HERCULE L’INVINCIBLE (1964)

Dans ce péplum fantastique délirant, Hercule affronte un lion apathique, un dragon bizarre, un ours, des éléphants et un volcan en éruption…

ERCOLE L’INVINCIBILE

 

1964 – ITALIE

 

Réalisé par Alvaro Mancori

 

Avec Dan Vadis, Spela Rozin, Carla Calo, Ken Clark, Maria Fiore, Ugo Sasso, Howard Ross, Olga Solbelli, Alberto Cevenini, Rosemarie Lindt, Kriss Moss

 

THEMA MYTHOLOGIE

En vingt ans de carrière, Dan Vadis aura joué les gros bras dans tous les films passant à sa portée : péplums, westerns, aventure, comédie, action… Il apparaît même – sans en être crédité – au générique du Corniaud aux côtés de Louis de Funès et Bourvil. Hercule l’invicible est son cinquième long-métrage, après Maciste contre les géants, Ursus le rebelle, Les Pirates du Mississipi et Les Dix gladiateurs. Il y incarne Ursus, réincarnation du célèbre demi-dieu Hercule. Au tout début de cet improbable long-métrage mythologique, une jolie fille ingénue, Teica (Spela Rozin), échappe à la surveillance de sa chaperonne pour aller se baigner. Mais alors qu’elle se dévêt (le reflet de l’eau masquant à peine sa poitrine dénudée, ce qui s’avère assez osé pour un film tout public de l’époque), un lion agressif surgit. Pas de problème : le massif Ursus, qui s’abreuvait justement dans le coin, intervient. Le combat qui s’ensuit est d’une incroyable mollesse, l’homme et le fauve donnant plus l’impression de se câliner que de s’affronter. Mais Ursus est un sensible, et la folle bataille contre l’animal l’a épuisé. La belle le ramène alors au village dont le roi n’est autre que son père. Or selon la coutume, celui qui sauve une fille dans cette communauté a le droit de l’épouser. « C’est formidable ! » s’écrie Ursus en se pourléchant les babines, avant d’apprendre que cette règle ne s’applique pas à la fille du roi. Bigre !

Hercule l’invincible s’affirme ainsi comme un sommet de kitscherie non dénué d’autodérision. Alors que notre musculeux héros boude dans son coin, déçu d’avoir raté une bonne occasion d’épouser la belle Teica, une lueur d’espoir surgit soudain. En effet, s’il tue le dragon qui terrorise la région et ramène comme preuve une dent de sa mâchoire, cette histoire de mariage pourra se renégocier. Notre Hercule prend donc conseil auprès d’une prêtresse grandiloquente qui le dote d’une lance spéciale, au milieu d’une belle nappe de fumigènes, puis monte sur un rocher pour attraper une toison accrochée à un arbre. Mais le rocher se met soudain à bouger : c’est le dragon, autrement dit un homme dans un costume ridicule qui se redresse, fait tomber toutes les feuilles qui le recouvraient et fait face à Hercule. Son corps ressemble vaguement à celui d’un tyrannosaure, sa bouche à celle d’un phacochère et ses bras à ceux d’un paresseux. Le combat lui-même ne dure que quelques secondes, puisque ce monstre évasif est immédiatement terrassé lorsqu’Hercule lui envoie une lance en travers de la gorge. Embarrassé par cette séquence de combat grotesque, le distributeur Embassy Pictures la supprimera sans vergogne et la remplacera par celle – légèrement plus convaincante – des Travaux d’Hercule avec Steve Reeves pour la sortie d’Hercule l’invincible sur le territoire américain (sous le titre Hercules Against the Elephant’s Empire).

Rebondissements invraisemblables

La suite des péripéties du long-métrage d’Alvaro Mancori multiplie les rebondissements invraisemblables. Car après être revenu triomphant de ce combat, la dent de dragon à la main, prêt à passer la bague au doigt de sa promise, Ursus doit renverser les hommes qui veulent usurper le trône sous les ordres d’une reine maléfique (Carla Calo), sauver le village, affronter un ours, éviter d’être écartelé par des éléphants auxquels on l’a enchaîné ou encore échapper à un cataclysme de lave et de feu qui menace de l’engloutir, le tout avec l’aide d’un faire-valoir peureux et – censément – comique. Signé sous le pseudonyme américain d’Al World, Hercule l’invincible ne sera pas le succès escompté, la grande mode des super-héros antiques torse-nu étant alors en train de décliner. On note pour l’anecdote que le montage du film est signé par un certain Franck Boberston, un pseudonyme derrière lequel se cache Franco Fraticelli, futur monteur attitré de Dario Argento (à l’œuvre sur Cinq jours à Milan, Les Frissons de l’angoisse, Suspiria, Inferno, Ténèbres, Phenomena et Terreur à l’opéra, ainsi que sur les deux Démons de Lamberto Bava et sur Dellamorte Dellamore de Michele Soavi).

 

© Gilles Penso


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