DANS LES GRIFFES DE LA MOMIE (1967)

Des archéologues découvrent le tombeau d’un prince égyptien dans une caverne et réveillent une terrible malédiction…

THE MUMMY’S SHROUD

 

1967 – GB

 

Réalisé par John Gilling

 

Avec André Morell, John Phillips, David Buck, Michael Ripper, Catherine Lacey, Eddie Powell, Maggie Kimberly, Tim Barrett

 

THEMA MOMIES

La Malédiction des pharaons et Les Maléfices de la momie ayant fait leur petit effet, la Hammer décide de tirer profit du filon avec cette troisième aventure, dernier film de la compagnie britannique à être tourné aux studios Bray. Dès le prologue – un flash-back situé dans l’Égypte antique – on sent bien que le budget a considérablement été revu à la baisse. Avec dix figurants en costume et un bout de décor en carton-pâte, nous découvrons l’histoire du jeune prince Kah To Bé, contraint de se réfugier avec son serviteur Prem (Dickie Owen, déjà momie dans le film précédent) dans le désert après l’assassinat de son père Men Ta par son propre frère Ar Men Ta. Sentant la mort venir, le prince déchu confie son sceau royal à son robuste serviteur… et nous voilà transportés au début des années 20. Financée par le riche industriel Stanley Preston et menée par Sil Basil Walden, une équipe d’archéologue cherche la sépulture du défunt prince. Les membres de l’expédition ne sont plus que quatre depuis que les porteurs les ont abandonnés, ce qui s’avère bien pratique d’un point de vue budgétaire. Parmi eux se trouve une dénommée Claire, qui semble avoir un certain don pour les prémonitions, n’hésitant pas à affirmer : « quand nous sortirons du désert commencera le vrai danger, et quelques-uns parmi nous vont en être victimes. »

Les archéologues découvrent enfin la caverne où repose le tombeau du prince, mais se heurtent à la désapprobation de Hasmid, descendant de Prem, qui surgit comme un diable et s’autoproclame gardien du tombeau. A leur retour au Caire, Walden tombe malade et se retrouve interné dans un hôpital psychiatrique. Après s’en être évadé, il est recueilli par une étrange voyante, Haiti. Complice d’Hasmid, elle récite les incantations et réveille la momie de Prem. Colossale et plutôt bien en chair, celle-ci est affublée d’un maquillage sommaire, genre cagoule blanche de catcheur mexicain, ce qui nuit beaucoup à sa crédibilité. Le design du masque s’inspire pourtant d’une vraie momie exposée au British Museum. Pour incarner le monstre, on fait appel à Eddie Powell, un cascadeur qui doubla souvent Christopher Lee, notamment dans la série des Dracula mais aussi dans La Malédiction des pharaons. La momie attaque d’abord Walden, lui écrasant la tête entre ses puissantes mains, puis regagne sagement son sarcophage. Sa prochaine victime est le photographe de l’expédition, qu’elle asperge d’acide avant d’incendier son labo photo. Quelque peu échaudé, Preston décide de quitter l’Égypte avec son attaché de presse. Mais son projet tourne court. Il finit étranglé sur un quai tandis que son assistant est défenestré sans ménagement…

« L’un fabrique des femmes, l’autre les détruit ! »

Visiblement conscient du manque de panache de sa momie, le réalisateur John Gilling prend le parti de déformer la première vision du monstre qu’ont ses victimes nocturnes : en reflet dans une boule de cristal, dans le bac de révélateur du photographe, ou encore sous forme d’une silhouette floue à travers les yeux d’un myope ayant brisé ses lunettes. L’affrontement final est lui-même un peu terne, la momie finissant vaincue par une formule sacrée prononcée à voix haute par la belle Maggie Kimberley. Elle se décompose alors via un trucage simple mais très efficace : ses mains effritent son visage qui révèle un crâne tombant lui-même en miettes. Écrit en cinq jours à peine par John Gilling et Anthony Hinds, Dans les griffes de la momie n’a qu’un seul véritable atout : le comédien John Phillips, savoureux en businessman odieux et imbu de lui-même qui dicte ses exploits et ses quatre volontés à son attaché de presse servile. Le film sort en double-programme avec Frankenstein créa la femme, le slogan des encarts publicitaires de l’époque n’y allant pas avec le dos de la cuiller : « Quel horrible duo ! L’un fabrique des femmes, l’autre les détruit ! », tandis que l’illustration de Tom Chantrell, reprise par Boris Grinson pour les affiches françaises, montre un visage couvert de bandelettes, le regard fou, empoignant dans sa main une jeune femme en maillot de bain ! Le gigantisme mensonger de la créature est accru par la présence d’un arbre et de figurants paniqués courant sur son crâne, comme s’il s’agissait d’une colline ! Déçu par ce film, qu’il considère comme l’une de ses pires réalisations, John Gilling se tourne ensuite vers le petit écran (Les Champions, Le Saint) puis prend sa retraite en Australie au milieu des années 70.

 

© Gilles Penso


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