Un petit groupe d’employés municipaux se retrouve pour une session de « team building » qui bascule dans l’horreur…
KONFERENSEN
2023 – SUÈDE
Réalisé par Patrik Eklund
Avec Katia Winter, Eva Melander, Adam Lundgren, Lola Zackow, Cecilia Nilsson, Cristoffer Nordenrot, Maria Sid, Amed Bozan, Jimmy Lindstöm, Margatera Pettersson
THEMA TUEURS
Adapté du roman éponyme de Mats Strandberg, Séminaire est une production calibrée pour enrichir le catalogue horrifique de Netflix. Depuis longtemps, l’incontournable plateforme de streaming investit dans les films de genre de toutes nationalités, avec plus ou moins de succès. Si l’ADN du géant américain reste la diffusion et la production de séries, avec de très beaux succès critiques et publics comme Stranger Things ou Squid Game, ses films « maison » peinent encore à convaincre et constituent une sorte de plafond de verre que la marque au N rouge n’arrive pas à briser, malgré la présence de grands noms comme David Fincher, Martin Scorsese ou encore Zack Snyder dans leur écurie. Pourtant, en 2017, Okja, fable écologiste et fantastique produite par la firme californienne, avait su créer la surprise et susciter l’adhésion des critiques et des abonnés. Depuis, l’exploit ne semble plus vouloir se renouveler. Cependant, il arrive parfois qu’un de ces films fasse parler de lui sur les réseaux, comme Massacre à la tronçonneuse (2022), avec sa séquence gore dans un bus, ou Séminaire, justement, pour son ton sarcastique sur le monde du travail.
Le métrage de Patrik Eklund possède quelques atouts pour plaire. Il peut déjà compter sur un casting expérimenté avec Katia Winter, vue notamment dans les séries américaines extrêmement populaires Dexter et NCIS, Adam Lundgren (Chernobyl) ou encore Eva Melander (Real Humans : 100% humains), et s’appuyer sur son point de départ plutôt original pour un slasher : pas de groupe d’ados attardés mais des employés de mairie, guère plus intelligents au demeurant. En rase campagne, cette équipe municipale quelque peu dysfonctionnelle se retrouve dans un complexe hôtelier pour un séjour de team building et la célébration d’un projet de construction d’un centre commercial. Mais alors que les activités s’enchaînent, une des employées met au jour les malversations d’un de ses collègues, tandis qu’un tueur masqué commence à semer la mort autour d’eux…
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Les premières minutes annoncent déjà la couleur : aucun de ces personnages naviguant entre incompétence, stupidité et ambition veule n’est à sauver, hormis peut-être l’héroïne. Le propos est résolument cynique, propulsant le film dans la farce macabre. Les futures victimes du tueur masqué sont toutes détestables et caricaturales, comme en atteste la drôlissime introduction, avec ce malaise propre à un certain humour anglais. Et ce décalage frisant l’absurde par moments va hanter le récit, même dans les scènes les plus dramatiques. Les protagonistes, parqués dans des chalets rappelant Crystal Lake, vont devoir affronter cette menace qui, avouons-le, ne brille pas non plus par son efficacité. On est loin d’un Jason Voorhees ou de The Shape et le scénario, de manière assez maligne, le justifie très bien. La toile de fond mêlant corruption, malversations et mépris de la population rurale nous ferait presque prendre parti pour ce tueur qui, le temps d’une courte séquence, s’humanise plus que ceux qu’il poursuit sans relâche. Et si tous ces éléments spécifiques sont à mettre à son crédit, Séminaire reste somme toute assez classique dans son exécution et plutôt sage dans les séquences horrifiques. N’offrant pas de scènes particulièrement mémorables ou réellement effrayantes, la réalisation est néanmoins efficace et sait ménager quelques belles fulgurances dans son dernier tiers, grâce à une photographie et un montage pertinents. Avec une fin cruellement satisfaisante, ce petit film d’horreur au ton parfois inégal et au démarrage relativement lent propose un excellent moment, sinon de frisson, au moins de sourire un peu cynique devant ce massacre d’employés idiots et antipathiques.
© Christophe Descouzères
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