Après le film mitigé mis en scène par Mark Steven Johnson en 2003, le justicier aveugle de Marvel crève enfin l’écran avec le panache qu’il mérite…
DAREDEVIL
2015/2018 – USA
Créée par Drew Goddard
Avec Charlie Cox, Deborah Ann Woll, Elden Henson, Vincent D’Onofrio, Rosario Dawson, Stephen Rider, Ayelet Zurer, Toby Leonard Moore, Vondie Curtis-Hall
THEMA SUPER-HÉROS I SAGA MARVEL
Aveugle depuis ses neuf ans à la suite d’un accident, Matt Murdock possède des sens qui bénéficient d’une acuité extraordinaire. Avocat le jour, il devient le super-héros Daredevil lorsque la nuit tombe, afin de lutter contre l’injustice à New York, plus particulièrement dans le quartier de Hell’s Kitchen, corrompu par la criminalité depuis sa reconstruction après l’attaque des Chitauris lors des événements du film Avengers. Conçue pour une diffusion sur la plateforme Netflix, la série Daredevil se veut donc une transposition fidèle du comic book original tel qu’il fut créé en 1964 par Stan Lee et Bill Everett mais aussi une nouvelle pierre au gigantesque édifice du Marvel Cinematic Universe. Les liens entre les films et la série sont certes ténus, mais de nombreux détails permettent de comprendre qu’ils se situent dans le même univers et pourraient un jour ou l’autre se croiser. Constituée de 13 épisodes, la première saison de Daredevil commence sa diffusion sur la célèbre plateforme de streaming le 10 avril 2015 et remporte immédiatement tous les suffrages. Scénariste de Seul sur Mars et de Cloverfield, réalisateur de La Cabane dans les bois, Drew Goddard est le créateur du show.
Une grande partie de la réussite de Daredevil repose sur son casting. Charlie Cox, vu au cinéma dans Une merveilleuse histoire du temps, campe avec beaucoup de crédibilité Matt Murdock, l’avocat aveugle aux sens extrêmement développés qui ne peut s’empêcher de lutter anonymement contre le crime, quitte à mettre régulièrement sa vie en danger. Face à lui, Vincent D’Onofrio (inoubliable dans Full Metal Jacket et acteur récurrent de la série New York section criminelle) campe un Wilson Fisk particulièrement impressionnant, tout en colère rentrée et en force destructrice qui ne demande qu’à se déchaîner. Le Caïd imaginé par Stan Lee et John Romita ne pouvait rêver meilleure incarnation. On apprécie aussi la présence délicieusement fragile de Deborah Ann Woll (True Blood) en Karen Page, celle plus légère (mais beaucoup plus complexe que celle d’un simple faire-valoir comique) d’Elden Henson (L’Effet papillon) en Foggy Nelson et le rôle clé tenu par Rosario Dawson (Boulevard de la mort), l’infirmière qui viendra bien souvent « raccommoder » notre héros après ses périlleuses pirouettes.
Le rouge et le noir
Ce casting de talent s’anime au sein d’une série à la mise en forme extrêmement soignée, qui séduit d’emblée par sa noirceur et son cadre urbain anxiogène dans lequel surgira bientôt un super-héros très réaliste. La photographie élégante, laissant la part belle aux teintes noires et rouges, évoque en permanence la violence qui suinte dans les rues de Hell’s Kitchen. La complexité des personnages (Murdock et Fisk ne se positionnent pas si facilement sur l’échiquier du bien et du mal) offre à la série une profondeur salutaire. Les qualités d’écriture de Daredevil s’assortissent d’une mise en scène élégante et sensible, jouant souvent sur les cadrages, la lumière et la profondeur de champ pour évoquer la cécité du personnage principal. Il faut aussi citer le remarquable travail effectué sur les chorégraphies des combats, tous plus crédibles et minutieux les uns que les autres (dont certains morceaux de bravoure mémorables, comme une longue lutte en plan-séquence au cours de laquelle notre héros semble sans cesse sur le point d’y passer). Cette adaptation adulte, sombre, violente et intelligente de l’univers Marvel est sans conteste l’une des meilleures relectures à l’écran des écrits de Stan Lee, tous supports confondus. Daredevil se déploiera sur trois saisons avant la série chorale The Defenders.
© Ciné Vor
Partagez cet article