LA MARQUE DE LA MORT (1961)

Un étudiant en médecine découvre les recherches de son sinistre ancêtre, en quête du secret de la vie éternelle…

LA MARCA DEL MUERTO

 

1961 – MEXIQUE

 

Réalisé par Fernando Cortes

 

Avec Fernando Casanova, Sonia Furio, Rosa Maria Gallardo, Aurora Alvarado, Edmundo Espino, Pedro de Aguillon

 

THEMA MÉDECINE EN FOLIE

Petite perle du cinéma horrifique mexicain, La Marque de la mort commence à la fin du 19ème siècle, dans une atmosphère qui évoque à la fois Jack l’éventreur, Sherlock Holmes et Docteur Jekyll et Mister Hyde. A peine sortie d’une église, une jeune femme est suivie par le docteur Malthus, un homme étrange dont la cape et le haut de forme dessinent des ombres inquiétantes sur les murs de la ville pauvrement éclairée par les réverbères. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, Malthus chloroforme sa victime, l’emmène dans son laboratoire, enfonce une sonde dans sa poitrine et aspire son sang. Arrêté au beau milieu de son expérience par l’intervention de la police, il est condamné pour le meurtre de six femmes. Dès qu’il gagne sa cellule, le médecin vieillit brutalement, affirmant au curé venu le faire repentir que le but de ses recherches est rien moins que le secret de la vie éternelle. Après sa pendaison, une ellipse astucieuse nous transporte dans les années 60, par le biais d’une roue de charrette se transformant en essieu de voiture, tandis que la partition pesante de Gustavo Carrion prend soudain des tonalités jazzy.

Là, nous faisons connaissance de Rosa (Sonia Furio), qui attend avec impatience le retour de son fiancé Gonzalo (Fernando Casanova), après cinq années d’études de médecine en Europe. Lorsque le couple est réuni dans la somptueuse demeure familiale, tout semble aller pour le mieux… Mais bientôt, Gonzalo est hanté par l’inquiétant portrait de son ancêtre, qui n’est autre que le sinistre Malthus (une scène que reprendra fidèlement Roger Corman dans La Malédiction d’Arkham). Lorsqu’il découvre le compte-rendu des expériences de son aïeul et le passage secret menant à son laboratoire, Gonzalo est fasciné et décide de poursuivre ses travaux. Dès lors, il est comme guidé par une force extérieure, qui le pousse à pénétrer dans le caveau familial (un soir d’orage comme il se doit), à enlever le corps momifié du vieux Malthus et à le ramener dans le laboratoire. Sans vergogne, il kidnappe dans la foulée une jeune servante et transfère son sang dans le corps desséché.

Double face

Et le miracle opère : en quelques fondus enchaînés savamment distillés, le cadavre de Malthus rajeunit puis revient à la vie. Les deux personnages étant joués par le même comédien, la mise en scène recourt à diverses astuces pour les faire apparaître ensemble à l’écran (principalement des doublures maquillées et des caches contre-caches). Mais il faut surtout saluer la double interprétation de Fernando Casanova, aussi convaincant en savant fou et autoritaire qu’en médecin débutant rongé peu à peu par les remords. C’est d’ailleurs sur la confrontation entre Malthus et son descendant que reposent les meilleures séquences du film, tous deux n’étant finalement que les différentes facettes d’un même homme, à cheval entre sa passion dévorante de la science et son éthique (Jekyll et Frankenstein ne sont pas loin). Le final de La Marque de la mort s’inscrit d’ailleurs pleinement dans la mouvance des grands classiques du genre, puisque le récit s’achève sur un gigantesque bûcher purificateur.

 

© Gilles Penso


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