DEAD SILENCE (2007)

Après le coup d’éclat de Saw, James Wan et Leigh Whannell s’attaquent à une autre facette de l’horreur en convoquant une imagerie gothique…

DEAD SILENCE

 

2007 – USA

 

Réalisé par James Wan

 

Avec Ryan Kwanten, Donnie Wahlberg, Bob Gunton, Amber Valletta, Laura Regan, Steve Adams, Michael Fairman

 

THEMA JOUETS

Pour ceux qui n’avaient pas repéré dans Saw les références à l’univers de Dario Argento, ne voyant dans ce slasher atypique qu’une réadaptation gore des concepts de Seven et Cube, James Wan et Leigh Whannell semblent vouloir mettre les points sur les i avec Dead Silence dont le générique baroque, soutenu par une partition de Charlie Clouser très largement inspirée par les travaux du groupe Goblin (la mythique bande originale de Suspiria notamment), annonce clairement la couleur. Pourtant, ce n’est pas tant le réalisateur des Frissons de l’angoisse qui sert ici d’inspiration (malgré un hommage évident à Inferno au moment du climax dans le théâtre délabré) mais tout un pan du cinéma d’épouvante classique. Le film puise ouvertement son influence dans des œuvres telles qu’Au cœur de la nuit ou Magic. Mais face à de tels mastodontes, Dead Silence fait-il le poids ? Lorsque le film commence, Jamie (Ryan Kwanten) et son épouse Lisa (Laura Regan) reçoivent un cadeau sans savoir qui en est l’expéditeur : une poupée de ventriloque nommée Billy. Peu après, Lisa est retrouvée morte, la langue tranchée, et Jamie devient le suspect numéro un. Relâché faute de preuves, le jeune veuf découvre dans le paquet cadeau mystérieux un message concernant une certaine Mary Shaw. Il s’agit d’une défunte ventriloque originaire de sa ville natale, Raven’s Fair.

Le ton étant donné, James Wan et Leigh Whannell peuvent laisser l’intrigue avancer d’un cran et la faire lentement mais sûrement basculer vers le cauchemar. Lorsque Jamie revient à Raven’s Fair pour organiser les funérailles de Lisa avec un croque-mort local, Henry Walker (Michael Fairman), il retrouve son père Edward (Bob Gunton), qui se déplace en fauteuil roulant et vit avec une épouse beaucoup plus jeune que lui, Ella (Amber Valletta). Dans cette atmosphère trouble qui s’éloigne progressivement des codes du slasher classique pour tendre vers une épouvante plus gothique, plus « old school », notre héros se confronte à la légende urbaine des sortilèges de Mary Shaw (est-elle vraiment morte ?) et de ses poupées « vivantes », à la bigoterie inquiétante de l’épouse du croque-mort et à l’inspecteur de police Lipton (Donnie Wahlberg) qui l’a suivi jusqu’à Raven’s Fair et l’a toujours dans son collimateur…

Les poupées du diable

Convoquer l’imagerie des films de maisons hantées, des histoires à énigme façon Agatha Christie ou Edgar Wallace et des giallos des années 60/70 était une idée séduisante, permettant au duo Wan/Whannell de ne pas se contenter de surfer sur le succès de Saw. Mais ces belles intentions se heurtent à un scénario bardé d’incohérences et de clichés, à des personnages archétypaux (notamment le policier parfaitement improbable) et un twist final absurde. Où sont donc passées la rigueur et la méticulosité des deux cinéastes ? Certes, Wan reste un réalisateur talentueux attentif au moindre détail qui parvient à doter son film d’une superbe photogénie, à construire des moments d’angoisse efficaces et à jongler habilement avec les peurs d’enfance (dont le vecteur ici est bien sûr la collection de poupées inquiétantes). Mais Dead Silence reste très maladroit. Ses scores décevants au box-office annuleront d’ailleurs tout projet de suites. Whannell expliquera en grande partie cet insuccès par les nombreuses interférences du studio l’ayant contraint avec Wan à de trop nombreux compromis. Pour le coup, nous n’aurions pas été contre un director’s cut plus proche de leur vision initiale. Dead Silence servira tout de même de trait d’union entre les horreurs « réalistes » de Saw et celles – surnaturelles – d’Insidious qui, pour sa part, recevra un accueil beaucoup plus chaleureux de la part du public.

 

© Gilles Penso


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