SPHÈRE (1998)

Dustin Hoffmann, Sharon Stone et Samuel L. Jackson partent explorer un objet sphérique d’origine extra-terrestre enfoui sous les océans…

SPHERE

 

1998 – USA

 

Réalisé par Barry Levinson

 

Avec Dustin Hoffman, Sharon Stone, Samuel L. Jackson, Liev Schreiber, Peter Coyote, Queen Latifah, Marga Gomez, Huey Lewis, Bernard Hocke

 

THEMA EXTRA-TERRESTRES I MONSTRES MARINS

Le romancier-scénariste Michael Crichton étant devenu synonyme de succès depuis Jurassic Park, Twister et la série Urgences, tous ses romans se sont transformés l’un après l’autre en films, avec plus ou moins de bonheur. Publié en 1987 et considéré comme une source d’inspiration possible du Abyss de James Cameron, « Sphère » a donc connu à son tour les honneurs du grand écran sous la caméra de Barry Levinson, qui avait déjà adapté Crichton quelques années plus tôt en réalisant Harcèlements. Le scénario passe par de nombreuses étapes avant d’être définitivement rédigé par Paul Attanasio (Quizz Show, Donnie Brasco) que Levinson connaît bien puisque les deux hommes lancèrent en 1995 la série Homicide avant qu’Attanasio écrive le script de Harcèlements justement. Grâce à son aura, le réalisateur parvient à réunir un casting de rêve : Dustin Hoffmann (qu’il dirigea dans Rain Man), Sharon Stone (encore auréolée du succès de Basic Instinct), Samuel L. Jackson (qui tourne simultanément dans Jackie Brown pour Quentin Tarantino) mais aussi Liev Schreiber et Peter Coyote.

Tout commence par la découverte d’un gigantesque vaisseau spatial au fond des océans par l’armée qui, sous le commandement d’un officier aux intentions obscures (Coyote), met illico en place une équipe de scientifiques propre à prendre les mesures qui s’imposent face à une éventuelle présence extra-terrestre. Petit problème : le psychiatre qui mène l’équipe (Hoffman) n’est absolument pas formé pour une telle intervention, bien qu’il ait fait croire le contraire pour pouvoir publier un traité scientifique. Les autres membres du groupe qu’il a lui-même recommandés, une biochimiste (Stone), un mathématicien (Jackson) et astrophysicien (Schreiber), n’étant pas plus compétents dans le domaine des aliens, la mission est plutôt mal partie. A l’intérieur du vaisseau se trouve une immense sphère réfléchissante aux propriétés inconnues. Bientôt, les conditions climatiques s’aggravent, des monstres marins assiègent la station sous-marine et une inquiétante paranoïa naît au sein de l’expédition…

Le plongeon

Sphere démarre sur des chapeaux de roue et met immédiatement en évidence ses indiscutables qualités formelles : une mise en scène millimétrée, des acteurs convaincants, une très belle partition d’Elliot Goldenthal, une photo soignée d’Adam Greenberg (Terminator) renforçant le caractère claustrophobique des lieux… Tout part donc sous les meilleurs auspices. Le sentiment d’angoisse et d’inquiétude qui s’installe peu à peu reste extrêmement efficace, ponctué de séquences choc comme l’attaque d’un des membres de l’équipage par des méduses géantes, ou le surgissement de serpents marins agressifs. Mais peu à peu, il nous semble percevoir une indécision sur le chemin qu’emprunte le film. Partagé entre sa tendance à aborder le sujet sous un angle avant tout psychologique (ces monstres du subconscient évoquent Planète interdite et Event Horizon) et son envie d’inscrire le récit dans un cadre visuellement spectaculaire, Sphère semble ne plus trop savoir ce qu’il veut nous raconter. Les nombreuses mésententes entre la production (cherchant à tout prix à réduire le budget quitte à dénaturer le film en cours de préparation) et Barry Levinson (parti tourner un film plus modeste avec Dustin Hoffman et Robert de Niro, Des hommes d’influence, le temps de trouver un accord définitif avec Warner Bros) n’aident évidemment pas Sphère qui trahit par son manque de cohérence et de fluidité les luttes intestines qui présidèrent à sa création. Reste donc un film ambitieux, prometteur et frustrant qui n’est sans doute que l’ébauche de ce qu’il aurait vraiment dû être.

 

© Gilles Penso


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