Ben Murphy incarne un agent secret décontracté capable de devenir invisible grâce à une montre électronique dernier cri…
GEMINI MAN
1976 – USA
Créée par Harve Bennett, Steven Bochco et Leslie Stevens
Avec Ben Murphy, Katherine Crawford, William Sylvester, Quinn K. Redeker, Jim Stafford, Quinn K. redeker, Cheryl Miller, Richard Dysart, Terry Kiser, Andrew Prine
THEMA HOMMES INVISIBLES
L’homme invisible est un personnage qu’on aime bien voir (enfin, façon de parler) revenir régulièrement sur les grands et les petits écrans. Après le chef d’œuvre de James Whale inspiré directement du roman de H.G. Wells et ses suites récréatives produites par le studio Universal, cet insaisissable protagoniste translucide (rapidement transformé en héros alors qu’initialement c’était un dangereux psychopathe) a conquis les petits écrans. Après une première série créée par Ralph Smart en 1958, L’Homme invisible revient en 1975 sous les traits de David McCallum. Jugée trop coûteuse, cette version ne dure que treize épisodes et s’interrompt, faute d’une audience suffisante. Mais les super-héros télévisés restent des valeurs sûres, notamment grâce aux exploits de Steve Austin dans L’Homme qui valait trois milliards. La chaîne NBC consent donc à redonner sa chance à l’homme invisible à condition de réduire considérablement ses effets spéciaux afin que le budget de chaque épisode soit raisonnable. La série précédente sollicitait en effet pas mal d’incrustations sur fond bleu et l’usage de masques en latex. Harve Bennett, Steven Bochco et Leslie Stevens trouvent donc une idée imparable : une montre qui permet, d’un simple clic, de devenir invisible. Un fondu enchaîné suffit donc pour que le héros disparaisse ou réapparaisse. Pour le reste, quelques objets suspendus par des fils transparents et des plans en caméra subjective feront l’affaire.
Acteur récurrent des séries Les Règles du jeu (1968), Opération danger (1971) et Griff (1973), Ben Murphy est choisi pour remplacer David McCallum. Cette fois-ci, le héros n’est plus un scientifique mais un espion intrépide, Sam Casey, au service d’une agence gouvernementale spécialisée dans la haute technologie, Intersect (contraction de « International Security Techniques »). Alors qu’il est en pleine mission sous-marine pour récupérer un satellite espion soviétique, il est exposé à des radiations et devient invisible. Ce pourrait être un atout inestimable pour un espion, mais Sam n’apprécie que moyennement l’idée que personne ne puisse jamais le voir. Fort heureusement, ses collègues d’Intersect sont des scientifiques géniaux qui mettent au point un moyen pour qu’il puisse gérer son nouveau super-pouvoir. Il s’agit d’une montre-bracelet spéciale qui stabilise l’ADN, mise au point par le docteur Abby Lawrence (Katherine Crawford). En appuyant sur un bouton de sa nouvelle montre électronique, Sam disparaissait totalement (son corps mais aussi ses vêtements, pour éviter que notre homme soit tout le temps en train de se déshabiller). Mais attention : il lui est impératif de redevenir visible avant que quinze minutes se soient écoulées, sinon… En fait on ne sait pas trop quelles seraient les conséquences de ce dépassement de temps (rester invisible à tout jamais, se désintégrer, mourir ?) mais on les imagine graves et définitives.
Quinze minutes chrono
Le gimmick de la montre qui fait « bip » et qui affiche le temps qui défile sur un écran digital est une trouvaille astucieuse. Non content d’être dans l’air du temps (les montres à quartz à cristaux liquides commencent alors à être commercialisées avec succès), ce gadget permet de jouer habilement avec le suspense lié aux dangereuses deadlines que rencontre Sam Casey en cours de mission. Va-t-il réussir à redevenir visible à temps sans se faire repérer ? Le choix de Ben Murphy en tête d’affiche est une autre idée judicieuse. Décontracté, l’œil égrillard et le sourire ravageur, l’acteur campe le plus sympathique des hommes invisibles et permet à la série d’assumer pleinement la légèreté de sa tonalité. Fi des tourments psychologiques, nous sommes là pour nous distraire sans pousser trop loin la réflexion, quitte à convoquer parfois quelques éléments de science-fiction excessifs comme le robot tueur qui sème la panique dans l’épisode « Minotaur ». Pourtant, Gemini Man n’aura pas plus de succès que L’Homme invisible qui le précéda. NBC annule même sa diffusion au bout de cinq épisodes seulement, alors que six autres ont été réalisés et n’attendent qu’à être vus par les téléspectateurs. La série recevra un accueil un peu plus chaleureux en Europe et peut désormais s’apprécier dans son intégralité grâce à sa sortie sur support DVD.
© Gilles Penso
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