MONARCH : LEGACY OF MONSTERS (2023)

Le Godzilla américain et ses monstrueux homologues se réunissent dans cette série ambitieuse à cheval entre plusieurs époques…

MONARCH : LEGACY OF MONSTERS

 

2023 – USA

 

Créée par Chris Black et Matt Fraction

 

Avec Anna Sawai, Kiersey Clemons, Ren Watabe, Mari Yamamoto, Anders Holm, John Goodman, Joe Tippett, Kurt Russell, Wyatt Russell, Elisa Lasowski

 

THEMA DINOSAURES I SAGA GODZILLA I MONSTERVERSE

En 2021, Godzilla vs. Kong remporte un succès très honorable, confortant les studios Legendary et Warner Bros dans la viabilité de la saga « Monsterverse » amorcée avec le Godzilla de Gareth Edwards. Plusieurs déclinaisons sont donc envisagées, non seulement au cinéma mais également sur les petits écrans (l’idée étant de faire fructifier tous azimuts la franchise à la manière du Marvel Cinematic Universe). Si la première variante télévisée de cet univers est la série animée Skull Island (diffusée sur Netflix), la seconde sera en prises de vues réelles, selon la volonté des cadres de Legendary qui trouvent cette fois-ci un autre diffuseur : Apple TV. Le récit de Monarch : Legacy of Monsters s’articule sur plusieurs temporalités qui s’entremêlent. L’une est liée aux événements qui suivent directement l’attaque du Roi des Monstres dans le Godzilla de 2014 (le « jour G »). Les autres nous ramènent au milieu des années 50, puis font de réguliers vas et viens du passé vers le futur (y compris dans les années 70 le temps d’un détour par les péripéties décrites dans Kong : Skull Island). Les pièces d’un complexe puzzle narratif s’assemblent ainsi peu à peu, sous la supervision de Chris Black (Star Trek Enterprise) et Matt Fraction (Hawkeye), les deux créateurs de la série.

Tout en évoquant la création de l’énigmatique organisation Monarch dans les années 40, le script s’intéresse plus particulièrement à trois jeunes protagonistes héritant bien malgré eux des travaux secrets d’un aîné bien plus insaisissable qu’il ne semblait l’être. Il s’agit de Cate et Kentaro Randa (Anna Sawai et Ren Watabe), rapidement rejoints par une génie de l’informatique au passé trouble (Kiersey Clemons) et par un ancien militaire roublard, Lee Shaw. L’une des excellentes idées du show est d’avoir confié le rôle de ce dernier à deux acteurs qui affichent un indéniable air de famille (et pour cause, l’un est le père de l’autre !), en l’occurrence Kurt et Wyatt Russell. L’un incarne donc Lee dans les années 50 et l’autre en 2015. Leurs ressemblances physiques et la similitude de leurs mimiques emportent le morceau, même si Kurt semble beaucoup trop jeune pour le rôle dans la mesure où son personnage est censé avoir 90 ans. Le scénario finit par nous expliquer cette bizarrerie au détour d’un de ses nombreux rebondissements rocambolesques.

L’attaque des Titans

Pour des raisons qu’on imagine budgétaires mais aussi narratives, Monarch se révèle beaucoup plus axé sur les personnages humains que sur les monstres, ce qui peut se révéler frustrants pour les amateurs de grosses bébêtes mais présente au moins le mérite de gommer les scories de Godzilla II : Roi des monstres et de Godzilla vs. Kong qui, à trop vouloir en mettre plein la vue aux spectateurs, se muaient en spectacles de foire sans âme. Le cœur des enjeux dramatiques de Monarch se joue donc à échelle humaine et sur plusieurs époques. Pour parcimonieuses qu’elles soient, les apparitions des titans ne déçoivent pas, le bestiaire s’enrichissant de créatures nouvelles aux morphologies surprenantes (les nuées d’insectes géants, le monstre des glaces, le dragon de la forêt, le sanglier mutant et bien sûr Godzilla en personne). De manière intéressante, la série décrit un monde qui doit désormais s’accommoder avec la présence potentielle de monstres géants, d’où des publicités vantant les mérites de bunkers souterrains personnalisés, une signalétique dans les rues des grandes villes indiquant où se réfugier en cas d’attaque de titan ou encore des quartiers de San Francisco entièrement détruits et mués en « zones rouges » sous surveillance militaire. Sans doute pourra-t-on reprocher à Monarch le manque de finesse de son écriture et les nombreuses invraisemblances qui jalonnent son parcours scénaristique, mais le show reste divertissant et permet de créer des liens intéressants entre les divers événements narrés dans les films précédents de la franchise.

 

© Gilles Penso


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