Un énième sous-Conan le barbare qui déborde de maladresses, de combats répétitifs, de phénomènes surnaturels absurdes et de misogynie !
THOR IL CONQUISTATORE
1983 – ITALIE
Réalisé par Tonino Ricci
Avec Bruno Minniti, Maria Romano, Malisa Longo, Raf Baldassarre, Angelo Ragusa, Rosalba Ciofalo, Elena Wiedermann, Luigi Mezzanotte, Artemio Antonini
THEMA HEROIC-FANTASY
Contrairement à ce que pourrait faire croire son titre, Thor le guerrier n’a rien à voir avec la mythologie nordique mais s’inscrit dans un monde ancien et brutal indéterminé, à mi-chemin entre la préhistoire et le moyen-âge. L’objectif est ici d’imiter Conan le barbare en surfant sur son succès, exercice dans lequel le cinéma bis italien était devenu coutumier dans les années 80. Dès l’entame du film, nous comprenons à quoi nous attendre. Pendant qu’une sorte de symphonie épique retentit avec emphase, trois personnages en haillons trottinent lentement dans la campagne en plan large pendant plus de deux minutes, montre en main. Bref, on se croirait dans un film des Monty Pythons ! Assailli par une horde de barbares maquillés en blanc, un homme qui ressemble à Francis Lalanne en peaux de bête rend son dernier souffle tandis que le magicien Etna (Luigi Mezzanotte) sauve son nouveau-né. Quelques années plus tard, le bébé devient un grand jeune homme tout musclé, Thor (Bruno Minniti, empruntant à l’occasion le pseudonyme de Conrad Nichols), qui gambade torse nu et mange des poissons crus à pleines dents. Le dieu Teisha lui confie une mission : partir à la recherche de l’épée de son père et des semences dorées, ce qui lui permettra de venger la mort de ses parents, de détruire le maléfique Gnut (Raf Baldassarre) et de ramener la paix sur ses terres.
Le film est ponctué de scènes de combat répétitives et ennuyeuses où les belligérants se battent à coups d’épée, de lances, de hache ou de poings en éructant comme des gorets en rut. Riche en éléments fantastiques et en phénomènes surnaturels, Thor le guerrier nous offre en vrac un magicien capable de se transformer en chouette, une épée qui se mue en serpent, des pouvoirs télékinétiques, un guerrier difforme qui se téléporte et émet des ondes électromagnétiques, du venin de serpent aux pouvoirs magiques ou encore un cheval blanc qui surgit de nulle part pour servir de monture au héros. On retiendra notamment cette scène parfaitement absurde où Thor est assailli dans une caverne par des apparitions fantomatiques de masques de carnaval en caoutchouc et de squelettes en plastique qui sont censés le terroriser – et qui provoquent hélas des fous-rires irrépressibles chez les spectateurs.
Un homme, un vrai !
Primaire au-delà de toute mesure, le scénario de Tito Carpi ne cherche jamais à dissimuler sa misogynie. « Non Thor, elle n’est pas à manger », dit le sorcier/mentor au héros qui n’a jamais vu de femme sa vie et qui vient d’en ramener une dans sa grotte. « Tu dois manier cette chose avec un peu plus de douceur », reprend-il, « car elle est faite pour le plaisir. La femelle est une chose stupide, mais elle t’appartient désormais. Prends-là ! La femelle doit t’obéir et être à ton service, un point c’est tout. » S’ensuit une langoureuse scène d’amour où la captive tombe raide dingue du mâle musclé et s’offre à lui. Après la mort de celle-ci – qui le laisse tranquillement indifférent – Thor viole une guerrière dans la forêt et fait d’elle son esclave. Comme il est valeureux et athlétique, elle finit par s’éprendre de lui, devient sa servante servile et sa maîtresse énamourée. « C’est ainsi que Thor le conquérant connut l’amour » dit alors la voix off du mentor/narrateur. Ce qui n’empêche pas notre héros de coucher aussi avec la première vierge qui lui tombe sous la main, avec l’assentiment de sa compagne désormais enceinte ! Au second degré, Thor le guerrier est donc une comédie désopilante. Ce n’était évidemment pas son intention première, mais comment prendre au sérieux un tel nanar ?
© Gilles Penso
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