UN RACCOURCI DANS LE TEMPS (2018)

Trois « voyageuses astrales » rendent visite à une adolescente endeuillée pour lui proposer un séjour à l’autre bout de l’univers…

A WRINKLE IN TIME

 

2018 – USA

 

Réalisé par Ana DuVernay

 

Avec Storm Reid, Oprah Winfrey, Reese Witherspoon, Mindy Kaling, Zach Galifianakis, Chris Pine, Levi Miller, Deric McCabe, Gugu Mbatha-Raw

 

THEMA MONDES VIRTUELS ET MONDES PARALLÈLES

En 2003, le studio Disney adaptait déjà le roman « Un raccourci dans le temps » de Madeline L’Engle, publié quatre décennies plus tôt. Il s’agissait alors d’un téléfilm réalisé par John Kent Harrison et diffusé en France sous le titre Les Aventuriers des mondes fantastiques. Cette version étant passée quelque peu inaperçue, la maison de Mickey décide de renouveler l’expérience à l’occasion d’un nouveau long-métrage confié cette fois-ci à la réalisatrice Ana DuVernay. Storm Reid y incarne Meg Murry, une adolescente de 13 ans qui souffre des brimades de ses camarades d’école et de la disparition de son père Alex (Chris Pine), un astrophysicien de renom. Ce dernier étudiait une méthode de voyage dans l’espace, le tesseract, que personne ne prenait au sérieux. Or un beau jour, trois femmes débarquent de nulle part et affirment être des voyageuses astrales. Il s’agit de Madame Whatsit (Reese Witherspoon), Madame Who (Mindy Kaling) et Madame Which (Oprah Winfrey). Ce trio insolite explique à Meg et à son frère Charles Wallace que leur père s’est transporté à l’autre bout de l’univers à travers le tesseract jusqu’à la lointaine planète Uriel et qu’elles peuvent les aider à le retrouver…

L’entrée en matière d’Un raccourci dans le temps emprunte au cinéma indépendant américain ses effets de style, ses tics et ses maniérismes. C’est donc avec une caméra portée, des jump-cuts et une musique légère que nous sont présentées cette famille endeuillée et cette jeune fille métisse qui peine à s’intégrer dans son collège. Soudain, le fantastique fait son entrée de manière invraisemblable, mettant sérieusement à l’épreuve la suspension d’incrédulité des spectateurs. Le scénario essaie pourtant de donner des explications scientifiques rigoureuses pour justifier le saut d’une dimension à l’autre, mais il ne parvient qu’à semer la confusion en multipliant les dialogues laborieux. D’ailleurs comment croire à ces univers excessivement colorés, bourrés d’effets numériques qui ne connaissent pas la demi-mesure ? Comment peut-on encore concevoir en 2018 des images de synthèse aussi peu subtiles donnant corps à des fleurs volantes exubérantes ou à une fée en apesanteur qui se transforme en créature mi-végétale mi-animale ?

L'attaque de l’Oprah Winfrey géante !

Il faut dire que les comédiens n’arrangent pas les choses. Reese Witherspoon nous embarrasse dans sa prestation pataude d’une sorte de bonne fée capricieuse et distraite. Mindy Kaling n’a pas l’once d’une crédibilité sous la défroque de sa « collègue » Madame Who. Et que dire d’Oprah Winfrey, affublée d’un maquillage épouvantable et d’effets visuels sans finesse lui donnant la taille de King Kong ? Visiblement, ces trois créatures surnaturelles tentent maladroitement de nous rappeler les bonnes fées de La Belle au bois dormant. Les personnages « humains » ne sont guère mieux lotis. Le sympathique boy next door (Levi Miller) est le personnage le plus fade de l’histoire du cinéma, le père incarné par Chris Pine n’a pas la moindre consistance, le petit frère savant au prénom composé improbable n’est absolument pas crédible… C’est finalement la jeune héroïne qui s’en sort le mieux. Mais à force de convoquer les grands sentiments, les flots de larmes, l’amour, la confiance, la compassion, la rédemption, Un Raccourci vers le temps nous noie dans la guimauve sans nous faire comprendre où il veut en venir et finit donc par nous laisser totalement indifférents.

 

© Gilles Penso


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