MAC ET MOI (1988)

Une imitation improbable de E.T. mise en scène par le réalisateur de Philadelphia Experiment et financée par McDonald’s et Coca Cola…

MAC AND ME

 

1988 – USA

 

Réalisé par Stewart Raffill

 

Avec Jade Calegory, Christine Ebersole, Jonathan Ward, Lauren Stanley, Katrina Caspary, Vinnie Torrente

 

THEMA EXTRA-TERRESTRE

Futur producteur de L’Expert, Soldier et Ocean’s Eleven, R.J. Louis pense flairer la bonne affaire à la fin des années 1980. Après avoir travaillé sur plusieurs campagnes publicitaires pour McDonald’s, il propose à la célèbre marque de fast food de s’impliquer dans un projet de long-métrage, en échange de plusieurs placements produits bien visibles à l’écran. La multinationale accepte, tout comme Coca Cola qui joue le jeu à son tour. Avec ces emblèmes de la malbouffe à ses côtés, le producteur n’a plus qu’à trouver un sujet de film susceptible d’attirer le grand public en salles, toutes générations confondues. Il ne lui faut pas longtemps pour penser au succès phénoménal de E.T. l’extra-terrestre, encore dans toutes les mémoires, et de décider de mettre sur pied une imitation. Réalisateur éclectique ayant signé plusieurs films familiaux et quelques sympathiques séries B de science-fiction comme Ice Pirates et Philadelphia Experiment, Stewart Raffill est aussitôt embauché. « J’ai été engagé à la dernière minute », se souvient-il. « Le producteur m’a convoqué dans son bureau. Toute son équipe était déjà là, prête à tourner. J’ai demandé à voir le scénario, ce à quoi il m’a répondu : “Nous n’avons pas de scénario. C’est à vous de l’écrire. Il va falloir s’y mettre rapidement, alors commencez à préparer le film et écrivez pendant les week-ends“ ! » (1)

On ne s’étonnera donc pas du caractère improbable du scénario de Mac et moi, co-écrit par Stewart Raffill et Steve Feke (Terreur sur la ligne, Poltergeist III). Une famille entière de la planète Lapedus est accidentellement absorbée par une sonde spatiale. En revenant sur Terre, cette sonde s’ouvre et libère quatre petits extra-terrestres devant des savants qui n’en croient pas leurs yeux. Les créatures s’échappent en empruntant les conduits d’aération et réapparaissent dans le désert. Or leur fils a disparu. Il a en effet été retrouvé par la famille Cruise. La mère, Janet (Christine Ebersole), emmène ses deux fils Michael (Jonathan Ward) et Eric (Jade Calegory) vers leur nouvelle maison. Handicapé, Eric découvre le petit alien avec lequel il se lie d’amitié et qu’il appelle Mac (acronyme de « Mysterious Alien Creature », soit créature extraterrestre mystérieuse). Par télépathie, Mac reçoit des messages de détresse de sa famille. Eric, Michael et Debbie (Lauren Stanley) vont tout faire pour l’aider à retrouver les siens, mais ils sont surveillés par des agents du gouvernement…

Mad Mac

Raffill a donc respecté scrupuleusement les consignes de son producteur : reprendre scène par scène le scénario de E.T. et y adjoindre quelques séquences musicales pop pour plaire aux adolescents. Comme si la démarche plagiaire ne suffisait pas elle-même à considérer Mac et moi avec embarras, le film montre avec tant d’insistance les logos de McDonalds et de Coca Cola qu’il finit par prendre les allures d’un spot publicitaire géant. Et que dire du look de ce bébé alien ? Cette marionnette aux allures de baudruche en plastique affublée d’yeux exorbités et d’une bouche en cul de poule est-elle vraiment censée nous faire croire à ses origines extra-terrestres ? La seule véritable originalité du film est d’avoir donné la vedette à un enfant handicapé, incarné par un jeune acteur véritablement immobilisé sur un fauteuil roulant. La démarche est intéressante, même si elle n’apporte rien d’un point de vue narratif et donne même naissance à un gag involontaire. La scène où le fauteuil dévale d’une falaise et tombe dans l’eau est en effet devenue un des moments favoris des amateurs d’humour au second degré. L’acteur Paul Rudd lui-même dégaine sans cesse cet extrait sur les plateaux télévisés où on l’invite. On note la présence très discrète d’une figurante encore inconnue dans une scène de parking anodine : Jennifer Aniston. Malgré ce que promet la fin du film (un arrêt sur image avec l’inscription du texte « Nous reviendrons ! »), aucune suite ne fut donnée à Mac et moi à cause de ses résultats décevants au box-office. Nous l’avons échappée belle !

 

(1) Extrait d’une interview publiée sur le site Slashfilm en juillet 2016

 

© Gilles Penso


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