Inspirée par le succès des Aventuriers de l’arche perdue, cette improbable aventure en relief met ses héros sur la trace d’artefacts surnaturels…
EL TRESORO DE LAS CUATRO CORONAS / TREASURE OF THE FOUR CROWNS
1983 – ITALIE / USA / ESPAGNE
Réalisé par Ferdinando Baldi
Avec Tony Anthony, Ana Obregon, Gene Quintano, Jerry Lazarus, Francisco Rabal, Emiliano Redondo, Francisco Villena, Lewis Gordon
THEMA EXOTISME FANTASTIQUE
En 1981, le film Western (Comin’ at Ya!) crée un petit événement au moment de sa sortie au cinéma dans la mesure où il ravive un procédé de projection alors tombé en désuétude : le relief. Le succès inattendu de ce western spaghetti hispano-américano-italien relance la vogue de la 3D qui se décline alors à toutes les sauces (de Meurtres en trois dimensions à Amityville 3 en passant par Les Dents de la mer 3). Le réalisateur Ferdinando Baldi, le scénariste Lloyd Battista, l’auteur/comédien Gene Quintano et le co-scénariste/ producteur/acteur Tony Anthony ne peuvent pas s’arrêter en si bon chemin. Les voilà donc repartis tous ensemble pour une nouvelle aventure cinématographique en relief, cette fois-ci largement inspirée par le succès des Aventuriers de l’arche perdue. Cerise sur le gâteau : la musique du film est composée par l’immense Ennio Morricone. Alléchant n’est-ce pas ? Pourtant, Le Trésor des quatre couronnes est un nanar de compétition dont les choix artistiques laissent particulièrement perplexe. Tout commence par un texte qui défile sur fond spatial, comme dans La Guerre des étoiles. « Dans l’univers, il y a des choses que l’homme ne peut espérer comprendre, des pouvoirs qu’il ne peut espérer posséder, qu’il ne peut espérer contrôler », y apprend-on. « Les quatre couronnes font partie de ces choses. » Nous voilà prévenus.
Tony Anthony débarque alors, dans le rôle de l’intrépide aventurier J.T. Striker. Alors qu’il pénètre dans l’enceinte d’un château médiéval, il se retrouve enfermé dans un sous-sol plein de pièges : des trappes, des lances, des grilles, un gros serpent, des chiens méchants, des rapaces et même un petit ptérodactyle qui lui cherche des noises ! Arrivé au bout de son parcours du combattant, notre explorateur peu scrupuleux fait exploser le couvercle d’un vieux tombeau et poursuit ses dégâts à coups de hache afin de récupérer une clé ayant appartenu à un chevalier du moyen-âge. Aussitôt, un squelette et une armure s’animent, des hurlements lugubres retentissent, des fumigènes se déversent partout, des arbalètes se mettent à flotter dans les airs et à le bombarder de flèches acérées. Puis ce sont des espèces de mugissements de vache qui résonnent tout autour de lui tandis que de nouveaux pièges se déploient : une poutre hérissée de pointes, des boules de feu… Bref c’est un véritable festival de tout et n’importe quoi. Les éclats de rire involontaires des spectateurs résonnent déjà face à cette séquence impensable. Et nous n’en sommes encore qu’au début du film.
Les aventuriers du nanar perdu
Dès ce prologue, Tony Anthony nous abasourdit par son absence spectaculaire de charisme, grimaçant hideusement pour nous signifier les efforts physiques qu’il déploie lors de ses exploits. Mais la plupart du temps, bien malin sera celui qui comprendra quels sentiments sont censés exprimer ses mimiques étranges. Le premier dialogue du film ne s’entend qu’à partir de 22 minutes de film, le temps pour le scénario de nous expliquer la mission de J.T. Striker. La clé qu’il a ramenée est en lien avec quatre couronnes d’or aux pouvoirs magiques fabriquées par les Wisigoths au 6ème siècle. Il doit maintenant rassembler un groupe de voleurs professionnels afin de retrouver les autres couronnes, jalousement gardées dans une forteresse par le gourou maléfique d’une secte illuminée. L’équipe de bras cassés réunie par Striker est constituée d’un ancien poivrot, d’un hercule de foire vieillissant et d’une trapéziste de cirque. Le film mixe alors l’influence d’Indiana Jones avec celle de la série Mission impossible. Le relief est un gadget pratique pour envoyer à la figure des spectateurs des éclats de verre, des flèches, des épées, des flammes, toutes sortes de projectiles, sans compter les innombrables plans où les acteurs pointent un objet vers la caméra. Quant au climax du film, il semble vouloir décupler celui des Aventuriers de l’arche perdue en partant dans tous les sens. Le héros voit donc sa tête tourner comme une toupie puis son visage se liquéfier et ses mains se transformer en lance-flammes tandis que tous les méchants partent en fumée et que la peau du super-vilain s’émiette au ralenti ! Après ce film, Gene Quintano écrira deux autres imitations d’Indiana Jones, Alan Quatermain et les mines du roi Salomon et Alan Quatermain et la cité de l’or perdu, trois épisodes de la saga Police Academy et la parodie Alarme fatale dont il signera également la mise en scène.
© Gilles Penso
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