Un maquilleur psychopathe enduit des masques de monstres avec une crème qui transforme ceux qui les portent en tueurs sanguinaires…
HOW TO MAKE A MONSTER
1958 – USA
Réalisé par Herbert L. Strock
Avec Robert H. Harris, Gary Conway, Gary Clarke, Paul Brinegar, Robert Shayne, Morris Ankrum, Malcolm Atterbury, Dennis Cross
THEMA FRANKENSTEIN I LOUPS-GAROUS I CINÉMA ET TÉLÉVISION
Cette œuvre amusante initiée par le producteur Herman Cohen et le scénariste Aben Kandel recycle les héros de I Was a Teenage Werewolf et I Was a Teenage Frankenstein, deux succès assez importants au box-office de 1957, surtout si l’on tient compte de leur minuscule budget. Au lieu de mettre sérieusement en scène les deux monstres dans une sorte de « Teenage Werewolf Meets Teenage Frankenstein » suivant la trace du Frankenstein rencontre le loup-garou produit par Universal (ce que n’hésitera pas à réaliser l’amateur éclairé Don Glut l’année suivante), le film d’Herbert L. Strock s’amuse à montrer l’envers du décor. Pete Drummond (Robert H. Harris), un maquilleur spécialisé dans les films d’horreur qu’emploie l’American International Studio, est renvoyé par ses patrons ingrats après vingt-cinq ans de bons et loyaux services. Le studio préfère en effet arrêter de produire des films d’horreur au profit des comédies musicales. Pour assouvir sa vengeance, l’as des effets spéciaux fabrique une crème hypnotisante qu’il applique sur le visage de deux jeunes acteurs pour les besoins du dernier film sur lequel on l’engage. Puis il envoie ceux-ci, grimés en monstre de Frankenstein et en loup-garou, assassiner ses employeurs. Lorsqu’ils sortent de leur transe, les deux comédiens ont tout oublié.
Gary Conway reprend donc son rôle de juvénile Monstre de Frankenstein au maquillage grotesque, et Gary Clarke, moins convaincant et moins expressif que Michael Landon, remplace ce dernier sous les poils du loup-garou adolescent. Le postulat de départ est complètement dément, mais il reflète probablement une situation réelle à l’époque. Des répliques du genre « les spectateurs arrivent à saturation avec les films d’horreur et les monstres… maintenant, ils veulent de la musique, de jolies filles et de la distraction » ont probablement été prononcées par quelques exécutifs à la fin des années 50. Robert Harris est savoureux en émule de Jack Pierce basculant dans la folie du jour au lendemain, dès lors que son ère semble révolue, même si le dénouement nous laisse comprendre que la démence l’avait gagné bien plus tôt déjà.
Les horribles goules dans des couleurs flamboyantes !
Pour accélérer sa croisade vengeresse, il se maquille lui-même en monstre primitif pour se débarrasser d’un vigile devenu trop curieux, puis tue son propre assistant sur le point de le trahir. Finalement, il brûle dans son lugubre appartement, où tous les masques qui le décorent fondent, révélant des crânes humains qui ne sont pas sans nous rappeler ceux de L’Homme au masque de cire. Reprenant le gimmick de Teenage Frankenstein, les dernières minutes du film passent sans véritable raison du noir et blanc à la couleur, ce qui permit aux distributeurs d’annoncer fièrement – et abusivement – sur les affiches du film : « Contemplez les horribles goules dans des couleurs flamboyantes ! » En 2001, George Huang en réalisa un remake pour le petit écran, mais seul le titre How to Make a Monster fut conservé, l’intrigue n’ayant plus rien à voir avec celle du film de Strock pour se concentrer sur un monstre issu d’un programme informatique.
© Gilles Penso
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