Paul Newman et Jacqueline Bisset s’allient à un casting de superstars pour affronter la monstrueuse éruption d’un volcan sur une île du Pacifique…
WHEN TIME RAN OUT…
1980 – USA
Réalisé par James Goldstone
Avec Paul Newman, Jacqueline Bisset, James Franciscus, William Holden, Barbara Carrera, Ernest Borgnine, Burgess Meredith
THEMA CATASTROPHES
Irwin Allen est le producteur de deux des plus grands films catastrophes de tous les temps : L’Aventure du Poséidon et La Tour infernale. Au tout début des années 80, alors que cette vogue commence à sérieusement décliner, il tente de varier les plaisirs en s’appuyant très librement sur le roman « The Day the World Ended » de Gordon Thomas et Max Morgan Witts, qui décrivait sous un angle quasiment documentaire la terrible éruption du Mont Pelé en Martinique. Le scénario du film, lui, se situe sur une île touristique du Pacifique et prend le temps de nous présenter une poignée de protagonistes et leurs histoires intimes avant que n’éclate le drame, conformément aux conventions immuables du genre. Nous apprenons ainsi que le businessman prospère Shelby Gilmore (William Holden) veut épouser son assistante Kay Kirby (Jacqueline Bisset), mais que celle-ci ne peut pas s’engager parce qu’elle vit une relation complexe avec l’ingénieur Hank Anderson (Paul Newman). Pendant ce temps, la belle polynésienne Iolani (Barbara Carrera) décide de repousser la date de son mariage, au grand dam de son fiancé Brian (Edward Albert), car elle a une liaison avec le scientifique Bob Spangler (James Franciscus), lui-même en couple avec Nikki (Veronica Hamel) !
Nous nageons donc en plein soap opera sur fond de tropiques. Cet imbroglio amoureux verse volontiers dans la caricature et n’incite guère à l’implication des spectateurs, malgré un casting extrêmement solide dominé par le charisme magnétique toujours intact de Paul Newman. A ce jeu des chaises musicales sentimentales viennent s’ajouter d’autres préoccupations. Un puits de pétrole vient ainsi de donner d’excellents résultats sur l’île, mais l’activité sismique souterraine est inquiétante. Faut-il poursuivre le forage ou tout stopper ? Paul Newman, qui a déjà vécu les tourments de La Tour infernale, craint que le grand volcan en sommeil qui se dresse à l’horizon n’entre en éruption. James Franciscus, qui affrontait des dinosaures dans La Vallée de Gwangi et des gorilles virulents dans Le Secret de la planète des singes, pense au contraire qu’il ne faut pas s’alarmer. C’est évidemment le premier qui a raison. Le désastre survient au beau milieu du film, à grand renfort de maquettes, d’effets pyrotechniques, de matte paintings et d’incrustations qui ne parviennent pas toujours à nous convaincre de leur réalité, à cause d’un budget limité.
Magma mia !
Car si Irwin Allen peut se payer une poignée de superstars qu’il a encore sous contrat, il lui faut resserrer les cordons de la bourse du côté des effets spéciaux. Le vétéran L.B. Abbott et son équipe font donc ce qu’ils peuvent avec les moyens à leur disposition. Le problème, c’est que les acteurs eux-mêmes ne semblent qu’à moitié convaincus par ces explosions de magma, ces tsunamis, ces pluies incandescentes et ces coulées de lave, visiblement pressés d’honorer au plus vite l’engagement qui les lie au producteur pour pouvoir passer à autre chose. Surtout habitué à la télévision (Au-delà du réel, Le Fugitif, Voyage au fond des mers, Star Trek), même s’il s’était déjà frotté au genre catastrophe avec Le Toboggan de la mort en 1977, le réalisateur James Goldstone emballe les scènes d’action, de suspense et de cascades (la cohue qui provoque un crash d’hélicoptère, la traversée du pont au-dessus de la lave) avec soin mais sans génie et livre un long-métrage très générique qui serait sans doute passé inaperçu sans ses têtes d’affiche. Résultat des courses : Le Jour de la fin du monde connaîtra un échec cuisant au box-office, ce qui aura deux conséquences majeures : la cessation des activités d’Irwin Allen pour le grand écran et la fin de la vogue du cinéma catastrophe amorcée au début des années 70.
© Gilles Penso
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