LE PIC DE DANTE (1997)

Pierce Brosnan et Linda Hamilton affrontent la furie d’un volcan en éruption dans une petite ville américaine réduite en cendres…

DANTE’S PEAK

 

1997 – USA

 

Réalisé par Roger Donaldson

 

Avec Pierce Brosnan, Linda Hamilton, Charles Hallahan, Grant Heslov, Elisabeth Hoffman, Jamie Renée Smith, Jeremy Foley

 

THEMA CATASTROPHES

Après avoir écrit Daylight, le scénariste Leslie Boehm poursuit dans la veine du film catastrophe avec Le Pic de Dante, un récit de volcan dévastateur produit par Gale Anne Hurd. Cette dernière, complice de longue date de James Cameron, fait appel à une actrice qu’elle connaît bien pour tenir le haut de l’affiche : Linda Hamilton. Le partenaire masculin qui donnera la réplique à l’ex-Sarah Connor du diptyque Terminator est alors au sommet de sa gloire puisqu’il s’agit de Pierce Brosnan, qui vient tout juste d’enfiler le smoking de l’agent 007 dans Goldeneye. Toutes les conditions semblent réunies pour attirer le grand public dans les salles de cinéma. Ironiquement, le personnage de volcanologue qu’incarne ici Brosnan s’appelle Harry Dalton, portant donc le même nom de famille que l’acteur auquel il succéda dans le rôle de James Bond. Le Pic de Dante commence par une scène de trauma classique. Alors qu’il tente d’échapper à une éruption en Colombie, Dalton perd son épouse, frappée par un débris projeté sur le toit de leur véhicule. Quatre ans plus tard, il part enquêter sur l’activité sismique de la petite ville (imaginaire) de Dante’s Peak, dans l’état de Washington. Là, il fait la connaissance de Rachel Wando (Linda Hamilton), maire de la ville, à qui il fait bientôt les yeux doux. Mais l’heure n’est pas tout de suite à la romance, car le volcan endormi qui surplombe la tranquille bourgade est sur le point de se réveiller…

Les enjeux politiques et touristiques de la petite ville, mis en opposition à l’alerte d’une catastrophe imminente que beaucoup voudraient étouffer en jouant les autruches, évoquent bien sûr Les Dents de la mer. Il ne faut effrayer ni les habitants, ni les visiteurs, ni les investisseurs, même si la montagne gronde. Soignée, solide et efficace, la mise en scène du Pic de Dante démontre l’expérience et le métier de Roger Donaldson, à qui nous devons entre autres Le Bounty, Sens unique, Cocktail, Cadillac Man, Sables mortels, le remake de Guet-apens et La Mutante. Même dans les moments les plus anecdotiques, sa caméra sait être virtuose, accompagner avec élégance les humains et les véhicules tout en les inscrivant dans des décors naturels souvent très photogéniques. À l’unisson, la bande originale de James Newton Howard et John Frizzell (l’un composant le thème principal, l’autre les morceaux additionnels) accompagne efficacement les pérégrinations de nos héros et de la petite équipe de vulcanologues venus tâter le terrain…

La colère de la montagne

Mais le rythme est défaillant, le film s’attardant plus que de raison sur les petites chamailleries entre les scientifiques et sur l’idylle naissante entre Harry et Rachel, alors que le public réclame ce qu’on lui a promis : de l’action, du suspense et une catastrophe digne de ce nom. « Cette montagne est une bombe à retardement » ne cesse pourtant de nous annoncer Dalton. Les choses commencent enfin à s’agiter à mi-parcours du métrage, à grand renfort d’effets mécaniques, pyrotechniques, miniatures et numériques. Le cataclysme prend de l’ampleur et Donaldson le filme avec naturalisme. Mais bientôt s’invitent les séquences de suspense absurdes évacuant peu à peu tout réalisme (le gamin de 8 ans qui conduit le 4×4 de sa mère pour secourir sa grand-mère, la voiture des héros qui roule sous l’eau et saute au-dessus des arbres puis slalome dans la lave), coupant court à toute suspension d’incrédulité. Sans oublier l’inévitable séquence du chien qu’il faut sauver. « Soyons clair : c’est un film qui repose sur des faits authentiques, mais en réalité, face à un tel volcan, aucun des personnages n’aurait pu survivre », nous confesse le réalisateur. « Le héros, les enfants, le chien… Tous auraient péri ! Mais ce film n’est pas une réalité, ni un documentaire : c’est un divertissement. Et le spectateur qui sort de la salle a le sentiment de faire partie lui aussi des survivants. » (1) Il a aussi un peu le sentiment, avouons-le, qu’on l’a pris pour un imbécile. Le succès du Pic de Dante sera d’ailleurs tout relatif, les critiques lui réservant un accueil bien peu chaleureux.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en mars 1997

 

© Gilles Penso


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