Dans un futur dystopique, une guerre séculaire entre vampires et humains a poussé ces derniers à se réfugier dans des cités fortifiées…
Adapté d’un manhwa (manga coréen), Priest est co-scénarisé par l’auteur lui-même, Min-Woo Hyung, ainsi que par Cory Goodman, lequel œuvrera plus tard sur la franchise vampirique bien connue Underworld, avec l’opus Blood Wars (2016). Côté réalisation, on trouve un ancien spécialiste des effets visuels (Mars Attacks, Superman Returns, Sin City…), Scott Charles Stewart, passé derrière la caméra avec Légion, l’armée des anges (2009), comptant déjà Paul Bettany au générique. Avec son univers aux airs de western post-apocalyptique mâtiné de fantastique et de réflexion sur la religion, Priest baigne dans une noirceur qui le rapproche de la saga emmenée par Kate Beckinsale, mais aussi du tout premier métrage de Scott Stewart dans sa thématique théologique. Priest se voulait être le premier d’une nouvelle franchise, mais son échec au box-office, avec soixante-cinq millions de dollars de recettes pour un budget quasi-équivalent, en décidera autrement. Le film nous plonge dans un futur quasi-orwellien, après un conflit dévastateur tant pour l’humanité que pour son environnement, cloisonnant les survivants dans des cités-forteresses dirigées par l’Église, entité religieuse tutélaire et autoritaire. Sans plus aucun but après avoir mené la guerre contre les vampires, les prêtres-guerriers dont l’ordre a été dissous peinent à trouver une place dans une société qui les rejette et les tient à l’écart. Mais une brutale attaque de vampires et l’enlèvement d’une jeune femme va pousser l’un d’entre eux à affronter ses supérieurs et partir à la recherche de la captive…
Si l’esthétique est léchée, avec une photographie soignée, aux couleurs désaturées qui soulignent le désespoir de l’humanité poussée dans ses derniers retranchements, l’amateur de récit vampirique risque de rester quelque peu dubitatif face à cette nouvelle mouture du mythe des suceurs de sang. Car ici, exit la sensualité de la créature de Bram Stocker, telle qu’elle s’exprimait dans le Dracula de Coppola : les vampires sont des monstres informes qui évoluent en ruches, sous la coupe d’une reine que l’on apercevra au détour d’une scène mais dont on ne saura rien, puisque l’antagoniste véritable est un « hybride » humain-vampire. Le principal souci de cette adaptation est le manque de contextualisation, d’explication de l’univers présenté. On découvre, sans le moindre indice auparavant, les pouvoirs des prêtres qui défient les lois de la physique jusqu’à l’absurde. Il s’agit là de l’une des problématiques lorsqu’on adapte une œuvre qui compte une quinzaine de volumes et qui a le temps, elle, de déployer et détailler son univers. Priest ne dure que quatre-vingt-sept petites minutes et sacrifie donc beaucoup d’exposition pour se concentrer sur l’action, et reste par conséquent avant tout destiné aux fans du manhwa.
Pour les accrocs des crocs ?
Les effets visuels sont réussis, les scènes de combats également, même si elles souffrent d’inévitables comparaisons avec quelques prestigieux prédécesseurs tel que Blade. Le casting, Paul Bettany et Maggie Q en tête, tient l’ensemble, avec un Karl Urban peut-être un peu trop sous-exploité. Malgré tout, le film laisse le spectateur sur sa faim. Car après un excitant prologue sous forme de dessin animé, réalisé par Genndy Tartakovsky (Star Wars : Clone Wars, Primal : Tales of Savagery), la suite ne sera malheureusement jamais aussi sanglante, et la première apparition des vampires dans le film, conçue poue être une révélation, tombe à plat, par la faute même de ce prologue. Outre le manque d’exposition et de contexte pour les néophytes, l’histoire en elle-même, qui rappelle le principe du mythique western La prisonnière du désert (1956), est cousue de fil blanc et n’apporte aucune surprise. Priest reste donc un honnête film de vampires, stylisé et bien réalisé, mais qui s’adresse davantage aux fans de la bande dessinée dont il est issu qu’aux amateurs du genre.
© Christophe Descouzères
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