TRAIN EXPRESS POUR L’ENFER (1985)

Dans ce film à sketches fait de bric et de broc, Dieu et Satan discutent du bien et du mal en analysant trois cas de figure très étranges…

NIGHT TRAIN OF TERROR

 

1985 – USA

 

Réalisé par Jay Schlossberg-Cohen, John Carr, Philip Marshak, Tom McGowan et Gregg C. Tallas

 

Avec Gabriel Whitehouse, Tony Giorgio, Ferdy Mayne, John Philip Law, Richard Moll, Cameron Mitchell, Marc Lawrence, J. Martin Sellers, Merideth Haze

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS I DIEU, LES ANGES ET LA BIBLE

Si Train express pour l’enfer semble si décousu, c’est parce qu’il s’agit d’un bricolage combinant des éléments prévus initialement pour trois longs-métrages distincts : Cataclysm (tourné en 1980), Scream Your Head Off (en 1981) et Death Wish Club (en 1983). Aucun de ces projets n’ayant pu être mené à terme, les rushes furent réunis pour ne faire qu’un, sous forme d’un film à sketches co-signé par les cinq réalisateurs originaux. Le fil conducteur entre les trois histoires est assuré par Satan (Tony Giorgio en smoking noir, le sourire carnassier) et Dieu (Ferdy Mayne avec costume et barbe blanche, le regard bienveillant) qui voyagent ensemble dans un train. Tous deux devisent tranquillement du bien et du mal et analysent plusieurs cas d’humains ballotés entre les deux, tandis que des intermèdes musicaux mettent en scène un groupe de rock médiocre au look improbable. Le premier sketch, réalisé par John Carr, s’appelle « The Case of Henry Billings » et se situe dans un institut psychiatrique où s’enchaînent les agressions sexuelles, les mutilations, les meurtres et les trafics d’organes au sein d’une trame confuse et incompréhensible. Ce récit improbable dénué d’une chute digne de ce nom ne laisse augurer rien de bon.

Le deuxième sketch, « The Case of Gretta Connors », est également réalisé par John Carr. Une musicienne sans le sou et un étudiant en médecine tombent dans les bras l’un de l’autre. Mais un homme jaloux de cette romance décide de se venger en utilisant les stratagèmes les plus improbables possibles. Il les fait ainsi participer à une étrange séance de « roulette russe » dans laquelle le revolver est remplacé par une guêpe grosse comme un chat (une figurine animée image par image sans beaucoup de finesse) dont le dard est mortel. Les traits un peu grossiers de l’insecte géant ressemblent à ceux d’un démon tandis que la bande son la dote de cris bizarres. Lorsqu’une des victimes est piquée par le monstre, sa blessure enfle et explose en libérant une énorme gerbe de sang. Parmi les autres expériences absurdes auxquelles se livre l’amant éconduit, on note un ordinateur qui électrocute les gens ou une boule de démolition qui menace de les écraser. Une fois de plus, ce scénario sans queue ni tête s’achemine vers une fin absurde et laisse perplexe quant à la nature du long-métrage qui était censé naître de ces séquences.

Guêpe géante, ancien nazi et démon-araignée

La troisième est dernière histoire, « The Case of Claire Hansen », est la plus intéressante. Un vieil homme dont la famille a été massacrée pendant la guerre reconnaît un ancien nazi en voyant un chef d’orchestre à la télévision. Or cet homme semble ne pas avoir pris une seule ride en quarante ans. Ce segment regorge de séquences surréalistes, comme celle d’une statue de cinq mètres de haut qui prend soudain vie (animée en stop-motion par Anthony Doublin). Ses yeux s’allument, elle descend de son piédestal et écrase un homme sous son pied. Variante horrifique d’un des passages de Jason et les Argonautes, cette scène très graphique est un peu gâchée par la figurine censée représenter la victime humaine, peu soignée et aux proportions évasives. Le problème est le même lorsqu’apparaît un autre démon en animation, un monstre humanoïde aux yeux brillants monté sur un corps d’araignée qui surgit du sol, attrape un moine et l’entraîne sous terre avec lui. L’abondance de créatures diaboliques de ce type égaie un peu cet ultime segment sans pour autant faire excessivement monter le niveau qualitatif de cette anthologie trop peu soignée pour convaincre, malgré son recours au gore et à la nudité pour tenter de réveiller le public de sa torpeur. Voilà sans doute pourquoi Train express pour l’enfer a sombré dans l’oubli.

 

© Gilles Penso


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