Howard Hawks dirige Cary Grant, Marilyn Monroe et Ginger Rogers dans cette comédie fantastique où un singe invente par accident un élixir de jeunesse…
MONKEY BUSINESS
1952 – USA
Réalisé par Howard Hawks
Avec Cary Grant, Marilyn Monroe, Ginger Rogers, Charles Coburn, Hugh Marlowe, Henri Letondal, Robert Cornthwaite, Larry Keating
THEMA MÉDECINE EN FOLIE
Chérie, je me sens rajeunir ! s’inscrit dans un cycle de comédies américaines dont raffolait le cinéma des années 50, aux côtés des chefs d’œuvre de Billy Wilder ou Frank Capra. S’il reste encore dans les mémoires, aux côtés de ses prestigieux confrères de la grande époque, ce n’est pas tant pour la mise en scène d’Howard Hawks ou la prestation de Cary Grant (un duo que les spectateurs découvrirent dans un registre bien plus « sérieux » avec Seuls les anges ont des ailes treize ans plus tôt), ni même pour la présence pétillante et très glamour de Ginger Rogers et Marilyn Monroe (cette dernière, dans un second rôle, était alors sur le point de devenir une superstar), mais surtout pour l’argument fantastique qui anime son scénario, co-écrit par un trio d’auteurs prestigieux : Ben Hecht (Scarface, Les Enchaînés), Charles Lederer (La Chose d’un autre monde, Les Hommes préfèrent les blondes) et I.A.L. Diamond (Certains l’aiment chaud, La vie privée de Sherlock Holmes). Monkey Business étant aussi le titre d’un film des Marx Brothers sorti en 1931 (qui fut logiquement traduit en France par Monnaie de singe), Chérie, je me sens rajeunir est souvent cité sous l’appelation Howard Hawks’ Monkey Business aux États-Unis, ce qui évite la confusion tout en dotant le film d’une patine de prestige grâce au nom de son réalisateur. Les distributeurs belges, de leur côté, choisiront Fais pas le singe !
Cary Grant incarne le docteur Barnaby Fulton, un scientifique distrait qui travaille pour la société chimique Oxley et tente de mettre au point un élixir de jouvence, sous les encouragements enthousiastes de son patron, Oliver Oxley (Charles Coburn). Or c’est Esther, l’un des chimpanzés de Barnaby, qui va trouver la formule miracle par accident. Le singe s’échappe du laboratoire, mixe au hasard toutes sortes de produits liquides avant de verser le mélange dans un distributeur d’eau potable, au cours d’une des séquences les plus drôles du film. Ignorant les frasques d’Esther, Barnaby teste sa dernière concoction expérimentale sur lui-même et l’arrose avec l’eau de la fontaine. Le voilà qui commence bientôt à se comporter comme un jeune homme de 20 ans et passe la journée en ville avec la secrétaire de son patron, Lois Laurel (Marilyn Monroe). Lorsque la femme de Barnaby, Edwina (Ginger Rogers), apprend que l’élixir « fonctionne », elle en boit à son tour avec l’eau de la fontaine et se transforme en écolière farceuse… A partir de là, évidemment, la situation devient incontrôlable.
Singeries
Le moteur comique du film repose donc sur un quiproquo (on attribue les effets de jouvence à la formule en réalité inefficace du savant maladroit) et sur les rajeunissements eux-mêmes. Ceux-ci s’opèrent mentalement, sans altérer le physique des gens touchés, et nous valent quelques séquences savoureuses comme l’escapade de Cary Grant avec la pétillante Marilyn, la nuit que passent les époux à l’hôtel ou encore la réunion très officielle dans laquelle le savant et son épouse agissent comme des enfants turbulents de dix ans. Après un final frénétique au cours duquel tout le monde rajeunit tandis que le singe décidément impétueux voltige dans le laboratoire comme s’il était au cœur de la jungle, les choses rentrent à peu près dans l’ordre. Contrairement à ce qu’on aurait pu imaginer, Chérie, je me sens rajeunir ! ne fit pas l’objet d’un remake, malgré le gros potentiel de son concept propice à toutes les variantes. En revanche, son argument fantastique inspira partiellement le scénario du Cocoon de Ron Howard, qui le recycla avec bonheur sous un angle plus frontalement rattaché à la science-fiction.
© Gilles Penso
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