ANDOR (2022)

La saga Star Wars nous montre sa face la plus sombre et la plus réaliste dans cette série qui précède les événements de Rogue One

ANDOR

 

2022 – USA

 

Créée par Tony Gilroy

 

Avec Diego Luna, Kyle Soller, Adria Arjona, Stellan Skarsgård, Fiona Shaw, Genevieve O’Reilly, Denige Gough, Faye Marsay, Varada Sethu, Andy Serkis

 

THEMA SPACE OPERA I SAGA STAR WARS

Dissipons tout de suite un doute : le Andor du titre de cette série Star Wars n’a rien à voir avec Endor, la planète des Ewoks qui fut le théâtre d’un affrontement homérique dans Le Retour du Jedi. La quasi-homonymie des deux mots est trompeuse. Car Andor est le nom de famille de Cassian, le héros incarné par Diego Luna qui jouait un rôle clé dans Rogue One et que nous retrouvons ici quelques années avant les événements décrits dans le film de Gareth Edwards. Contrairement aux séries précédentes dérivées de l’univers créé par George Lucas, l’imagerie habituelle n’est pas au rendez-vous. C’est une facette sombre et banalisée de la galaxie Star Wars que nous révèle Andor, loin des Jedi et des Siths. Les héros sont des ouvriers, des petits trafiquants, des traîne-misère. Tout le glamour habituellement rattaché à la saga semble s’être évaporé au profit d’ateliers poussiéreux, de chantiers insalubres, d’appartements minables, de bars louches et même de maisons closes. Quant à notre personnage principal, il prend dès le premier épisode les allures d’une petite frappe qui traîne dans les coins les plus louches de la galaxie et n’hésite pas à tuer de sang-froid ceux qui lui barrent la route.

Plusieurs flash-backs intercalés dans le cours de l’action nous permettent de comprendre qui est Cassian Andor. Jeune membre d’une tribu pacifique de la planète Kenary, il est le seul survivant d’un massacre perpétré par l’Empire. Sa mère adoptive, Maarva, l’élève comme son propre fils sur la planète Ferrix où elle a élu domicile en compagnie du droïde B2EMO, une machine vétuste et rouillée mais à la fidélité infaillible. Aujourd’hui, Cassian est un voleur peu scrupuleux qu’aucune ferveur n’anime et qu’aucun combat n’intéresse, en dehors de celui qui lui permet de survivre et de subsister au jour le jour. C’est à contre-cœur et bien malgré lui qu’il finit par rejoindre un groupe de rebelles organisés pour affaiblir l’inquiétante progression de l’Empire. Il vend simplement ses services et son savoir-faire comme un vulgaire mercenaire. Mais la tournure des événements va progressivement le pousser à prendre parti et à s’impliquer dans cette bataille aux enjeux politiques complexes.

L’armée des ombres

La série a ceci d’original qu’elle fait tomber de leur piédestal toutes les composantes de la saga imaginée par George Lucas pour les réexplorer sous un angle trivial. Plus qu’une assemblée de super-vilains casqués, l’Empire galactique est ici décrit comme une administration fasciste gangrénée par ses propres luttes de pouvoir et sa lourde bureaucratie. Les rebelles, de leur côté, n’ont pas l’allure de chevaliers sans peur et sans reproches mais de maquisards épars et désorganisés aux conditions de vie précaires chez qui règne souvent la discorde. Revisiter un monde qu’on croyait connaître sur le bout des doigts sous ce nouvel angle a quelque chose de fascinant, car à hauteur d’homme les notions de zèle, d’esprit de sacrifice, de manigances ou de courage prennent une dimension beaucoup plus palpable. Pour peu, nous oublierions que nous avons affaire à l’univers Star Wars. C’est dans la parfaite lignée de Rogue One que s’inscrit donc Andor. Ici, le « fan service » n’a pas droit de cité. À l’ambiance de western spaghetti déclinée dans The Mandalorian et Le Livre de Boba Fett, Andor préfère celle du thriller politique, du récit d’espionnage et du film de résistance. Servi par des effets visuels remarquables, une réalisation solide, des acteurs extrêmement convaincants et des scénarios bourrés d’audace, Andor est donc sans conteste l’une des déclinaisons les plus réussies et les plus surprenantes de cette bonne vieille Guerre des étoiles.

 

© Gilles Penso


Partagez cet article