Extrêmement populaire depuis sa première apparition dans Le Monde de Nemo, le poisson amnésique a droit à son propre long-métrage…
FINDING DORY
2016 – USA
Réalisé par Andrew Stanton et Angus MacLane
Avec les voix de Ellen DeGeneres, Albert Brooks, Ed O’Neill, Kaitlin Olson, Hayden Rolence, Ty Burrell, Diane Keaton, Eugene Levy, SLoane Murray, Idris Elba
THEMA MONSTRES MARINS I SAGA PIXAR
Malgré le succès du Monde de Nemo et les innombrables réclamations des fans, Andrew Stanton n’a jamais voulu donner de suite à l’odyssée de son poisson clown pour pouvoir se concentrer sur des sujets différents. Mais un jour il redécouvre le film, redistribué en salles pour fêter ses dix ans dans une version en 3D. Là, face au spectacle transcendé par la stéréoscopie et devant la réaction enthousiaste du public, Stanton se dit qu’il y a encore une histoire à raconter : celle de Dory. Un autre facteur joue sur sa décision. Après avoir réalisé son premier film en prises de vues réelles pour Disney, l’ambitieux péplum de science-fiction John Carter, Stanton pensait se mettre au travail sur le scénario d’une autre aventure martienne du héros imaginé par le romancier Edgar Rice Burroughs. Mais John Carter est un échec cuisant au box-office, annulant toute possibilité d’une séquelle. Stanton se tourne alors vers une autre suite promise à un avenir beaucoup plus radieux, celle du Monde de Nemo. Le personnage de Dory était sans conteste l’une des plus belles trouvailles du Monde de Nemo, le trouble dont elle était affublée (des pertes de mémoire immédiates) étant à la fois vecteur de rire et d’émotion. C’est donc sur ce double registre que joue Le Monde de Dory, une sorte de spin-off dans lequel nous nous intéressons à ses pérégrinations sous-marines avant, pendant et surtout après les aventures racontées dans Le Monde de Nemo.
Le récit commence lorsque Dory a soudain un souvenir fugitif de ses parents. L’image qu’elle perçoit est très furtive et difficile à identifier, mais sa force est suffisante pour que Dory décide de traverser l’océan dans l’espoir de les retrouver. C’est un nouveau prétexte pour une grande aventure sous-marine semée de rencontres inattendues et d’embûches. Selon un principe proche de celui adopté par Cars 2, Le Monde de Dory fait passer à l’arrière-plan le héros du premier film, en l’occurrence Nemo, et transforme son « sidekick » en personnage principal. La quête de ses parents devient pour Dory une sorte d’enquête policière passionnante dont chaque indice est une bribe de souvenir qu’il faut décoder et identifier. C’est aussi pour l’attachant poisson à la mémoire si fragile une introspection, le tout sous forme d’un jeu de piste mouvementé qui se poursuit dans les méandres labyrinthiques d’un institut océanographique. Le titre original Finding Dory (« A la recherche de Dory ») peut sembler inapproprié, dans la mesure où ici ce n’est pas Dory qu’on recherche mais ses parents. Cependant, au-delà du jeu de miroir avec Finding Nemo, ce titre nous fait bien comprendre que le scénario a été conçu sous forme d’un voyage initiatique à l’issue duquel Dory se sera retrouvée elle-même.
La quête des origines
Lorsque les poissons vedettes du film pénètrent dans l’institut océanographique et entrent en contact avec le monde des humains, le rendu visuel est si réaliste qu’il devient difficile de savoir si nous avons affaire à de l’image de synthèse ou à des prises de vues réelles. Mais cette fois-ci, contrairement au Voyage d’Arlo, le mixage entre l’hyper-réalisme et la caricature fonctionne à merveille. Le personnage de Hank en est le meilleur exemple. Ce poulpe désopilant qui fomente une infinité de plans pour s’évader de l’institut et regagner l’océan, muni de seulement sept tentacules (hommage à la pieuvre animée par Ray Harryhausen dans Le Monstre vient de la mer), est un pur personnage de cartoon. Pour autant, la texture humide de sa peau est incroyablement réaliste, presque palpable. Un autre céphalopode intervient plus tôt dans le film. Il s’agit d’un calamar cyclope géant qui attaque nos héros au cours d’une séquence très impressionnante. Ce monstre s’avère être le sosie de celui de 20 000 lieues sous les mers de Richard Fleischer, une allusion à Jules Verne qui ne manque pas de sel quand on sait d’où vient le nom Nemo. Adulé par le public et par une grande partie de la presse, Le Monde de Dory réalise un démarrage spectaculaire dès sa sortie en salles (plus de 130 millions de dollars pour son premier week-end, soit un record absolu dans le domaine du cinéma d’animation) et séduit bien vite les spectateurs du monde entier preuve de la santé encore excellente à l’époque du studio Pixar.
© Gilles Penso
Partagez cet article