GAPPA, LE DESCENDANT DE GODZILLA (1967)

Une expédition de scientifiques ramène d’une île sauvage un grand œuf préhistorique… provoquant la colère des parents dinosaures !

DAIKAIJU GAPPA

 

1967 – JAPON

 

Réalisé par Haruyasu Noguchi

 

Avec Tamio Kawaji, Yoko Yamamoto, Tatsuya Fuji, Koji Wada, Yuji Odaka

 

THEMA DINOSAURES

Produit par le studio Nikkatsu et réalisé par Haruyasu Noguchi, Daikaiju Gappa semble tant s’inspirer de la saga Godzilla que les distributeurs français n’hésitent pas à sortir le film sous le titre abusif de Gappa, le descendant de Godzilla. Les États-Unis optent de leur côté pour un énigmatique Gappa, the Triphibian Monster (qui saura nous dire ce qu’est un « monstre triphibien » ?) tandis que l’Allemagne n’y va pas par quatre chemins et convoque carrément Mary Shelley en osant Gappa, Frankenstein’s Fliegende Monster (autrement dit Gappa, le monstre volant de Frankenstein !). En réalité, le film s’inspire surtout de Gorgo d’Eugène Lourié, dont il reprend fidèlement la trame. Désireux d’inaugurer un parc garni d’animaux exotiques, le patron du magazine Playmate paie une équipe de scientifiques pour qu’ils lui ramènent des spécimens dignes d’intérêt. Pour bien nous faire comprendre que l’expédition est constituée de savants, le réalisateur les filme en train de regarder des tubes à essai et de remuer des pipettes. En partance vers les mers du sud, leur navire est soudain secoué par un séisme sous-marin. Les savants abordent bientôt une île volcanique sur le rivage de laquelle sont érigées de grandes statues de pierre évoquant une ancienne civilisation.s

La jungle semble abriter quelques créatures préhistoriques, ce que laisse supposer ce ptéranodon qui traverse brièvement les cieux. Comme dans King Kong, nos explorateurs entendent les tams-tams d’une cérémonie tribale et rencontrent les autochtones, une peuplade primitive qui adore le dieu Gappa – et qui parle couramment japonais, ce qui s’avère bien pratique pour communiquer. C’est alors qu’un grand tremblement de terre secoue l’île, provoquant l’effondrement d’une des statues géantes et révélant l’entrée d’une caverne où l’expédition trouve un œuf géant abritant un bébé dinosaure. « Gappa pas content ! » répète alors un enfant indigène à nos fiers explorateurs. Mais rien n’arrête la science, c’est bien connu. « Je veux l’utiliser pour une recherche sur l’évolution des reptiles » affirme donc le chef des scientifiques, avant de reprendre le cap pour Tokyo. Mais tandis que le navire regagne la civilisation, les deux parents du saurien préhistorique se déchainent, détruisant le village des indigènes avant de partir en direction de la capitale japonaise.

« Gappa pas content ! »

Au-delà du quasi-plagiat du film de Lourié, Gappa perd toute crédibilité au moment de révéler la morphologie de ses dinosaures, aux allures de tyrannosaures patauds affublés de becs de perroquets, d’yeux globuleux, d’ailes et d’une crête sur la tête. En gros, ils ressemblent vaguement à des variantes de Godzilla auxquelles auraient été ajoutés des attributs d’oiseaux. Tandis que l’expédition ramène le bébé Gappa en ville, à la grande joie du patron du magazine Playmate qui veut garder la découverte secrète pour pouvoir ménager un scoop, les parents en colère débarquent et mettent Tokyo à feu et à sang. Les séquences surréalistes abondent alors : des aéronefs à la Thunderbird qui survolent les monstres, des tanks qui les attaquent avant de finir fondus (car papa et maman Gappa crachent du feu), l’une des bêtes qui ramène un poulpe dans son bec, des avions de chasse qui les assaillent en pleine nuit… Il faut reconnaître l’admirable travail effectué sur les maquettes, supervisées par Akira Watanabe et garnies d’effets pyrotechniques réussis, ainsi qu’une poignée de décors plutôt inspirés, notamment la statue effondrée et la caverne enfumée abritant un lac intérieur très photogénique. L’amateur de kaijus en a donc raisonnablement pour son argent.

 

© Gilles Penso


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