BABY OOPSIE (2021)

Le bébé en plastique monstrueux de la saga Demonic Toys se déchaîne dans son premier long-métrage solo…

BABY OOPSIE

 

2021 – USA

 

Réalisé par William Butler

 

Avec Libbie Higgins, Justin Armistead, Lynne Acton McPherson, Marilyn Bass, Michael Carrino, Shamecka Nelson, Christopher Joseph Meigs, Michael O’Grady

 

THEMA JOUETS I SAGA CHARLES BAND I DEMONIC TOYS

Le producteur Charles Band étant toujours prompt à faire fructifier tout ce qui pourrait ressembler à une franchise, il exploite souvent jusqu’à plus soif le moindre de ses films susceptibles de donner naissance à des suites, des crossovers et des spin-off. Le sympathique Demonic Toys – lui-même inspiré du succès de la saga Puppet Master – avait déjà été suivi par Dollman vs. Demonic Toys, Puppet Master vs Demonic Toys et Demonic Toys 2. Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Après tout, la poupée tranchante de Puppet Master n’avait-elle pas eu droit à son propre film avec Blade the Iron Cross ? Pour l’affreux poupon Baby Oopsie, Charles Band conçoit d’abord une web série en sept épisodes destinée aux plateformes Full Moon et Amazon. Après leur diffusion en août 2021, les deux premiers épisodes sont remontés sous forme du long-métrage Baby Oopsie. Pour ressusciter le charmant bambin en plastique, William Butler, réalisateur de Demonic Toys 2, reprend du service. Dès l’entame, Baby Oopsie parvient à créer un sentiment de malaise durable qui semble vouloir s’inspirer du climat anxiogène de Psychose. Butler ne se prend pas pour Hitchcock, certes, mais force est de constater un important saut qualitatif depuis le très anecdotique Demonic Toys 2.

L’humoriste Libbie Higgins entre dans la peau de Sybil Pittman, une femme solitaire, réservée et en surpoids qui partage sa maison avec une mère tyrannique (Lynne Acton McPherson) et gagne chichement sa vie en tant qu’opératrice dans un call center sinistre. La seule passion de Sybil, ce sont les vieilles poupées qu’elle passe des heures à restaurer avec amour et auxquelles elle consacre une série de vidéos très appréciées sur les réseaux sociaux. Sa toute nouvelle acquisition est un poupon en plastique dans un bien piteux état, rapiécé grossièrement façon monstre de Frankenstein. Les amateurs auront bien sûr reconnu ce bon vieux Baby Oopsie à qui Libbie offre une nouvelle jeunesse, lui redonnant l’éclat de ses débuts. Le soin avec lequel elle le raccommode et le repeint n’est pas sans nous rappeler le zèle du réparateur de jouets de Toy Story 2. Lorsqu’elle récupère via un colis anonyme une pièce d’engrenage qui manquait pour faire fonctionner le mécanisme de la poupée, celle-ci s’anime enfin et révèle ses instincts meurtriers…

Bad Toy

Première production Charles Band tournée dans le Full Moon Manor, une vaste maison de plus de 2000 mètres carrés située à Ceveland Heights, dans l’Ohio, Baby Oopsie nous rappelle par bien des aspects le Willard de Daniel Mann dont il reprend de nombreux éléments scénaristiques. Ici aussi, notre protagoniste est un être introverti et socialement inadapté qui entretient un monstre (une nuée de rats chez Mann, une poupée tueuse ici) capable de le venger de tous ceux qui l’ont humilié. Plusieurs séquences nous montrent d’ailleurs Sybil qui s’imagine prendre violemment sa revanche sur les gens qui la brutalisent (sa mère, sa patronne, les voyous du quartier), un peu à la manière de Hal Holbrook dans Creepshow. Truffé de références aux productions maison (un tableau échappé de Troll, un jeu vidéo Puppet Master, des poupées empruntées à Dolls, un extrait de Subspecies à la télévision), Baby Oopsie sollicite l’inventivité du créateur d’effets spéciaux Greg Lightner qui doit composer avec un budget extrêmement réduit. Le bébé monstre est donc très limité dans ses actions mais bénéficie tout de même d’une série de têtes articulées qui permettent de faire varier ses expressions (du poupon candide au psychopathe aux dents acérées) et de synchroniser à peu près les mouvements de sa bouche avec les dialogues prononcés par Jill Bartlett. Les effets numériques, en revanche (textures, fumées, morphings), sont d’une laideur que tempère la furtivité de leur apparition. Raisonnablement distrayant, Baby Oopsie se regarde sans déplaisir. Deux longs-métrages recyclant eux aussi des épisodes de la web série lui donneront suite : Baby Oopsie 2 : Murder Dolls et Baby Oopsie 3 : Burn Baby Burn.

 

© Gilles Penso


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