ULTIMATE GAME (2009)

Dans le futur, la technologie des jeux vidéo permet de piloter à distance des condamnés à mort pour qu’ils s’entretuent en direct sur Internet…

GAMER

 

2009 – USA

 

Réalisé par Mark Neveldine et Brian Taylor

 

Avec Gerard Butler, Michael C. Hall, Zoe Bell, Milo Ventimiglia, Alison Lohman, John Leguizamo, Logan Lerman, Amber Valletta

 

THEMA FUTUR

Amateurs de concepts forts et d’action mouvementée, Mark Neveldine et Brian Taylor se sont fait connaître en réalisant le thriller ultravitaminé Hypertension. Avec l’appui de la compagnie Lakeshore Entertainment, ils s’attaquent ensuite à un long-métrage de science-fiction déclinant les concepts de Rollerball et du Prix du danger pour les adapter aux préoccupations numériques des années 2000 : l’omniprésence des réseaux sociaux, les perfectionnements des jeux vidéo, la création d’univers virtuels réalistes et la vie par procuration partagées par de nombreux utilisateurs d’Internet. Le premier titre choisi est tout simplement Game (« jeu »), puis Citizen Game (histoire de cligner très subtilement de l’œil vers le chef d’œuvre d’Orson Welles !) et finalement Gamer (« joueur »). Les distributeurs français, eux, optent pour un faux titre américain qui sonne bien, évoquant à la fois l’univers des jeux vidéo et celui des sports de combat extrêmes. Armés d’un confortable budget de 50 millions de dollars, Neveldine et Taylor plantent leurs caméras à Albuquerque, au Nouveau-Mexique, pour un tournage de 53 jours placé sous le signe de l’action ininterrompue, du gros spectacle, de la pyrotechnie, des cascades et des fusillades à répétition. Ultimate Game entend bien en mettre plein la vue aux spectateurs et assume pleinement cette ambition primaire.

L’histoire se déroule en 2034, donc dans un futur relativement proche. La technologie des jeux vidéo a tellement évolué qu’il est désormais possible pour des joueurs en ligne de manipuler de véritables êtres humains à distance afin de leur faire vivre des aventures musclées et dangereuses. C’est ainsi que le milliardaire Ken Castle (Michael C. Hall, Dexter en personne) parvient à mettre sur pied « Slayers », le divertissement ultime. Dans ce nouveau jeu, des condamnés à mort sont guidés par des joueurs et s’entretuent lors de combats diffusés sur les écrans du monde entier. S’ils parviennent à survivre à trente épreuves, ils peuvent regagner leur liberté. Aujourd’hui, la star de « Slayer » s’appelle John Tillman (Gerard Butler), mais tout le monde le connaît sous son avatar de Kable. C’est Simon Silverton (Logan Lerman), un ado blasé et pourri gâté, qui est chargé de le piloter. Kable a déjà survécu à 28 combats, mais combien de temps va-t-il encore tenir ?

Mortel combat

Le casting est l’un des points forts d’Ultimate Game. Non que les acteurs aient grand-chose à défendre en termes d’émotions, de sentiments ou de profondeur. Ils auraient même tendance à assurer le service minimum. Mais chacun d’eux colle parfaitement au rôle qui lui est assigné et l’endosse à la perfection. Encore associé au redoutable roi Leonidas qu’il incarnait dans 300, Butler est l’interprète idéal de la brute au grand cœur Kable tandis que Michael C. Hall nous ravit sous la défroque du milliardaire génial, puéril et irresponsable. Côté mise en scène, Mark Neveldine et Brian Taylor mettent le paquet, stylisant à outrance leur travail qu’ils gorgent de références visuelles à l’univers du jeu vidéo, d’effets de montage nerveux, d’altérations de cadence de prise de vue, d’effets sonores pétaradants et de longs plans-séquence hérités des Fils de l’homme. Le résultat est moderne et vivifiant, certes, mais le film finit par se complaire dans l’artificialité que le scénario est censé dénoncer. Et l’on sent bien que l’ajout dans le récit des « Humanz », des pirates informatiques délivrant des messages de résistance à l’encontre d’un système qu’ils souhaitent dénoncer, ne sont qu’un élément narratif artificiel sans la moindre résonance politique. Spectaculaire, violent et sanglant, Ultimate Game se limite donc à une expérience en surface se révéler capable de susciter la moindre émotion.

 

© Gilles Penso


Partagez cet article