Le réalisateur Barry Sonnenfeld et son excellent casting se réunissent pour une seconde aventure macabre parfaitement délirante…
ADDAMS FAMILY VALUES
1993 – USA
Réalisé par Barry Sonnenfeld
Avec Raul Julia, Anjelica Huston, Christopher Lloyd, Joan Cusack, Christina Ricci, Carol Kane, Jimmy Workman, Carel Struycken, Peter MacNicol
THEMA FREAKS I MAINS VIVANTES
On ne change pas une équipe qui gagne. Barry Sonnenfeld reprend donc du service pour les besoins de ce second opus qui pousse encore plus loin le délire, ce qu’annonce d’emblée son titre détournant une expression chère aux défenseurs des bonnes vieilles « valeurs familiales » américaines. Comme nous l’annonçait le final de La Famille Addams, la petite tribu menée par les irrésistibles Gomez et Morticia s’agrandit avec la naissance de Pubert, troisième rejeton du clan, un adorable bébé au visage blafard avec une moustache et des cheveux gominés ! Si cette arrivée ravit les parents, on ne peut pas en dire autant de Mercredi et Pugsley, tellement jaloux qu’ils fomentent des stratagèmes dignes de Vil Coyote dans les Looney Tunes pour se débarrasser de ce petit frère encombrant. Morticia fait donc appel à une baby-sitter pour lui prêter main-forte. Après un hilarant défilé de candidates refroidies par l’accueil glacial de Mercredi et Pugsley, une nouvelle venue se présente et remporte tous les suffrages. Il s’agit de la candide Debbie (Joan Cusack), dont le sex-appeal ne laisse pas indifférent l’oncle Fester. Bientôt une idylle improbable naît entre la nounou pétillante et le freak imberbe. Mais Debbie est en réalité un être vil appâté par le gain qui assassine tous ses maris pour récupérer leur fortune…
Manifestement plus libre de ses mouvements, Sonnenfeld se livre ici à un humour plus adulte, plus macabre et encore moins politiquement correct que dans le premier Famille Addams, quitte à consteller son film d’allusions sexuelles déviantes. Quelques gags référentiels ponctuent aussi le métrage, comme cette allusion au Silence des agneaux, ce jeu de cartes à collectionner consacré aux tueurs en série les plus célèbres de tous les temps, cette apparition de Peter Graves en présentateur d’émissions d’enquêtes policières, ce clin d’œil final à Carrie ou cette photo de Michael Jackson. Le « roi de la pop » avait d’ailleurs été engagé pour écrire et interpréter une chanson destinée au film, projet que des complexités contractuelles empêchèrent finalement. La chanson existe pourtant. Il s’agit de « Is it Scary », qui sera intégrée dans le court-métrage Ghost et dans l’album « History in the Mix ». Jackson et Sonnenfeld auront l’occasion de se retrouver très brièvement le temps d’un gag furtif de Men in Black II.
Les jolies colonies de vacances
Les Valeurs de la famille Addams confirme surtout la perfection de son casting. Quelles que soient les versions ultérieures, aucun des membres de la famille Addams ne trouvera meilleur interprète que Raul Julia (Gomez), Anjelica Huston (Morticia), Christina Ricci (Mercredi), Christopher Lloyd (Fester), Jimmy Workman (Pugsley), Carel Struycken (Lurch) ou Judith Malina (la grand-mère). Il faut aussi saluer la prestation savoureuse de Joan Cusack en veuve noire dégoulinante de duplicité. Comme dans le film précédent, l’intrigue tourne d’ailleurs autour des problèmes de Fester et de sa capacité à être manipulé par les femmes (sa fausse mère dans le film précédent, sa nouvelle épouse dans celui-ci). On se régale aussi de la présence du fabuleux Peter MacNicol (Ally McBeal, S.O.S fantômes 2), irrésistible en responsable de camp d’été pour ados qui, engoncé dans sa tenue ridicule de chef scout étriqué, gesticule et se heurte aux facéties morbides de Mercredi et Pugsley. Cette colonie de vacances donne une fois de plus l’occasion à Sonnenfeld de moquer la bien-pensance et le racisme feutré de la « bonne société » américaine. Le film sera endeuillé par la mort de Raul Julia, formidable Gomez qui souffrit beaucoup de sa maladie pendant le tournage et s’éteignit quelques mois après la sortie en salles des Valeurs de la famille Addams, juste avant une dernière apparition posthume dans Street Fighter.
© Gilles Penso
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