Zac Efron et Matthew Perry incarnent le même homme à vingt ans d’intervalle dans ce conte fantastique qui cultive le comique de situation…
17 AGAIN
2009 – USA
Réalisé par Burr Steers
Avec Zac Efron, Matthew Perry, Leslie Mann, Thomas Lennon, Tyler Steelman, Allison Miller, Sterling Knight, Michelle Trachtenberg, Adam Gregory, Hunter Parrish
THEMA SORCELLERIE ET MAGIE
Le concept de 17 ans encore n’est pas nouveau. Cette histoire d’un homme de 37 ans redevenant l’adolescent qu’il était vingt ans plus tôt reprend à l’identique celle du téléfilm Disney Young Again diffusé en 1986, avec un tout jeune Keanu Reeves dans l’un de ses premiers rôles. Les auteurs de ce script original sont Steven Hilliard Stern, David Steven Simon et Barbara Hall, qui ne sont bizarrement pas crédités au générique de 17 ans encore, son scénario étant uniquement attribué à Jason Filardi. Il s’agit pourtant clairement d’un remake. Les prémices évoquent aussi Big et 30 ans sinon rien, si ce n’est que cette fois-ci le processus est inversé : il n’est pas ici question d’un ado coincé dans le corps d’un adulte mais du contraire. On peut aussi penser à 18 again ! de Paul Flaherty, sorti en 1988, dans lequel un homme de 81 ans échangeait son corps avec son petit-fils de 18 ans, à Seventeen Again de Jeffrey W. Byrd et bien sûr à Retour vers le futur et Peggy Sue s’est mariée dont le film de Burr Steers reprend de nombreuses composantes. 17 ans encore part donc avec un sérieux handicap, celui de cultiver un effet de déjà-vu. Mais il a deux atouts de taille en poche : Zac Efron et Matthew Perry. Les deux acteurs, qui incarnent le même homme à vingt ans d’intervalle, permettent à cette comédie fantastique de sortir du lot… sans pour autant nous faire oublier ses nombreux prédécesseurs.
En 1989, Scarlet (Allison Miller), la petite amie de Mike O’Donnell (Zac Efron), athlète vedette de 17 ans, lui annonce qu’elle est enceinte, quelques instants avant le match de basket du championnat de son lycée qui devrait lui permettre de décrocher une bourse d’études. Mike joue les premières secondes du match avant de quitter le terrain pour aller chercher Scarlet, abandonnant ses espoirs d’aller à l’université et de faire une carrière prestigieuse. Vingt ans plus tard, Mike a 37 ans et le visage de Matthew Perry. Il trouve sa vie stagnante et ennuyeuse, abandonnant tous les projets qu’il entreprend. Scarlet (Leslie Mann), sa femme et la mère de leurs deux enfants, a demandé le divorce. Mike touche alors le fond : il démissionne après avoir été écarté d’une promotion qu’il pensait mériter et s’éloigne de ses enfants lycéens. Un soir, sur la route, au milieu de la pluie, il tombe dans une sorte de vortex… et redevient adolescent. Cette métamorphose va-t-elle lui permettre de réparer ses erreurs ? Ce qu’il découvre grâce à son visage rajeuni le trouble au-delà de toute mesure et participe grandement aux ressorts comiques du film : sa femme essaie de refaire sa vie, sa fille s’est entichée du gars le plus idiot du lycée et son fils se considère comme un raté. Mike aimerait se comporter en époux et en père… Mais il n’a que dix-sept ans.
Seconde chance
Le personnage de Ned, le meilleur ami geek de Michael, est incarné par un Thomas Lennon en grande forme et permet quelques gags absurdes liés à son addiction à la culture populaire et en particulier à Star Wars (il dort dans un lit qui a la forme de l’aéroglisseur de Luke Skywalker et se défend avec un sabre laser). C’est aussi par lui que passera l’incontournable séquence d’explication du phénomène, qui prend ici une tournure forcément absurde. « Es-tu présentement ou as-tu déjà été auparavant un dieu viking, un vampire ou un cyborg qui voyage dans le temps ? » demande-t-il à son ami avec un sérieux imperturbable, avant d’avancer la théorie du sortilège et du guide spirituel. Le concept va assez loin, jusqu’à aborder le risque de basculement dans l’inceste (dans une version inversée de ce que nous voyons dans Retour vers le futur). L’absence de Matthew Perry pendant une grande partie du film est justifiée par le scénario mais se révèle frustrante, même si Zac Efron fait de son mieux (et souvent avec un talent indiscutable) pour imiter ses mimiques de jeu et sa diction. On aurait tout de même aimé voir plus régulièrement le héros sous sa forme adulte, par quelque stratagème de mise en scène que ce soit. Au-delà de toutes les références filmiques citées en tête de cette chronique, il faut d’ailleurs en ajouter une : la sitcom Second Chance, dans laquelle Matthew Perry faisait ses débuts de star à l’âge… de 17 ans ! Le sujet ? Un adulte revient dans le passé pour se confronter à l’adolescent qu’il était et effacer ses erreurs passées. Il est tout de même troublant qu’un tel sujet ait jalonné ces deux périodes charnières de la carrière de Matthew Perry, qui fera avec 17 ans encore ses adieux au cinéma. Il réapparaîtra dans plusieurs séries (notamment Mr Sunshine, The Good Wife, Go On, The Odd Couple) jusqu’à son décès en octobre 2023.
© Gilles Penso
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