KINGDOM HOSPITAL (2004)

Sous l’impulsion de Stephen King, ce remake américain de la série danoise L’Hôpital et ses fantômes décline plusieurs obsessions de l’écrivain…

STEPHEN KING’S KINGDOM HOSPITAL

 

2004 – USA

 

Créée par Stephen King

 

Avec Andrew McCarthy, Jack Coleman, Jodelle Ferland, Diane Ladd, Bruce Davison, Ed Begley Jr, Meagen Fay, Suki Kaiser

 

THEMA FANTÔMES I SAGA STEPHEN KING

Nombre de ses écrits ayant été adaptés pour le petit écran, Stephen King est de plus en plus attentif aux programmes télévisés, toutes nationalités confondues. Lorsqu’il découvre la série danoise L’Hôpital et ses fantômes, créée par le cinéaste Lars Von Trier, l’écrivain tombe sous le charme. Insolite et inclassable, cultivant un certain sens de l’absurde et flirtant parfois avec l’univers de David Lynch, la série est située dans le grand hôpital de Copenhague, dont nous apprenons qu’il est bâti sur d’anciens marais servant jadis aux blanchisseurs. Les séances de spiritisme sont monnaie courante dans les chambres, une ambulance fantôme fait régulièrement son apparition, des pleurs de bébé résonnent dans le plafond d’un ascenseur et les anesthésies s’effectuent sous hypnose. L’idée d’un remake américain de cette série germe dans l’esprit de Stephen King et se concrétise en 2004, avec la complicité du réalisateur Craig R. Baxley (La Tempête du siècle, Rose Red, Le Journal d’Ellen Rimbauer).

Suivant son modèle danois, le Kingdom Hospital est bâti sur les ruines d’un atelier de textile détruit par un incendie criminel pendant la guerre de Sécession. Presque tous les ouvriers en réchappèrent mais pas les enfants qui y travaillaient. Des spectres hantent désormais les sous-sols de l’établissement. On retrouve beaucoup d’éléments de la série initiale dans Kingdom Hospital : le couple trisomique qui s’occupe de la vaisselle et pressent des choses impalpables, les séismes qui frappent parfois le bâtiment, la vieille dame qui se fait hospitaliser pour pouvoir communiquer avec les esprits, la rivalité entre l’acariâtre chef de service de la neurochirurgie et son subordonné… Les noms de plusieurs personnages ont d’ailleurs été conservés. Mais Stephen King y greffe aussi de l’autobiographie, faisant même subir à l’un de ses personnages le même accident que celui dont il fut victime quelques années plus tôt. Ainsi, dans le premier épisode, un peintre s’adonnant au footing le long d’une petite route de campagne est renversé par une camionnette. La fiction imite tant la réalité (telle que King la vécut et la raconta par la suite) que l’effet miroir s’avère troublant.

Médecine parallèle

Le malade, son médecin et une médium tentent dès lors de percer le mystère qui couve derrière les murs du Kingdom Hospital, où le bien et le mal semblent vouloir s’affronter, et où apparaissent régulièrement Mary, la petite fille fantôme à la clochette, et un garçon monstrueux aux dents acérées… La réalisation de Kingdom Hospital est plus « propre » que celle de L’Hôpital et ses fantômes, évacuant son caractère volontairement brut et crasseux. Les éléments surnaturels y sont également plus immédiatement explicites, notamment le fantôme de la fillette qui, dès le début, apparaît sur les moniteurs de contrôle et dans les reflets des vitres, ou le surgissement régulier d’Anubis, un très impressionnant fourmilier conçu en images de synthèse par Image Engine Design Inc. On peut être tenté de préférer l’iconoclasme et la singularité de la série originale, mais Craig R. Baxley effectue là un travail de grande qualité et l’écriture de King (épaulé par Richard Dooling) tient la route.

 

© Gilles Penso


Partagez cet article