Un classique du cinéma d’épouvante gothique italien des années 1960 avec Christopher Lee en domestique défiguré…
LA VERGINE DI NORIMBERGA
1963 – ITALIE
Réalisé par Antonio Margheriti
Avec Rossana Podesta, George Rivière, Christopher Lee, Jim Dolen, Anny Dehli Uberti, Luigi Severini, Mirko Valentin
THEMA SUPER-VILAINS
Fidèle en esprit à de nombreux films d’horreur gothiques des années 1960 influencés par Mario Bava et Roger Corman, La Vierge de Nuremberg privilégie la construction de son atmosphère à celle de son scénario, suivant en cela la trace d’un Riccardo Freda (L’Effroyable secret du docteur Hichcock et sa suite). La beauté des décors gothiques, l’admirable travail du chef opérateur Riccardo Pallottini et la photogénie de l’héroïne interprétée par Rossana Podesta l’emportent donc sur un récit à rebondissements qui s’embarrasse peu de cohérence mais permet le développement d’intéressantes scènes d’épouvante à l’ancienne. Adaptée d’un roman de Frank Bogart, l’intrigue se situe dans un vieux château, comme il se doit, que le scénario ne situe pas géographiquement, même si l’un des protagonistes évoque « les châteaux du Rhin ». Patrimoine familial de Max Hunter (Georges Rivière), il lui revient de droit, et l’homme vient donc s’y installer avec sa jeune épouse Mary (la belle Rossana). Le lieu est pour le moins sinistre, occupé qu’il est par des domestiques étranges, notamment le taciturne Erich au visage à moitié brûlé interprété par Christopher Lee en personne.
Et puis il y a cette chambre des tortures, jadis utilisée par le lointain ancêtre de Max, et aujourd’hui transformée en musée. Pièce maîtresse de l’exposition, la « Vierge de Nuremberg » est une statue creuse dont l’intérieur est hérissé de pointes acérées, où périssaient jadis d’infortunées victimes. Or un soir, Mary y découvre le cadavre ensanglanté d’une jeune femme. Terrifiée, elle se laisse convaincre par Max qu’il s’agit d’un simple cauchemar. Mais les visions de cet acabit se multiplient, et le tortionnaire apparaît sous les traits de l’ancêtre des Hunter, surnommé « Le Punisseur », dissimulé sous une capuche de bourreau médiéval. Il s’en prend à d’autres victimes féminines, notamment une malheureuse dont le visage est en partie dévoré par un rat…
« Le Punisseur »
Le film multiplie ainsi les séquences horrifiques, tout en jouant la carte du whodunit façon Cluedo. Qui donc est cet ange de la mort ? Max lui-même ? L’inquiétant Erich ? A moins qu’il ne s’agisse d’un fantôme vieux de 300 ans ? La clef du mystère est des plus excentriques. L’assassin n’est autre que le père de Max, torturé par les nazis pendant la guerre pour avoir participé à un attentat contre Hitler, et transformé en véritable squelette vivant. Chauve, malingre, le visage déformé par un hideux rictus, il a donc sombré dans la folie et perpétue impunément les méfaits de son ancêtre… Au-delà de ses indéniables qualités formelles et de son solide casting, La Vierge de Nuremberg se pare d’une étonnante partition de Riz Ortolani oscillant entre les effets d’épouvante traditionnels et un free jazz enjoué pour le moins déconcertant. Margheriti, lui, cumule les postes, ajoutant à son rôle de metteur en scène celui de co-scénariste et de concepteur des effets spéciaux. Petit détail surprenant : Bertrand Blier, qui faisait alors ses débuts de metteur en scène à l’occasion du documentaire Hitler connais pas, occupa sur La Vierge de Nuremberg le poste d’assistant-réalisateur.
© Gilles Penso
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