Peter Cushing enquête sur une série de morts mystérieuses dont le coupable se révèle être une femme papillon en quête de sang humain…
THE BLOOD BEAST TERROR
1968 – GB
Réalisé par Vernon Sewell
Avec Peter Cushing, Robert Flemyng, Wanda Ventham, Vanessa Howard, David Griffin, Glyn Edwards, William Wilde, Kevin Stoney, John Paul, Russell Napier
THEMA INSECTES ET INVERTÉBRÉS
Ce film d’épouvante britannique au budget minuscule et au titre très imagé est réalisé par Vernon Sewell (qui signait la même année le très psychédélique La Maison ensorcelée avec Christopher Lee, Barbara Steele et Boris Karloff) et écrit par l’habitué des productions Hammer Peter Bryan (Le Chien des Baskerville, Les Maîtresses de Dracula, L’Invasion des morts-vivants). À la fin du siècle dernier, dans la banlieue londonienne, plusieurs corps exsangues sont découverts. Parmi les personnes interrogées par la police se trouve le Professeur Mallinger (Robert Flemyng, remplaçant au pied levé Basil Rathbone qui vient de décéder). Ce dernier semble uniquement accaparé par l’état de santé apparemment fragile de sa fille Clare (Wanda Ventham, future mère de l’acteur Benedict Cumberbatch). En effet, celle-ci n’est autre que le fruit de l’une de ses manipulations génétiques et se mue à volonté en immense Sphinx à tête de mort assoiffé de sang humain… Lorsqu’elle se transforme en femme papillon, son look s’avère tellement ridicule qu’il aurait même fait rire les spectateurs des films de SF des années 50 : un masque en caoutchouc aux yeux globuleux surmontée d’une immense paire d’antennes !
Pour poursuivre tranquillement ses expériences bizarres, Mallinger se réfugie avec sa fille dans un coin de campagne isolé. Mais le policier Quennell (Peter Cushing), qui mène l’enquête avec une opiniâtreté digne de l’inspecteur Colombo, le suit à la trace, emmenant avec lui sa propre fille (Vanessa Howard), qui tombe bientôt sur un jeune chasseur de papillons aussi guilleret que celui de la chanson de Georges Brassens. À partir de là, le scénario se met à traîner en longueur, incapable de tenir la distance à partir d’un argument de base aussi mince. Manifestement inspiré par son collègue Frankenstein, notre savant décide bientôt de créer un mâle de la même espèce que sa fille afin qu’ils puissent convoler ensemble. Mais il finit par réaliser la tournure monstrueuse que prennent les choses. Hélas, il est bien trop tard pour faire machine arrière…
« C’est la morte saison ! »
Monté de manière très approximative, truffé d’ellipses bizarres, affublé d’une fin grotesque expédiée à la va-vite, Le Vampire a soif ne peut pleinement s’apprécier qu’au second degré, malgré les tentatives bien maladroites d’intégrer dans le film un personnage comique, en l’occurrence un employé de pompes funèbres qui multiplie les jeux de mots idiots (« c’est la morte saison ! ») en s’esclaffant grassement. Embarrassés par ce scénario stupide et par des conditions de tournage pénibles dues au manque de moyens du film (notamment des décors minuscules où ils peinent à trouver leur place), les acteurs reconnaîtront unanimement à ce film le statut de purge inassumable. Robert Flemyng ne se privera pas pour dire à quel point ce tournage fut détestable. Peter Cushing le classera pour sa part parmi les pires films de sa carrière. Mais à l’époque, ses motivations sont triviales : il accepte tout et n’importe quoi pour pouvoir payer les traitements médicaux coûteux de son épouse malade, la pauvre Helen qui succombera quelques années plus tard. On note que dans une scène du Vampire a soif, des acteurs jouent une représentation théâtrale faisant écho aux exactions des célèbres pilleurs de tombes William Burke et William Hare. Ironiquement, Vernon Sewell réalisera en 1972 Burke & Hare qui, comme son titre l’indique, est consacré à ces deux malfrats de sinistre mémoire.
© Gilles Penso
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