Stephen King imagine l’incursion d’une équipe de scientifiques dans une maison hantée dont l’architecture ne cesse de changer…
ROSE RED
2002 – USA
Réalisé par Craig R. Baxley
Avec Nancy Travis, Matt Keeslar, Kimberly J. Brown, Judith Ivey, Melanie Lynskey, Matt Ross, Julian Sands, David Dukes
THEMA FANTÔMES I SAGA STEPHEN KING
Stephen King a toujours été fasciné par les maisons hantées et voue une admiration sans borne à La Maison du diable de Robert Wise mais aussi au roman de Shirley Jackson dont il s’inspire. Cette fascination le pousse à écrire le scénario de Rose Red, qu’il souhaite proposer à Steven Spielberg. Mais les deux hommes ne s’entendent pas sur la tournure du récit et le projet traîne. Pas démonté pour autant, King décide de se remettre au travail en remaniant son scénario. Il est soudain interrompu par un accident qui manque de lui coûter la vie. Une voiture le heurte de plein fouet et le laisse dans un bien piteux état (un épisode qu’il racontera à sa manière dans la série Kingdom Hospital). Cloué au lit, King termine le scénario de Rose Red en un mois. « Je me servais du travail comme d’une drogue, en fait, parce que ça fonctionnait mieux que tout ce qu’on me donnait pour calmer la douleur », raconte-t-il. « J’avais beaucoup de difficultés à tenir mon stylo 45 minutes par jour, mais reprendre le travail était vital, car il me fallait briser la glace d’une manière ou d’une autre » (1). Son script en poche, King propose à Craig R. Baxley (avec qui il avait collaboré avec bonheur sur La Tempête du siècle) de le porter à l’écran sous forme d’une mini-série de trois fois 85 minutes, à laquelle la chaine ABC alloue un budget de 35 millions de dollars.
La première scène de Rose Red n’est pas sans évoquer celle du roman « Carrie ». Une petite fille autiste, Annie Witton, dessine une maison qu’elle recouvre de ratures. Soudain, une pluie de pierres détruit une vraie maison qui ressemble trait pour trait à celle du dessin. Dix ans plus tard, Joyce Reardon (Nancy Travis), professeur d’université passionnée de parapsychologie, organise une étude de l’immense maison hantée Rose Red à Seattle. Avant même sa construction, le lieu a fait des victimes, premières d’une longue série. Aujourd’hui, la maison est considérée comme « endormie ». Joyce réunit une équipe de huit experts parmi lesquels se trouvent son petit ami Steve Rimbauer (Matt Keeslar), dernier descendant des propriétaires de Rose Red, ainsi qu’Annie Witton (que nous avons découverte dans le prologue et qui est incarnée par Kimberly J. Brown) et sa grande sœur Rachel (Melanie Lynskey révélée dans Créatures célestes). Mais Carl Miller (David Dukes), le directeur de l’université, voit d’un très mauvais œil les recherches de Joyce. Il parvient à lui faire retirer son poste et envoie un étudiant pour espionner l’équipe pendant leur séjour à Rose Red…
« Elle peut s’agrandir autant qu’elle le souhaite »
On le voit, le postulat est très proche de celui de La Maison du diable, auquel Rose Red ne cesse de rendre hommage. La demeure elle-même est très impressionnante. Dès l’entrée, une statue de diablotin surplombe les lieux. A l’intérieur, l’espace semble gigantesque. Fait curieux : l’architecture des lieux semble se réaménager au fur et à mesure. « Lorsque cette maison s’éveille et qu’elle trouve de l’énergie qui la nourrit, elle peut s’agrandir autant qu’elle le souhaite » dit à ce propos le parapsychologue Nick Hardaway (Julian Sands). Conçus par Maggie Martin, les décors sont superbes, avec une mention spéciale pour la bibliothèque miroir et la pièce « sens dessus dessous ». Si certains personnages frôlent la caricature (comme Emery Waterman, incarné par Matt Ross, qui ne cesse de geindre et de grimacer), le casting reste convaincant. L’élément le plus intéressant du téléfilm est d’ailleurs le changement de personnalité de Joyce, qui oublie peu à peu tout discernement tant elle est obsédée par l’étude de la maison, et se laisse visiblement contaminer par la folie de Rose Red. Bien plus réussi que le Hantise de Jan de Bont mais à mille lieues de la réussite de La Maison du diable, Rose Red se pare de maquillages spéciaux très efficaces signés Steve Johnson et d’une musique envoûtante de Gary Chang. Stephen King y fait une petite apparition comique dans le rôle d’un livreur de pizza.
(1) Extrait d’une interview publiée dans le Los Angeles Times en janvier 2002.
© Gilles Penso
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