Dans cette production Tim Burton tombée dans l’oubli, un vieux rafiot navigue dans des eaux peuplées d’étranges créatures…
CABIN BOY
1994 – USA
Réalisé par Adam Resnick
Avec Chris Elliott, Ritch Brinkley, James Gammon, Ricki Lake, Brian Doyle-Murray, Brion James, Melora Walters, I.M. Hobson
THEMA MONSTRES MARINS
Dans la foulée de L’Étrange Noël de Monsieur Jack, Tim Burton et son associée Denise Di Novi produisent pour Touchstone – filiale du groupe Disney – un étrange long-métrage nommé Cabin Boy, qui marque les premiers pas sur le grand écran du réalisateur-scénariste Adam Resnick (auteur pour de nombreux shows de David Letterman) et le premier rôle majeur du comique Chris Elliot (vu l’année précédente dans Un jour sans fin aux côtés de Bill Murray et Andie McDowell). Ce dernier interprète Nathaniel Mayweather, un aristocrate très snob qui vient de réussir brillamment ses études. Suite à un concours de circonstances abracadabrant, Mayweather se retrouve à bord du rafiot le Filthy Whore au lieu du yacht le Queen Catherine qui devait l’emmener à l’hôtel hawaïen de son père milliardaire. Mais les quatre pêcheurs bourrus qu’il côtoie malgré lui refusent de l’emmener à destination. L’embarcation se retrouve bientôt dans un coin reculé de l’océan baptisé « Le Seau de l’Enfer » (variante délirante du Triangle des Bermudes) où les créatures surnaturelles sont légion.
C’est l’occasion de déployer une armada d’effets spéciaux assez inventifs à défaut d’être très subtils. L’animation image par image chère à Tim Burton est supervisée par Doug Beswick, qui œuvra déjà sur Beetlejuice, et intervient pour donner vie à un iceberg vivant qui attaque le Filthy Whore. Cette créature, qui a des allures de Yéti, périt finalement lorsque l’équipage lui jette du café, ce qui a pour effet de la faire fondre ! On note aussi dans le film l’intervention d’un homme-requin interprété par Russ Tamblyn, d’une figure de proue vivante (interprétée par Ricki Lake, présentatrice de talk-shows à l’époque), d’une femme à six bras (hommage à la déesse Kali du Voyage fantastique de Sinbad) et d’un représentant de commerce géant qui s’en prend aux marins comme le cyclope du 7ème voyage de Sinbad. Hélas, toutes ces allusions aux films de Ray Harryhausen se passent de la magie de l’animation au profit d’acteurs maquillés par Tony Gardner (Darkman). La stop-motion aurait en effet demandé trop de temps et coûté plus cher.
Une farce anecdotique
Car le budget de Cabin Boy reste modeste (10 millions de dollars) et nécessite un certain nombre de raccourcis artistiques. Mais ce n’est pas là que le bât blesse le plus. L’humour du film est en effet poussif, son scénario patine et son acteur principal se révèle assez embarrassant. C’est pourtant Tim Burton qui jeta son dévolu sur lui après l’avoir découvert dans la sitcom Get a Life. Le réalisateur d’Edward aux mains d’argent avait d’ailleurs prévu de réaliser Cabin Boy lui-même, avant de passer le relais pour se consacrer à son chef d’œuvre Ed Wood. Gageons que s’il était resté à la barre du projet, le film aurait eu meilleure allure et se serait mieux tenu. En l’état, Cabin Boy est une farce anecdotique et bien peu mémorable. D’où l’échec cuisant du film, sorti uniquement en salles en Amérique du Nord (pour ne rapporter que 3,7 millions de dollars, soit même pas la moitié de son budget) et tombé aujourd’hui dans un oubli quasi-total.
© Gilles Penso
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