Un homme qui possède les capacités d’endosser n’importe quelle identité fuit une organisation occulte aux sombres desseins…
THE PRETENDER
1996/2000 – USA
Créée par Steven Long Mitchell et Craig W. Van Sickle
Avec Michael T. Weiss, Andrea Parker, Patrick Bauchau, Jon Gries, Harve Presnell, Richard Marcus, Paul Dillon, James Denton, Pamela Gidley, Ryan Merriman
THEMA POUVOIRS PARANORMAUX
Sans doute motivées dans leur démarche par le succès inespéré de X-Files, les fictions télévisées américaines des années 90 se sont volontiers teintées de paranoïa et d’une pointe de conspirationnisme (comme en témoignent des séries comme L’Homme de nulle part, Millenium ou The Outer Limits). C’est dans cet état d’esprit « on ne nous dit rien, on nous cache tout » que s’inscrit Le Caméléon. Steven Long Mitchell et Craig W. Van Sickle en ont l’idée en étudiant le cas réel d’un imposteur nommé Ferdinand Waldo Demara Jr. Cet homme surdoué s’était tour à tour fait passer pour un ingénieur, un policier, un gardien de prison, un docteur en psychologie, un avocat, un moine ou encore un chirurgien dans les années 40 et 50 (à côté de lui, même le Frank Abagnale Jr. d’Arrête-moi si tu peux est un petit joueur !). Si un film a déjà été consacré à cet homme en 1960 (Le Roi des imposteurs de Robert Mulligan avec Tony Curtis), les deux créateurs de la série Le Caméléon veulent aller beaucoup plus loin. Leur modèle réel n’est qu’un point de départ leur permettant de développer un concept à mi-chemin entre l’espionnage, le thriller et la science-fiction.
Le « caméléon » du titre (ou « celui qui prétend » dans la version originale) est Jarod (Michael T. Weiss), un homme doué de facultés intellectuelles surnaturelles lui permettant d’endosser n’importe quelle identité – avec tout le savoir, les compétences et l’expérience qui vont avec. Ce don unique au monde lui permet d’exercer tous les métiers (soldat, pilote, avocat, médecin). Alors qu’il était enfant, il a été kidnappé par une organisation occulte et mystérieuse, le « Centre », désireuse d’exploiter ses capacités dans un but inavoué. À l’âge adulte, il parvient à échapper aux griffes des savants qui font joujou avec son cerveau, hors de leur complexe situé dans la ville fictive de Blue Coven au cœur du Delaware. Désormais en cavale, il est pris en chasse par un trio que rien ne semble vouloir arrêter : Sydney (Patrick Bauchau), son ancien mentor avec qui s’est liée une relation quasi-filiale, Miss Parker (Andrea Parker), une femme fatale dont le passé est directement rattaché au « Centre », et Broots (Jon Gries), un expert en informatique…
L’homme aux mille visages
Si cette fuite permanente et cette organisation (gouvernementale ?) avide d’exploiter les pouvoirs paranormaux du héros peuvent faire penser au « Firestarter » de Stephen King, il faut surtout chercher l’inspiration du Caméléon du côté du Fugitif, la série séminale créée par Quinn Martin en 1963. La mécanique narrative est très proche. Dans chaque épisode, Jarod emprunte une nouvelle identité et joue les justiciers en permettant la résolution d’une série d’enquêtes (L’Incroyable Hulk de Kenneth Johnson se structurait de la même façon). Parallèlement, notre héros tente d’échapper à ses poursuivants, essaie d’en savoir plus sur son propre passé et cherche à lever le voile sur ce fameux « Centre ». Bien menée, généreusement chargée en suspense, la série bénéficie du magnétisme de son acteur principal, Michael T. Weiss, qui fut l’un des personnages récurrents du feuilleton Des jours et des vies (pendant 468 épisodes !) et prêtera sa voix au seigneur de la jungle dans la série animée La Légende de Tarzan. Dans le rôle des membres du « Centre » lancés à ses trousses, le charisme d’Andrea Parker et Patrick Bauchau font aussi quelques étincelles. Le Caméléon jouera le jeu du crossover avec la série criminelle Profiler, puis se prolongera avec deux téléfilms après son interruption en mai 2000.
© Gilles Penso
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