Dans ce remake raté de l’excellent Ce que veulent les femmes de Nancy Meyers, Taraji P. Henson essaie en vain de nous faire rire…
WHAT MEN WANT
2019 – USA
Réalisé par Adam Shankman
Avec Taraji P. Henson, Aldis Hodge, Josh Brener, Erykah Badu, Richard Roundtree, Tracy Morgan, Shane Paul McGhie, Pete Davidson, Auston Jon Moore
THEMA POUVOIRS PARANORMAUX
C’était de toute évidence une fausse bonne idée. Mais les voies du box-office sont impénétrables. Sorti en 2000, Ce que veulent les femmes est un gigantesque succès qui remplit les salles de cinéma et les tiroirs-caisses. Les clefs de sa réussite ? Un concept résolument original, un casting de premier ordre, un scénario ciselé au millimètre et une mise en scène tout en subtilité. Initié en 2017 par la Paramount, le remake officiel de ce parfait croisement entre la comédie romantique et le conte fantastique (après plusieurs imitations produites un peu partout dans le monde) se contente de conserver le premier élément – le concept – et d’oublier tout le reste. Car on ne peut pas vraiment dire que Ce que veulent les hommes se distingue par ses acteurs, son script ou sa réalisation. Les scénaristes Jas Waters et Tina Gordon Chism croient pourtant avoir trouvé l’idée du siècle en inversant les sexes. Cette fois-ci, ce n’est pas un homme qui lit les pensées des femmes mais le contraire. Pourquoi pas ? Encore eut-il fallu que cette redistribution des rôles permette d’enrichir le discours lié aux différences entre les raisonnements masculins et féminins tout en offrant de nouvelles situations comiques savoureuses. Il n’en est rien hélas.
Taraji P. Henson (qu’on a pu voir entre autres dans L’Étrange histoire de Benjamin Button et dans la série Empire) incarne ici Ali Davis, un agent sportif qui se démène dans un environnement presqu’exclusivement masculin et rêve d’une promotion chez Summit Worldwide Management qui lui passe finalement sous le nez. L’argument de son patron est sans appel : elle ne comprend pas assez comment pensent les hommes. Le soir de l’enterrement de vie de jeune fille d’une de ses amies, elle rencontre une médium excentrique (Erykah Badu, en parfaite émule de Whoopi Goldberg dans Ghost) qui lui fait absorber un thé aux vertus étranges. Plus tard dans la soirée, alors qu’elle s’agite sur la piste de danse, elle se cogne la tête et perd connaissance. À son réveil, Ali se découvre une incroyable capacité : elle est désormais capable d’entendre les pensées intimes de tous les hommes qu’elle croise…
Ce que veulent les spectateurs ? Un bon film…
Si Nancy Meyers se livrait à une analyse fine de la psychologie féminine et de son apparente incompatibilité avec le mode de pensée masculin, le réalisateur Adam Shankman se contente d’enfoncer les portes ouvertes en accumulant tous les lieux communs sans une once de demi-mesure. Au comique de situation du film original, ce remake préfère l’humour gras, les gags situés en dessous de la ceinture, la vulgarité, l’excès et la caricature. Pire : il transforme son héroïne en nymphomane égoïste et hystérique qui ne suscite pas la moindre empathie. Le fait que Taraji P. Henson ne semble pas du tout dirigée par son metteur en scène, se livrant de fait à des numéros en roue libre tous plus embarrassants les uns que les autres, n’arrange évidemment pas les choses. Dans le film original, le machisme primaire de Mel Gibson nous touchait parce qu’il s’agissait en réalité d’une carapace masquant des failles et un évident manque d’assurance. Rien de tel ici. Ali se comporte en dépit du bon sens, dans l’espoir vain que ses mimiques outrancières et sa gestuelle balourde fassent rire les spectateurs. Pour couronner le tout, Ce que veulent les hommes accumule tant de clichés idiots qu’il finit par devenir ce qu’il semblait vouloir dénoncer : misogyne, raciste, homophobe et sexiste. Un sacré palmarès !
© Gilles Penso
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