Benoît Poelvoorde incarne un artisan modeste et timide qui se retrouve soudain propulsé dans un univers parallèle primitif…
LES DEUX MONDES
2007 – FRANCE
Réalisé par Daniel Cohen
Avec Benoît Poelvoorde, Michel Duchaussoy, Florence Loiret, Augustin Legrand, Natacha Lindinger, Daniel Cohen, Pascal Elso, Arly Jover, Mathias Mlekuz
Les Deux mondes est le deuxième long-métrage réalisé par l’acteur Daniel Cohen, après le drame Une vie de prince dans lequel il partageait l’affiche avec Nicolas Koretzky et François Levantal. Cette fois-ci, Cohen veut frapper fort en s’attaquant à une comédie de science-fiction extrêmement ambitieuse, dont il co-écrit le scénario avec Jean-Marc Culiersi (Les Marais criminels, Derniers remords avant l’oubli). Plutôt portés sur la chronique réaliste, les deux hommes semblent vouloir s’offrir avec Les Deux mondes une bulle d’air frais, un grain de folie à grand spectacle volontairement éloigné de leurs registres familiers. Pour concrétiser les idées délirantes de ce script rocambolesque, il s’avère nécessaire de débloquer des moyens importants. Conquis, Benoît Jaubert et Mathieu Kassovitz acceptent de produire Les Deux mondes, de réunir le budget nécessaire (estimé à 18 millions d’euros) et d’embaucher la compagnie d’effets spéciaux Buf Compagnie pour la création des centaines de plans truqués prévus. Cohen lui-même joue un second rôle dans le film, laissant la vedette à une tête d’affiche populaire (condition indispensable au montage financier du projet), en l’occurrence Benoît Poelvoorde.
La star de C’est arrivé près de chez vous interprète Rémy Bassano, un petit restaurateur d’œuvres d’art qui mène une vie discrète et sans histoires à Paris. D’un tempérament réservé, il partage sa vie avec son épouse Lucile (Natacha Lindinger) et leurs deux enfants. Bien sûr, cette tranquillité ne va pas durer. Un jour, Rémy retrouve son atelier inondé. Tout son travail est ruiné, le voilà soudain sans le sou. Pour couronner le tout, Lucile lui annonce brutalement qu’elle le quitte pour un autre. Désemparé notre homme court chercher du réconfort chez ses parents. Là, sans explication apparente, il est soudain aspiré par le sol et se retrouve propulsé dans un monde parallèle, dans le village primitif de Bégamini. Les autochtones y vivent en tribu et lancent régulièrement des incantations vers les cieux dans l’espoir d’être libérés du joug de Zotan (Augustin Legrand), un tyran cannibale. En voyant débarquer Rémy, les Bégaminiens sont persuadés qu’il s’agit du libérateur qu’ils attendent depuis toujours. À partir de là, les choses vont sérieusement se compliquer…
Le monde ne suffit pas
Comme son titre l’annonce, Les Deux mondes comporte donc deux films en un. A tout prendre, la partie « réaliste », qui concerne ce couple à la dérive, est finalement la plus intéressante des deux, parce qu’elle est portée par des acteurs qui y croient et soutenue par des dialogues réussis. Mais cette facette ne se suffit pas à elle-même. Or la contrepartie fantastique n’est pas beaucoup plus convaincante qu’un RRRrrrr !!! et ne vaut que par l’incroyable déploiement de moyens techniques et artistiques mis à disposition de Daniel Cohen. La figuration est donc impressionnante, les costumes et les décors rivalisent d’audace, les effets visuels sont de haut niveau (les arrêts sur image en plein mouvement qui occasionnent plusieurs gags, les panoramas du monde parallèle dont les deux lunes évoquent les couvertures des vieux pulps de science-fiction, les cités qui se construisent en accéléré sur les montagnes donnent le vertige, le combat contre le géant aveugle anthropophage est digne d’un épisode de l’Odyssée). Mais toute cette « poudre aux yeux » semble un peu vaine, d’autant qu’il manque au scénario une interaction plus intéressante entre les deux mondes, un vrai jeu de conséquences et d’influences qui n’est ici qu’ébauché. Dommage, car le potentiel du film était énorme.
© Gilles Penso
Partagez cet article