteur en scène de nombreux sketches du trio par le passé. Ce long-métrage étant conçu comme une parodie des péplums musclés qui fleurissent alors sur les écrans, principalement issus d’Italie, le culturiste canadien Sam Burke (surnommé alors Samson Burke), héros de La Vengeance d’Ursus, est embauché pour entrer dans la peau d’Hercule. Le scénario d’Elwood Ullman et Norman Maurer s’efforce alors de mixer comédie, science-fiction et aventures mythologiques.
Nous sommes à Ithaque, dans l’Iowa, où Joe, Larry et Moe sont employés dans un drugstore. Ils y accumulent des gaffes très modérément drôles, tandis que nous sont présentés les principaux protagonistes du scénario. Pour venir en aide à leur voisin Schulyer Davis (Quinn Redeker), un jeune chercheur brillant mais timide, ils bricolent sa machine à voyager dans le temps. Aussitôt, tous trois décollent avec lui et avec sa fiancée Diane (Vicky Trickett) à bord de cette machine au look improbable, avant de se retrouver propulsés en pleine antiquité grecque, au cœur d’une lutte farouche entre deux troupes, l’une menée par Ulysse (John Cliff), l’autre par le roi Odius (George N. Neise) secondé par le massif Hercule (Samson Burke, donc). Pris pour des dieux, ils mettent en fuite les troupes d’Ulysse. Dès lors, les mésaventures délirantes s’enchaînent sur un rythme trépidant dans cette antiquité fantaisiste, tous les moyens étant bons pour que les Stooges puissent s’en donner à cœur joie.
Mythofolie
Le prologue des Trois Stooges contre Hercule ne fait guère dans la finesse, mais dès que le film bascule dans la science-fiction et transporte nos héros dans cette antiquité chère aux péplums, le récit prend enfin tout son intérêt. La reconstitution historique, qui cultive sans en abuser une poignée d’anachronismes, est servie par des costumes et des décors à la hauteur, ainsi que par deux ou trois peintures sur verre (le port de Rhodes) et maquettes (les galères) du plus bel effet. Hercule passe ici pour une brute écervelée, ses exploits étant réalisés à sa place par l’inventeur maladroit transformé en colosse à force de ramer dans les galères. Ce dernier est aidé par les trois Stooges, armés de pilules calmantes très efficaces. Parmi ses travaux, qui prennent les allures d’une tournée sportive, le faux Hercule affronte un taureau crétois, le lion de Némée, toutes sortes de fauves, ainsi que deux cyclopes siamois géants et velus (incarnés par Marlin et Mike McKeever sous des tonnes de grimages et de poils). L’inévitable affrontement des deux Hercule, dans une arène, se mue en véritable match de catch, tandis que la poursuite qui s’ensuit parodie la course de chars de Ben Hur. Pendant le voyage retour vers le 20ème siècle, le film collectionne les stock-shots, histoire de montrer des images emblématiques des croisades, de la piraterie, de la conquête de l’Ouest et des deux guerres mondiales. Énorme succès au box-office, Les Trois Stooges contre Hercule poussera la société de production des humoristes, Normandy, et leur prestigieux distributeur, Columbia, à mettre en chantier trois autres longs-métrages.
© Gilles Penso
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